Penser et agir pour l’entrepreneuriat en Afrique

Témoignages

Dans les articles “témoignages”, les auteurs reviennent sur leurs parcours et partagent leur expérience du quotidien. Toutes les parties prenantes de l’écosystème entrepreneurial en Afrique sont invitées à s’exprimer: les entrepreneur.e.s, mais aussi les incubateurs, investisseurs, acteurs du développement…

Le numérique pour relever le taux de réussite scolaire en Afrique

Octobre 2000 – Octobre 2018, déjà 18 ans que j’ai quitté le lycée dans lequel j’ai passé tout mon cycle secondaire de la 6ème à la Terminale: le lycée municipal…

Octobre 2000 – Octobre 2018, déjà 18 ans que j’ai quitté le lycée dans lequel j’ai passé tout mon cycle secondaire de la 6ème à la Terminale: le lycée municipal de la plus grande commune d’Abidjan, grande par sa superficie, son nombre d’habitants au m2 mais aussi et surtout grande par le nombre d’élèves comptés par classe, à cette époque: 80 en moyenne. Je le retrouvais en 2018 scindé en deux lycées pour une meilleure gestion du nombre pléthorique d’élèves dans les mêmes bâtiments vétustes datant de plus 30 ans.

Enthousiasme et nostalgie traduisent parfaitement les sentiments qui m’ont animée pour la présentation du projet qui m’y avait conduit, un projet de coeur d’une haute ambition : relever le taux de réussite aux examens de cet établissement qui oscille autour de 30%, finalement pas si loin de celui du taux national au Baccalauréat (40% en moyenne des 5 dernières années).

Je me nomme Christelle HIEN-KOUAME, ingénieure en marketing et communication, entrepreneuse depuis maintenant 9 ans dans le domaine de communication et du marketing et foncièrement passionnée par l’éducation offerte aux élèves dans mon pays et mon continent.

Contribuer à relever  le taux de réussite scolaire national, n’était-ce pas trop ambitieux comme objectif ?

Le saut dans le domaine éducatif est passionnant et engagé car il nous concerne tous depuis le niveau d’instruction du personnel de la maisonnée, jusqu’au rendu professionnel des collaborateurs en entreprise. Que l’on soit ou non un acteur de l’éducation, nous sommes tous impactés, mieux vaut alors y contribuer à sa manière et selon ses moyens.

Le projet prenezlesfeuilles.com

Le projet au départ était d’offrir aux élèves un recueil numérique de devoirs et d’examens tiré des meilleurs établissements de Côte d’Ivoire afin :

  • de préparer les élèves à exceller dans leurs devoirs et examens car on ne réinvente pas la roue, on l’adapte, la customise: les devoirs et examens de notre système éducatif sont définis par le programme scolaire. Chaque année, d’autres élèves s’y soumettent, les plus malins s’y préparent et les plus intelligents comprennent ce qu’il leur faut comme base pour affronter tous types de devoirs ou examens.
  • leur redonner confiance en eux quant à leur niveau car en réalité un enfant de 3ème d’un lycée coté de la capitale n’a pas le même niveau qu’un élève de même cycle d’un autre établissement d’une ville de l’intérieur du pays !

Mes deux objectifs primaires définis, je m’orientai vers le numérique pour offrir une solution accessible, fiable et innovante à tous ces élèves. Me voilà lancée sans le savoir dans la EDTECH avec les fonds de mon agence de Communication qui voyait s’empiler des devoirs de toutes les disciplines provenant des établissements qui n’avaient pas moins de 70% de taux de réussite aux examens.

Le bébé naît, est spolié dans un pays voisin, est donc rebaptisé un an plus tard sous www.prenezlesfeuilles.com, est officiellement présenté aux autorités (ministère de l’éducation nationale), est apprécié et autorisé à être présenté aux élèves dans tous les établissements du pays. Les affres et tumultes de sa conception lui ont donné plus de coffre, plus de résilience, plus d’objectifs à atteindre. Se limiter à mettre des devoirs et examens à la disposition d’élèves devenait restrictif. Il fallait proposer plus d’alternatives pour les inciter à faire réellement leurs devoirs, les challenger, les motiver à se surpasser quelque soient leurs séries ou disciplines choisies, faire mieux que nous les années précédentes.

