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Énergie

Mesurer les impacts des projets d’électrification décentralisée (4/4). Caractérisation des impacts sur l’accès à l’électricité à partir des données de ménages

Pour Entreprenante Afrique nous présentons en quatre articles le projet Café Lumière à Madagascar et comparons les résultats de différentes méthodes d’évaluation alternatives réalisées à des coûts abordables pour évaluer…

Pour Entreprenante Afrique nous présentons en quatre articles le projet Café Lumière à Madagascar et comparons les résultats de différentes méthodes d’évaluation alternatives réalisées à des coûts abordables pour évaluer l’existence d’impacts positifs du projet sur les objectifs de développement. Dans ce quatrième et dernier article, nous explorons comme pour la partie « localités » de notre enquête, les impacts sur les ménages par comparaison des évolutions des variables d’intérêt dans les localités traitées et non traitées. Grâce au nombre de ménages qui ont été enquêtés dans chaque localité [1], nous pouvons évaluer la significativité statistique de nos conclusions, c’est-à-dire évaluer le risque que nos conclusions d’existence d’un impact soient erronées. Les variables d’intérêt étudiées sont celles que l’on peut considérer logiquement comme des résultats d’impacts potentiels du projet sur les ménages.

 

Accès à l’électricité

Sur l’échantillon de ménages enquêtés, 18% ont adopté une connexion au mini-réseau dans les localités équipées d’un Café Lumière. Les autres formes d’accès à l’électricité sont pour l’essentiel des panneaux solaires individuels fixes ou mobiles. Le taux d’accès à l’électricité, défini comme comprenant toutes les sources d’électricité possibles, est relativement similaire entre les deux groupes de localités en 2023 avec 46% des ménages ayant accès dans les localités avec Café lumière contre 43% dans les localités sans.

Il convient toutefois de noter que le taux d’accès à l’électricité était initialement plus élevé dans les localités qui ont par la suite été équipées de Café Lumière (37% contre 27%) et cette différence est significative. Il n’y a donc pas d’amélioration significative de l’accès à l’électricité d’un point de vue quantitatif, mais il y a un remplacement de panneaux solaires individuels par des connexions au mini-réseau. Cette seconde source est considérée comme qualitativement supérieure. Si l’on prend comme référence le cadre multi-niveaux (Multi Level Framework ou MTF) défini par la Banque mondiale, le premier type d’accès est considéré de niveau 1 contre un niveau 2 pour le branchement au mini-réseau. Ceci provient principalement de deux différences entre les deux types d’accès : puissance disponible plus élevée et intermittence plus faible. Ce constat est corroboré par des données sur l’utilisation d’appareils électriques.

 

Utilisation de matériels électriques

Afin d’analyser l’utilisation d’appareils électriques, nous calculons un indice qui est la somme d’appareils électriques utilisés par un ménage. Les appareils pris en compte sont les suivants : cuisinière, réfrigérateur, ventilateur, radio, télévision, magnétoscope, lecteur dvd, ordinateur, tablette, téléphone fixe, téléphone mobile. Ainsi un ménage propriétaire d’un ventilateur et d’une radio aurait alors un score de 2, et un ménage disposant de tous les biens mentionnés aurait un score de 11.

Nous constatons lors de la deuxième vague d’enquêtes que les ménages vivant dans les localités avec Café Lumière utilisent plus d’appareils électriques que ceux vivant dans les localités sans Café Lumière. Les ménages vivant dans les localités avec Café Lumière ont en moyenne 1,7 appareils électriques contre seulement 1,5 dans les autres localités. Bien que cette différence puisse paraître faible, elle est statistiquement significative au seuil de 1%.

L’utilisation de plus d’appareils électriques dans les localités traitées est clairement due à l’amélioration de la qualité de l’accès à l’électricité pour les 18% de ménages disposant désormais d’une connexion au mini-réseau.

Pour corroborer cette conclusion, nous construisons un deuxième indice d’usage d’appareils électriques, ne prenant en compte que les appareils nécessitant une puissance relativement importante pour fonctionner, généralement indisponible quand l’accès à l’électricité est au niveau 1 du MTF. Cet indice est composé des appareils suivants : cuisinière, réfrigérateur, ventilateur, télévision, magnétoscope, lecteur dvd et ordinateur.