Évolutions de la plateforme

Après une analyse profonde des facteurs de réussite, un facteur clé paraissait irréfutable (autre que l’environnement et la motivation) : les outils d’apprentissage.

Nous avons alors intégré à la plateforme trois ingrédients importants: la motivation par la récompense en leur offrant des cadeaux pour des quizz ou exercices effectués correctement dans un délai imparti, l’aide à l’orientation en parlant de métiers avec des parcours différents et enrichissant pour semer des graines de rêve conducteur et enfin des petites capsules de culture générale diffusées sur leur téléphone mobile par le canal WhatsApp.

En Août 2019 www.prenezlesfeuilles a été racheté par ENEZA EDUCATION, entreprise EDTECH, initiatrice d’un autre service éducatif innovant via le mobile qui offre des tutoriels de cours et des quiz via le canal SMS de n’importe quel téléphone mobile (EDU par sms au 98051 en CIV). Aujourd’hui alors, l’élève ivoirien a à sa portée les cours de tout son programme scolaire expliqué en mini tutoriels et des quizz lui permettant de vérifier ses connaissances. Le site prenezlesfeuilles l’aide à préparer les prochaines évaluations à partir de devoirs déjà réalisés dans les meilleurs établissements du territoire.

Le prochain challenge est de mieux faire connaitre cette solution auprès de tous les élèves et parents d’élèves sur toute l’étendue du territoire et de prouver son réel impact dans les résultats scolaires des abonnés.

Les challenges… j’adore les relever! Comme celui d’il y a 18 ans lorsque j’étais la seule fille d’une classe de terminale scientifique dans un lycée de la commune de Yopougon (commune populaire d’Abidjan capitale de la Cote d’ivoire) qui ne devait pas pâlir face au taux de réussite des « garçons » au Baccalauréat. Ou comme celui d’il y a 9 ans lorsque je démissionnais pour m’installer à mon propre compte comme jeune entrepreneuse dans le domaine de la communication et qui devait assumer son choix et tout ce que cela impliquait…. relever les challenges non par euphorie ou plaisir mais pour redonner une part de ce que nous avons reçu gracieusement de la famille, de l’Etat et de la société  … redonner pour être plus riche !

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Entreprendre pour des lendemains meilleurs en Guinée

Kouramoudou Magassouba nous parle de l’ONG Horizons d’Afrique, qui intervient en milieu scolaire et universitaire pour former la jeunesse guinéenne à l’entrepreneuriat social. 

Kouramoudou Magassouba nous parle de l’ONG Horizons d’Afrique, qui intervient en milieu scolaire et universitaire pour former la jeunesse guinéenne à l’entrepreneuriat social. 

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WeCashUp : une plateforme de paiement qui rassemble l’Afrique et le monde

L’Afrique d’aujourd’hui compte près de 1,2 Milliards d’habitants (soit près de 3 fois la taille de l’Union Européenne), 435 millions d’utilisateurs d’internet via le mobile[1] (soit plus de 5 fois…

L’Afrique d’aujourd’hui compte près de 1,2 Milliards d’habitants (soit près de 3 fois la taille de l’Union Européenne), 435 millions d’utilisateurs d’internet via le mobile[1] (soit plus de 5 fois le nombre d’utilisateurs d’Amazon.com aux Etats-Unis d’Amérique) et plus de 27% des entrepreneurs en Afrique Sub-Saharienne sont des femmes[2] (soit le taux le plus élevé au monde). L’Afrique est aussi le continent avec la plus jeune population au monde (41% de sa population a moins de 15 ans et 19% est âgée de 15 à 24 ans). [3] En 2100, un tiers de la population mondiale sera originaire d’Afrique subsaharienne. Le continent représentera alors 40% de la population active mondiale ce qui est une très grande opportunité pour le secteur du numérique en général et le secteur du commerce électronique en particulier.