Sur ce nouvel indice nous trouvons un impact positif très significatif des Cafés Lumière. En effet, les ménages n’utilisent en moyenne que 0.20 appareils électriques de puissance importante  en 2023 dans les localités sans Café Lumière, là où ils en utilisent 0.37 dans les localités avec Café Lumière (ce chiffre monte même jusqu’à  1.20 pour les ménages utilisant le mini-réseau alors qu’il n’y avait pas de différence significative en 2017/2018).

 

Richesse des ménages

Afin d’évaluer un éventuel impact des Cafés Lumière sur le niveau de richesse des ménages nous construisons une série d’indices synthétiques basés sur des variables reflétant les possessions matérielles des ménages. Il convient de préciser que cet indice représente donc un stock d’actifs, et non pas un flux tel que le revenu mensuel ou annuel du ménage. Nous procédons par une Analyse des Correspondances Multiples (ACM), qui est une méthode d’analyse des données permettant de synthétiser l’information de multiples variables qualitatives selon quelques axes complémentaires. L’axe contenant le plus d’informations est généralement considéré comme représentatif de la richesse des ménages. Les possessions des ménages utilisées pour calculer cet indice de richesse synthétique prennent en compte des éléments liés à la qualité du logement comme pouvant être mesuré par les matériaux utilisés pour le sol, les murs ou le toit, le nombre de pièces et d’étages, etc.,  mais aussi des équipements électriques (cf. liste ci-dessus) et l’ensemble des biens possédés par le ménage tels qu’un vélo, un cyclomoteur, une voiture, une montre, etc. Chaque ménage dispose alors d’un score représentant son niveau de richesse. Cet indice a une moyenne de 0, et va d’un minimum de -2.17 pour le ménage le plus pauvre à un maximum de 5.22 pour le ménage le plus riche.

Lorsque nous analysons la différence des scores en 2023 entre les localités équipées de Café Lumière et les localités non-équipées, nous constatons que l’indice de richesse moyen des ménages vivant dans une localité avec Café Lumière est plus élevé, et cela de manière quasiment significative. Comme illustré dans la figure 1, la moyenne de l’indice de richesse pour les localités avec Café Lumière est de 0.19 contre seulement 0.03 pour les localités n’ayant pas reçu de Café Lumière. L’absence d’écart en 2017/2018 renforce la robustesse de cette conclusion. À noter que lorsque nous calculons l’indice de richesse sans prendre en compte la possession d’appareils électriques, ce que nous pourrions appeler « indice de richesse non énergétique », nous ne trouvons aucun impact des Cafés Lumière. Ceci nous amène à conclure que si les Cafés Lumière ont eu un impact positif sur l’accès à l’électricité et sur son usage par les ménages, cette amélioration de leurs conditions de vie matérielles ne s’est, à ce stade, pas diffusée plus largement.

 

Données socio-économiques

Au-delà des objectifs d’amélioration globale de la situation énergétique et économique dans les localités traitées, le projet Café Lumière a pour principal objectif de contribuer à des progrès socio-économiques. En ce qui concerne la pauvreté économique, nous constatons une petite amélioration de la distribution de l’indice de richesse au bénéfice des 20% les plus pauvres mais celle-ci n’est pas imputable directement à l’introduction du Café Lumière.

Si nous regardons du côté de l’accès à la santé et à l’éducation qui sont les domaines les plus étudiés dans des travaux d’évaluations similaires, nous constatons quelques preuves d’impact dans le premier domaine mais pas dans le second. Ceci est cohérent avec le volet “localités” de notre enquête, qui a montré de nombreuses connexions de centre de santé aux mini-réseaux mais proportionnellement de moins d’établissements scolaires.

Enfin nous avons étudié les effets du projet sur l’incertitude associée aux vols de bétail, de récoltes ou d’autres biens que subissent les ménages dans les régions rurales à Madagascar. Il est souvent avancé que l’introduction de l’éclairage public la nuit peut contribuer à améliorer cette situation, mais ceci n’est pas clairement prouvé à ce stade.

Concernant les questions de santé, si nous comparons les déclarations de symptômes, tels que des problèmes de voies respiratoires (toux/rhume, etc.), de diarrhées, fièvres, maux de têtes et des problèmes aux yeux ou des brûlures, nous constatons qu’il n’y a pas de différence significative entre les deux groupes de localités en 2023. Cependant il est intéressant de noter que lors de la première vague d’enquête, c’est-à-dire avant l’installation des Cafés Lumière, les symptômes étaient bien plus importants dans les localités qui ont reçu des Cafés Lumière et ceux-ci ont connu une baisse importante de la prévalence de symptômes entre les deux vagues, qui pourrait être interprétée comme une conséquence du projet Café Lumière.

Zoom sur les accouchements : nous constatons que les accouchements ayant lieu dans un environnement éclairé grâce à l’électricité est devenue quasi systématique dans les localités disposant d’un Café Lumière. En effet, pour les femmes vivant dans une localité avec Café Lumière, 78% d’entre elles accouchent dans des installations bénéficiant de l’éclairage électrique contre seulement 40% dans les autres localités. Cette différence de moyenne est statistiquement très significative.

Conclusions

Cette quatrième et dernière étape de notre série d’articles sur l’évaluation à date des impacts du projet Café Lumière à Madagascar a permis d’étudier les bénéfices retirés par la population des localités concernées en termes d’accès à l’électricité, et de niveau de vie ainsi que de ses impacts sur le développement socio-économique.

Avant  la mise en œuvre du projet, les localités étudiées n’étaient pas caractérisées par une pauvreté énergétique absolue qui peut être définie par l’absence d’accès à toute source d’électricité. En moyenne en 2017-2018 un tiers des ménages avaient déjà accès à l’électricité via des panneaux solaires autonomes. L’impact énergétique le plus visible du projet sur les ménages est que 18% des ménages dans les localités équipées bénéficient désormais d’une connexion au mini-réseau. Pour ces ménages, cet impact énergétique est important, car il se traduit par l’utilisation d’appareils électriques plus nombreux et de plus forte puissance. Dans notre précédent article de ce blog nous avions d’ailleurs montré qu’une partie des ménages abonnés utilisaient leur abonnement à la fois pour leurs propres besoins en tant que consommateurs mais aussi pour des activités génératrices de revenus.

Nous avons constaté que dans les localités équipées, l’indice de richesse des ménages a augmenté mais seulement si l’on tient compte de la possession d’appareils électriques. L’enrichissement des ménages par l’arrivée du mini-réseau ne semble donc pas pour l’instant avoir créé de transformation économique au-delà de l’acquisition par les ménages connectés de quelques appareils électriques requérant le passage à une puissance plus forte et une intermittence plus faible apportée par le mini-réseau. Des efforts restent à fournir pour les ménages les plus pauvres car même s’ils bénéficient de l’amélioration des services publics et des services de la boutique ne peuvent à date pas enclencher un véritable développement économique. Ce constat fait échos au fait que nous avions montré dans notre précédent article que pour l’instant  l’impact sur les activités génératrices de revenu s’était limité au passage à l’alimentation électrique de leurs outils de production par le mini-réseau.

Dans les domaines sociaux, l’arrivée des mini-réseaux a eu des impacts positifs sur la santé. La situation s’est particulièrement améliorée du fait de la connexion des centres de santé primaire (csb2) aux mini-réseaux. L’amélioration de la santé publique a aussi bénéficié d’une synergie avec d’autres programmes nationaux et internationaux en collaboration avec la Banque Mondiale et UNICEF notamment pour les campagnes de vaccination.

Les impacts observés à ce jour paraissent limités mais il faut relativiser ce constat par le fait que l’on ne voit pour l’instant que des impacts à court terme. Ainsi, si toutes les localités équipées atteignaient les mêmes résultats que la localité la plus performante en termes de connexions de ménages, Talata Dondona (36%), on atteindrait le double de connexions des ménages. Par ailleurs, les transformations économiques pouvant être stimulées par les impacts purement énergétiques sont nécessairement longues à obtenir. Il en va de même des progrès socio-économiques pouvant requérir, comme dans le cas de la santé, des politiques publiques complémentaires.

[1]  599 ménages ont été interrogés lors de la première vague (2017/2018) et 595 lors de la deuxième vague (2023). 133 ménages de la première vague n’ont pas été retrouvés lors de la seconde. Ils ont été remplacés par 129 nouveaux ménages. Au total, 466 ménages ont été enquêtés au cours des deux vagues.