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Matthieu Lougarre “Plus que la vanilline synthétique, c’est la législation sur l’étiquetage des produits qui est problématique”

ENTRETIEN. Matthieu Lougarre, Directeur général d’Agri Resources Madagascar croit en l’avenir de la vanille et en sa région d’origine, la SAVA. A condition que la qualité de la vanille malgache…

ENTRETIEN. Matthieu Lougarre, Directeur général d’Agri Resources Madagascar croit en l’avenir de la vanille et en sa région d’origine, la SAVA. A condition que la qualité de la vanille malgache soit reconnue et protégée.

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FLIPFLOPI, le premier bateau au monde 100% en plastique recyclé

Flipflopi est le premier bateau au monde 100% construit en plastique recyclé. Une initiative africaine qui œuvre à la sensibilisation des populations à la pollution plastique dans les océans et…

Flipflopi est le premier bateau au monde 100% construit en plastique recyclé. Une initiative africaine qui œuvre à la sensibilisation des populations à la pollution plastique dans les océans et les invite à repenser leur comportement de consommation de plastique à usage unique.

 

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L’entreprise MAÏA, ou comment adapter son idée aux réalités du terrain

Maïa Africa, nouvelle entité du projet Faso Soap, est une entreprise sociale burkinabé fondée et dirigée par un duo d’entrepreneurs franco-burkinabé. Après quatre années de Recherche & Développement, la société…

Maïa Africa, nouvelle entité du projet Faso Soap, est une entreprise sociale burkinabé fondée et dirigée par un duo d’entrepreneurs franco-burkinabé. Après quatre années de Recherche & Développement, la société met au point un savon innovant permettant d’éloigner les moustiques. L’objectif : sauver 100 000 vies du paludisme. Mais en 2017, malgré une reconnaissance internationale et une campagne de crowdfunding réussie[1], la trajectoire de développement de Maïa Africa a failli être arrêtée nette. A quelles difficultés les entrepreneurs se sont-ils confrontés ? Comment les ont-ils surmontées ? Petit exemple de l’abnégation nécessaire pour assurer la réussite de son projet entrepreneurial.

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Promouvoir l’entrepreneuriat féminin en Afrique : défis et vecteurs de changement

Poursuivons sur la thématique de l’entrepreneuriat africain féminin, avec trois témoignages éclairants de femmes grandement impliquées sur ces enjeux : Ninon Duval-Farré, directrice de l’incubateur Bond’Innov, Ambre Delpierre et Lucie Paret,…

Poursuivons sur la thématique de l’entrepreneuriat africain féminin, avec trois témoignages éclairants de femmes grandement impliquées sur ces enjeux : Ninon Duval-Farré, directrice de l’incubateur Bond’Innov, Ambre Delpierre et Lucie Paret, co-fondatrices de Sahelia, et Lamba Ka, chargée de l’accompagnement des entrepreneurs chez MakeSense West Africa.

 

Ninon Duval-Farré

© Bond’Innov

 

Ninon Duval-Farré est depuis 2011 directrice de l’incubateur Bond’Innov. Hébergé par le centre IRD France-Nord, Bond’Innov encourage tout particulièrement les projets qui s’adressent aux marchés du Sud et aux pays en développement. Elle était auparavant consultante indépendante dans le management de l’innovation (de 2004 à 2011), et a en particulier lancé et animé le programme Paris Mentor jusqu’à fin 2011. Elle a participé à la création et au développement de start-up avec Vegetal Fabric, nominé au grand prix de l’innovation de Paris en 2011, et alafolie.com, site ayant connu un beau succès.

“L’Afrique est le continent où il y a le plus de femmes entrepreneures… mais souvent plus par nécessité économique que par choix véritable. Les femmes sont souvent le maillon qui tend vers l’éducation, la santé de la famille etc. elles sont au cœur des questions de développement.”