 

Dans la même série “Mesurer l’impact des projets d’électrification décentralisée”, découvrez les articles suivants : Les Cafés Lumière de Madagascar (1/4), Utilisation de la télédétection: premiers résultats sur l’impact des Cafés Lumière (2/4), Caractérisation des impacts sur l’accès à l’électricité à partir des données de localité (3/4).

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Mesurer les impacts des projets d’électrification décentralisée (3/4). Caractérisation des impacts sur l’accès à l’électricité à partir des données de localité

Pour Entreprenante Afrique nous présentons en quatre articles le projet Cafés Lumière à Madagascar et comparons les résultats de différentes méthodes d’évaluation alternatives réalisée à des coûts abordables pour évaluer…

Pour Entreprenante Afrique nous présentons en quatre articles le projet Cafés Lumière à Madagascar et comparons les résultats de différentes méthodes d’évaluation alternatives réalisée à des coûts abordables pour évaluer l’existence d’impacts positifs du projet sur les objectifs de développement. Dans ce  troisième volet, nous mobilisons les rapports d’activité de l’opérateur Anka qui fournissent, pour chaque localité équipée, des séries mensuelles de consommation d’électricité par grands types d’usage et les données associées sur le nombre de clients, que nous complétons avec les premiers résultats de l’enquête socioéconomique menée en 2017/18 et 2023,  dans son volet enquête de localité.  Ces données, permettant en partie des comparaisons avec les localités témoins (non équipées) permettent aussi d’identifier les principaux canaux de transmission de l’accès à l’électricité  sur les objectifs de développement durable . Cette analyse sera complétée dans la quatrième livraison de ce blog par le traitement du volet ménages de l’enquête, dans lequel les réponses de 50 ménages par localité permettront d’affiner le diagnostic en considérant les effets aval de l’électrification sur le bien-être des ménages.

 

Performances d’ensemble de la production d’électricité

Nous avons montré précédemment que le projet Cafés Lumière a eu un impact positif sur l’accès à l’électricité dans les localités concernées. Cet impact peut être variable d’une localité à l’autre. Une illustration de l’impact des Cafés Lumière sur la mise à disposition d’électricité par le mini-réseau est fournie par la Figure 2, qui compare la consommation électrique totale annuelle en 2022 au potentiel de production des panneaux solaires (convertie en MWh annuels).

Figure 1 : production potentielle d’électricité et consommation totale d’électricité par localité en 2022

Figure 1 : production potentielle d’électricité et Consommation totale d’électricité par localité en 2022

La Figure 1 montre que plus l’installation dispose d’une puissance élevée et plus la quantité d’électricité consommée hors éclairage public est élevée. Cette relation n’indique cependant pas nécessairement une relation causale car la puissance des installations a été établie en fonction de la population à électrifier.  La relative faiblesse des ratios entre consommation journalière et production potentielle  correspond au fait que la courbe de charge journalière est très loin d’être plate. De fait, dans l’enquête localité de 2023 il est souvent rapporté que le mini-réseau sature déjà sa capacité en période de pointe ce qui constitue une contrainte forte pour les quelques abonnés en triphasé.

Les installations à Ambatonikolahy et Amparaky semblent produire en dessous de leur potentiel, ce qui peut être dû à un faible nombre d’abonnés ménages, les plus gros consommateurs étant, comme ailleurs, contraints par la capacité. À Ambohimalaza, la production photovoltaïque insuffisante  en période de pointe (utilisation de la décortiqueuse) est  compensée par la mobilisation du générateur diesel de secours. Un examen plus approfondi des rapports d’activité d’Anka va nous permettre de préciser ces commentaires, tout comme il sera l’occasion de comparer les progrès obtenus dans les principales catégories de consommation.

 

Consommation des ménages

Les ménages ont initialement bénéficié de l’activité des Cafés Lumière par la création des boutiques. Ces boutiques, fonctionnant sur le mode d’un kiosque énergétique ont le mérite de s’adresser aux personnes qui n’ont pas les moyens de payer un abonnement au mini-réseau. Les recettes des boutiques semblent indiquer que de nombreux ménages ont été au départ clients de la boutique, puis se sont abonnés au mini-réseau.  Même si le rôle des boutiques a été essentiel au début, l’effet quantitatif  principal du projet passe maintenant par ce dernier canal.

Figure 2 : Évolution du nombre de ménages abonnés

La Figure 2 présente l’évolution du nombre de ménages abonnés. Celle-ci est dynamique, mais avec une grande diversité de situations. En dehors des Cafés Lumière de Ambatonikolahy, Ambohimalaza et Amparaky, on constate une croissance de l’usage d’électricité par les ménages assez forte, mais cette croissance est extensive plutôt qu’intensive (pas de dynamique notable de la consommation par abonné, de l’ordre de 5kWh par mois). Pour atteindre de véritables effets économiques, il faut parvenir à une intensification des usages électriques par les ménages qui ajouteraient à l’éclairage domestique des consommations pouvant créer des revenus. Des informations complémentaires fournies par Anka sur la structure de la consommation d’électricité en 2023 vont nous permettre d’observer dans la section suivante le démarrage de cette dynamique.

 

Consommation des activités génératrices de revenus

L’autre source principale d’impacts économiques est bien sûr le développement des activités génératrices de revenus (AGRs) dont la création ou la modernisation dépend de l’usage de l’électricité. De ce point de vue, les résultats semblent mitigés. A ce jour, il n’y a que très peu d’AGRs mentionnés dans les rapports d’activité d’Anka : au maximum 4 à Antanamalaza. Par ailleurs, la plupart de ces activités ont des consommations d’électricité modestes, les seules exceptions étant les décortiqueuses et broyeurs, liés à l’activité agricole à Ambatonikolahy, Ambohimalaza, Antsampandrano et Amparaky. Les autres activités sont diversifiées, elles concernent des activités de bar, menuiserie, coiffure, pâtisserie, peinture automobile, poissonnerie, jeux vidéo.

Sauf exceptions, le développement des AGRs est nécessairement lent à se produire, et  des données complémentaires fournies par Anka sur la situation actuelle début 2023 indiquent un réel potentiel d’évolution. En effet Anka a constaté qu’un certain nombre de ménages utilisent déjà leur abonnement pour faire fonctionner des appareils électriques permettant  des activités productives sans avoir d’abonnement en tant qu’entrepreneurs.  Il y aurait ainsi à mi-2023, 32 utilisateurs d’électricité produite par le mini-réseau à des fins de production de services, dont seulement 12 AGRs déclarées en tant que telles. Les 20 producteurs comptés dans les ménages (représentant 5% du total des ménages abonnés) ont des activités variées, telles que bars, épiceries-bars, gargotes, vente de jus de fruit, recharges de téléphones, multiservices, soudure. Ces activités se retrouvent dans toutes les localités et leur diversité atteste d’un certain dynamisme. Il faut noter de plus que les gargotes et boutiques, identifiées dans le volet localité de notre enquête socio-économique, en moyenne au nombre de 5 par localité,  ne sont que partiellement mentionnées comme producteurs de services  par Anka.

On ne peut pas séparer la consommation des ménages producteurs de services de la consommation totale des ménages mais on peut en avoir une approximation en utilisant les données sur les consommations des AGRs déclarées comme telles. Cette consommation estimée est sensiblement supérieure, de l’ordre de 40%, à celle des autres ménages abonnés. Le développement de ces activités pourrait par la suite accroitre la demande d’électricité  destinée à des usages productifs et donc les impacts économiques des Cafés Lumière.

Les données du volet localité de l’enquête socio-économique permettent une interprétation plus précise de ces données de consommation.  Il n’y a pas de forte augmentation du nombre des activités de production de services, et pas plus dans les localités électrifiées par le mini-réseau que dans les localités témoins. En revanche, alors que ces activités fonctionnaient auparavant, et fonctionnent toujours dans les localités témoins, avec des générateurs diesels et des panneaux solaires individuels, elles se sont quasiment toutes converties à l’électricité apportée par le mini-réseau dans les localités équipées. Cela constitue une source de progrès pour ces dernières, de même que, pour toutes les activités converties du diesel au mini-réseau solaire (en moyenne plus de 6 par localité), une source de contribution à la préservation de l’environnement.

 

Services collectifs

La dernière catégorie de consommation d’électricité recensée par Anka est celle des services collectifs. Elle représente une part minoritaire de l’électricité consommée sur le mini-réseau en 2022. Elle peut néanmoins engendrer des impacts non-négligeables sur la réalisation des objectifs du développement durable : santé (ODD3), éducation (ODD4), Paix, justice et institutions efficaces (ODD16).