Des défis spécifiques aux femmes entrepreneures, en Afrique comme ailleurs

“D’une certaine manière, les femmes entrepreneures en Afrique rencontrent les mêmes difficultés que l’on peut imaginer ailleurs dans leur parcours entrepreneurial, notamment en France. Sans aborder les aspects culturels ou religieux, on a tendance à moins développer leur leadership (comparativement aux hommes) et elles peuvent se montrer plus timides, avec des répercussions tangibles dans les activités (sous-estimation des besoins financiers alors que les hommes ont tendance à les surestimer, ce qui peut être à leur avantage). C’est un phénomène social mondial, où les femmes se mettent des freins.

Dans notre secteur, à savoir l’entrepreneuriat de type start-up innovantes, à ambitions, à forts potentiels, on remarque qu’il y a une façon plus timide d’aborder le business qui freine un peu les ambitions des entrepreneures. On remarque d’ailleurs qu’elles sont bien moins nombreuses que les hommes dans ce domaine.”

Comment changer les choses ?

Pour des structures de soutien comme les nôtres, il est important de développer des modules soft skills (leadership) et notamment les programmes de mentorat au féminin. Car c’est en voyant des femmes qui osent que l’on ose oser, cela désinhibe.

Je me réjouis aussi de voir qu’il y a de moins en moins de programmes ou d’accompagnements exclusifs au féminin mais qui intègrent pleinement la mixité. C’est très nouveau et ça va dans le bon sens.

 

Ambre Delpierre & Lucie Paret, Sahelia

© Sahelia

Après avoir fait le constat d’un écosystème détruit par une agriculture intensive, Ambre Delpierre et Lucie Paret fondent Sahelia pour soutenir les efforts de producteurs responsables et les aider à commercialiser leurs produits vers les marchés européens. L’entreprise est spécialisée dans le commerce éthique de fruits et plantes biologiques en provenance d’Afrique de l’Ouest. Toutes deux reviennent sur leur expérience, en tant que femmes entrepreneures et en tant que partenaires de nombreuses femmes africaines travaillant dans la production agricole.

“Dans l’ensemble il nous semble moins difficile pour une femme d’entreprendre en Afrique. En tout cas beaucoup de femmes entreprennent! Nous n’avons jamais eu l’impression d’être dévalorisées. Au contraire être une femme est parfois un avantage, notamment avec certains de nos clients, qui nous font facilement confiance sur le respect de nos valeurs et notre engagement éthique”

 “Les femmes africaines sont des vraies working girl dans l’âme ! Elles sont très volontaires, et gèrent absolument tout, de la maison au business. A nos yeux ce qui leur manque ce sont des outils et des bases utiles pour structurer leurs projets et donner de la valeur ajoutée à ce qu’elles font déjà. Elles sont peut-être plus durement impactées que les hommes par le manque d’accès aux financements, au conseil, et aux compétences appropriées”

“Ce qui manque aux femmes entrepreneures: des outils et des bases utiles pour structurer leurs projets et donner de la valeur ajoutée à ce qu’elles font déjà.”

 

Lamba Ka

© Le Monde Afrique

Communicante passionnée, Lamba Ka est spécialisée dans les domaines de la communication et de l’entrepreneuriat social. Elle est actuellement chef de projet, chargée de l’accompagnement des entrepreneurs chez MakeSense West Africa et et Chargée de projet AFIDBA au Sénégal. Jusqu’en 2014, elle travaille avec plusieurs agences de communication au Sénégal ainsi qu’au sein de certains médias en tant que journaliste. Très préoccupée par l’éradication de la corruption en Afrique, particulièrement au Sénégal, Lamba co-fonde en 2016 SENEGEL (Senegalese Next Generation of Leaders), une plate-forme ayant pour objectif de promouvoir la transparence et de lutter contre la corruption au Sénégal, et participe en janvier 2018 à une formation sur la lutte contre la corruption dans la région du Sahel dispensée par le bureau de l’UNITAR à Hiroshima. Lamba obtient en 2017 la bourse Mandela Washigton et étudie le business et l’entrepreneuriat à l’Université de Notre Dame durant 6 semaines.

“Les femmes sont connues comme étant beaucoup plus entreprenantes que les hommes en Afrique. Le Sénégal n’est pas en reste, loin de là, et compte plus de femmes entrepreneures que d’hommes.