L’objectif santé fait l’objet d’une assez grande attention, avec tous les centres de santé de base (csb2) des localités électrifiées  (5 csb2 dans 6 localités alimentés par le mini-réseau, et une consommation moyenne mensuelle de 23 kWh par csb2. Par comparaison, la moitié était électrifiée (par des panneaux solaires) en 2017. Tous ces centres de santé bénéficient maintenant de l’éclairage et de réfrigération, mais l’utilisation de l’électricité pour faire fonctionner des appareils médicaux est  encore rare. La situation est très différente dans les localités témoins où seulement la moitié des centres de santé ont accès à de l’électricité en 2023, produite par des panneaux solaires.

L’éducation est également concernée, mais avec des ambitions plus réduites. A partir d’une situation où aucune école n’était électrifiée en 2017, la moitié des écoles dans les localités équipées sont électrifiées mais avec une consommation faible (1,8 kWh par mois par école électrifiée). Par comparaison aucune école ne dispose d’électricité dans les autres localités.

Les activités collectives associées à l’ODD16, 8 structures administratives et 10 églises, consomment en moyenne en 2022 8 kWh par mois et par structure dans les localités électrifiées.  Dans ces localités, environ la moitié des mairies et des gendarmeries est électrifiée dans les localités  équipées d’un mini-réseau. Les églises y sont, quant à elles toutes électrifiées.

Par ailleurs l’éclairage public peut aussi avoir des impacts sur l’ODD16, en rapport avec la sécurité. Toutes les localités électrifiées par les Cafés lumière ont investi dans l’éclairage public, mais pas de manière prioritaire, son branchement sur le mini-réseau ayant été parfois retardé. Son amplitude nocturne est réduite en dehors d’Ambatonikolahy et de Talata Dondona. Par ailleurs la mairie d’Amparaky y a renoncé en 2022 en raison de coûts jugés trop élevés (cette situation étant évolutive en 2023).  Au total, en 2022, les localités électrifiées n’ont consommé que 12 kWh par mois pour l’éclairage public, soit moins que pour les  structures administratives ou les églises.

L’éclairage public disponible n’est pas significativement différent dans les localités avec mini-réseau que dans les localités témoins, avec en moyenne de l’ordre de 5 lampadaires par localité. Le mini-réseau alimente 2/3 des lampadaires dans les localités concernées. Cela ne semble pas améliorer la situation sécuritaire. Les deux localités avec mini-réseau assurant un éclairage nocturne prolongé ne font pas état de moins de problèmes de sécurité. Les principaux problèmes sont associés au vol de récoltes et il semble que le principal facteur d’amélioration de la sécurité soit l’activité de la gendarmerie.

 

Dans la même série “Mesurer l’impact des projets d’électrification décentralisée”, découvrez aussi les articles suivants : Les Cafés Lumière de Madagascar (1/4), Utilisation de la télédétection: premiers résultats sur l’impact des Cafés Lumière (2/4), Caractérisation des impacts sur l’accès à l’électricité à partir des données de ménages (4/4).

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Mesurer l’impact des projets d’électrification décentralisée (2/4). Utilisation de la télédétection : premiers résultats sur l’impact des Cafés Lumière

Les évaluations courantes des projets d’électrification décentralisée ne permettent en général pas de prouver leurs impacts, et pour ce faire il faudrait mener des travaux couteux et longs à réaliser…

Les évaluations courantes des projets d’électrification décentralisée ne permettent en général pas de prouver leurs impacts, et pour ce faire il faudrait mener des travaux couteux et longs à réaliser car nécessitant des informations nombreuses et détaillées non seulement dans les localités équipées mais aussi dans des localités témoins. Pourtant des preuves d’impacts sont essentielles pour aider à la prise de décision des décideurs publics, nationaux mais aussi parfois internationaux, pour un passage à l’échelle de ces solutions.

Pour Entreprenante Afrique nous présentons en quatre articles les Cafés Lumière à Madagascar d’Electriciens sans frontières et comparons les résultats de différentes méthodes d’évaluation alternatives réalisées à des coûts abordables pour tester et évaluer l’existence d’impacts positifs du projet sur les objectifs de développement durable.  Dans ce deuxième volet, nous explorons la possibilité de tester la présence d’impacts à partir de données de télédétection, en général peu couteuses à mobiliser.