Mais ces femmes entrepreneures font face à plusieurs défis, qui me semblent spécifiques :

Familial tout d’abord, car la balance entre vie professionnelle et vie de famille est difficile à trouver. Il est compliqué de gérer à la fois une famille et une entreprise, surtout avec la pression culturelle et sociale.

La formalisation est un second enjeu de taille. Beaucoup de femmes gèrent un business, mais informel la plupart du temps. La formalisation est pourtant essentielle pour accéder aux financements et changer d’échelle

Enfin il y a la gestion de la peur. Certaines femmes ont peur de se lancer face à une concurrence très rude… et le temps peut leur manquer pour concurrencer la concurrence !”

 

Comment changer les choses?

“Pour renforcer l’entrepreneuriat féminin, il faudra créer des incubateurs dédiés aux femmes et multiplier les podiums de partages entre femmes pour se renforcer mutuellement.”

 

Aller plus loin…

 

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Parcours d’entrepreneures africaines (1/2): Patricia Zoundi Yao et Catherine Krobo-Edusei

65 % de la richesse du continent africain est produite par les femmes entrepreneures d’après la dernière étude publiée par le cabinet de conseil Roland Berger fin septembre 2018. En…

65 % de la richesse du continent africain est produite par les femmes entrepreneures d’après la dernière étude publiée par le cabinet de conseil Roland Berger fin septembre 2018. En Afrique subsaharienne, les femmes produisent 80% des denrées alimentaires et représentent 70% de la force agricole du continent. 24 % des femmes africaines parmi les 312 millions de femmes de 18 à 64 ans que compte le continent ont créé une entreprise (contre 17% en Amérique latine, 12% en Amérique du Nord, et 8% en Europe et en Asie centrale).

En dépit de cette situation, les femmes africaines souffrent encore de nombreuses inégalités notamment en termes d’accès à l’emploi, de rémunération et de manière générale d’accès et de contrôle sur les ressources économiques. Quelle situation paradoxale… A l’occasion du 8 mars, Journée internationale des droits de la Femme, le blog Entreprenante Afrique vous propose 4 portraits de femmes africaines aux parcours inspirants ! Focus sur les parcours de Patricia Zoundi Yao, à la tête de plusieurs initiatives entrepreneuriales à fort impact dans le monde rural en Côte d’Ivoire et Catherine Krobo-Edusei, qui gère l’un des plus importants distributeurs de légumes et fruits frais au Ghana.

Retrouvez ici la partie 2, avec les parcours de deux entrepreneures sénégalaises →

 

Patricia Zoundi Yao

Quelques mots sur votre parcours ?

Je suis Patricia Zoundi Yao, entrepreneure dans l’âme comme j’aime le définir. Je suis à la tête de trois structures, dans des secteurs d’activités différents, mais ayant pour cible les personnes en bas de la pyramide. J’ai fondé en 2009 Quickcash, un service de transfert d’argent pour le monde rural. Nous sommes en train de se transformer en Agency Bank compte tenu de la concurrence sur le terrain et les besoins observés des populations. Cela nous permettrait de dématérialiser les services des banques classiques dans les villages ruraux. J’ai également créé Digital Hub, qui offre des services numériques à une clientèle jeune et connectée. Je travaille aussi depuis 2014 dans une structure du secteur agricole, Canaanland, qui permet d’encadrer les agricultrices (70%) et les jeunes (30%). Nous les formons à des techniques d’agriculture durable, à l’agriculture biologique, et nous les accompagnons dans la phase de commercialisation. Notre développement se fait sous forme de franchises car si on veut toucher le plus grand nombre, on ne peut pas procéder par acquisition. D’ici 3 ans, on compte lancer 5 franchises sur la Côte d’Ivoire et le Libéria, qui suivront trois principes clés : 0 déforestation, 0 pesticides et 100% inclusif. Les petits producteurs notamment sont systématiquement pris en compte dans notre chaîne de valeurs.

Pourquoi cet intérêt particulier pour le secteur rural ?

Je suis moi-même issue du monde rural. Mes parents sont agriculteurs, et j’ai travaillé très tôt dans le commerce de village géré par ma mère. Je n’ai connu Abidjan qu’après l’obtention de mon baccalauréat : c’était pour moi un environnement trop moderne où il était difficile de trouver ses marques. Dans mes activités entrepreneuriales, je me suis en fait naturellement tournée vers ce que je connaissais de mieux. Quand j’ai démarré mes activités, je ne connaissais pas le concept ‘’d’entrepreneuriat social’’. J’en ai entendu parler pour la première vois vers 2013-2014. Moi je faisais quelque chose qui me plaisait, un point un trait. J’ai baigné dans cet environnement, et puis je trouve que c’est dans ce milieu que les gens sont le plus sincères en fait : ils ne sont pas réservés, ils sont vrais. Tu vois l’effort, l’énergie qu’ils dégagent, même s’ils restent dans une extrême pauvreté.

Quelles difficultés avez-vous eu à faire face en tant que femme ?

Sincèrement je n’ai eu aucun problème lié à mon statut de femme. Pour moi, être une femme n’est pas un problème, c’est même un atout. Je considère que cela m’a donné des capacités et des qualités essentielles pour réussir dans l’entrepreneuriat : la persévérance, le fait que tu sois celle qui se lève un peu tôt, qui se couche un peu tard…

C’est vrai qu’il y a eu des difficultés à travers mon parcours, mais qui sont liées au business, pas au fait que je sois une femme. Encore une fois, je crois au contraire que cela m’a aidé. La femme est multitâche : elle s’occupe de la maison, des enfants. En fait elle arrive à faire plusieurs tâches en même temps et à bien les faire. C’est pour cela que les femmes rurales sont mes modèles : elles arrivent à faire le champ, s’occuper des enfants, de la cuisine, du ménage. Aussi il parait que les femmes sont plus passionnées que les hommes… Je ne sais pas si cela est toujours vrai, mais en tout cas moi je suis une personne passionnée ! Ce qui me motive, c’est d’offrir des opportunités aux femmes et aux jeunes, surtout dans les zones rurales, où il n’y a pas grand-chose qui se passe.  On a parfois l’impression que les modèles de réussites, c’est uniquement en milieu urbain.

Un conseil aux (futures) femmes entrepreneures ?

Mon conseil c’est de se lancer, car on ne sera jamais prêt. Il n’y a jamais de bon moment. Si on doit se lancer c’est maintenant car l’environnement est favorable. On ne sait pas dans 5 ans quelle sera la nouvelle orientation : il y a des formations, des offres de financements dédiées aux femmes. Et puis se focaliser sur les solutions et non les problèmes. Il faut voir les choses autrement et se donner le leadership qu’il faut et non pas se victimiser. Vous avez toutes les atouts nécessaires pour vous lancer et réussir !

 

 

Catherine Krobo Edusei

Catherine Krobo Edusei, 57 ans, dirige l’entreprise Eden Tree, l’un des principaux producteurs et distributeurs de légumes et fruits frais au Ghana.

Avez-vous eu des difficultés parce que vous êtes une femme ? Si oui, pouvez-vous nous donner quelques exemples ?

Il m’a été très difficile au début d’obtenir des financements auprès des banques et des fonds de capital-risque, et si j’avais été un homme, cela aurait été plus facile. J’ai également éprouvé des difficultés à travailler avec des hommes de certaines tribus en raison de leur vision de ce que devrait être la place d’une femme.

Qui sont vos modèles ? Pourquoi ?

Oprah Winfrey, Maya Angelou, Yaa Asantewaa, ou encore Hillary Clinton ont été et sont des femmes très fortes, qui n’ont pas eu peur de briser les règles. Il est vrai qu’une femme doit se battre deux fois plus qu’un homme. Les hommes ont la force du réseautage dans leurs différents clubs, alors que les femmes ne réussissent pas très bien pour le moment à réseauter et partager entre elles les opportunités.

Un conseil aux (futures) femmes entrepreneurs ?

Tout donner, se concentrer, travailler dur, croire en elles-mêmes… elles ne le regretteront pas.

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