 

Contribution de la télédétection aux analyses d’impact

La télédétection repose sur l’imagerie satellitaire disponible à des degrés de granularité très fins sur la quasi-totalité du globe et accessible presque en temps réel et à faible coût pour un certain nombre de phénomènes terrestres mesurables et signifiants pour étudier les activités humaines. En ce qui concerne l’impact des projets d’électrification, la mesure par imagerie satellitaire de la luminosité nocturne peut être utilisée pour des études d’impact, dès lors que l’on a acquis une bonne expérience de l’interprétation de ces données. Il a été montré de manière répétée que l’augmentation de la luminosité nocturne est un bon corrélat des progrès de l’électrification au cours du temps, y compris à des niveaux fins de granularité (voir Berthélemy, 2022, dans The Conversation). Il est même considéré que l’augmentation de la luminosité nocturne est un reflet de la croissance de l’activité économique (Hu and Yao (2022).

Toutefois, les détracteurs de cette nouvelle approche utilisant l’observation de phénomènes naturels corrélés partiellement aux conséquences des activités humaines présente un risque de biais d’évaluation. Dans notre cas, la luminosité nocturne, par définition, mesure la lumière produite la nuit par de l’éclairage, notamment l’éclairage public, mais n’a pas de rapport direct avec la consommation totale d’électricité dont elle représente généralement une faible fraction, et encore moins avec ses effets sur le développement socio-économique.  Si l’éclairage public pourrait avoir un impact sur la sécurité, et donc aussi sur l’activité économique, il ne saurait refléter qu’une fraction des conséquences de l’électrification sur les activités humaines.

 

Application : les mini-réseaux des Cafés Lumière ont un impact significatif à partir de 2021

La luminosité nocturne permet une détection d’impacts de l’électrification pratiquement en temps réel. Pour illustrer ce propos nous avons calculé la luminosité nocturne moyenne annuelle pour les 6 localités équipées et pour 6 localités comparables mais non-équipées, choisies par Electriciens sans frontières par tirage au sort pour former un groupe traité et un groupe témoin.

Les données ont été analysées en prenant en compte les contraintes suivantes :

  • Les différentes localités n’ont pas été équipées en même temps ;
  • La mise en place des Cafés Lumière a été progressive avec l’installation en priorité de la boutique avant la mise en service du mini-réseau. La boutique présentant par construction peu d’effet d’émission de lumière, c’est en testant l’effet de la mise en route du mini-réseau que l’on peut tester en premier lieu l’impact des Cafés Lumière ;
  • L’éclairage public alimenté par le mini-réseau est en fonctionnement aux heures de passage du satellite (ente 0h et 2h du matin dans notre cas) dans seulement 2 localités : Ambatonikolahy et Talata Dondona.

Figure 1. Évaluation de la luminosité nocturne (moyennes annuelles 2013-2022) dans les localités équipées et non équipées (radiance mesurée en w/cm2_sr)

Figure 1. Évaluation de la luminosité nocturne (moyennes annuelles 2013-2022) dans les localités équipées et non équipées (radiance mesurée en w/cm2_sr)

La Figure 1 montre une évolution parallèle de la luminosité nocturne moyenne des 6 villages équipés et de celle des 6 villages témoins jusqu‘en 2020, le premier groupe présentant au contraire des performances meilleures en 2021 et 2022. L’écart est d’environ 10% par rapport aux données antérieures, ce qui n’est pas très élevé compte tenu du faible niveau initial mais est statistiquement très significatif. Notre conclusion de cette Figure 1 est confirmée par un test statistique formellement plus rigoureux, qui utilise les données mensuelles par localité, en contrôlant pour les effets de la saisonnalité et des effets fixes propres à chaque localité traitée ou non traitée.  La mise en route du mini-réseau conduit à une augmentation de la luminosité nocturne comparable à celle révélée par la Figure 1 et statistiquement très significative.

Les craintes d’un biais dû à la présence de l’éclairage public ne sont potentiellement justifiées que dans le cas de 2 localités sur 6 (Ambatonikolahy et Talata Dondonna). Ces craintes ne sont pas totalement justifiées.  En effet, quand on essaie de prendre en compte conjointement la présence du mini-réseau et celle de l’éclairage public, cette dernière n’a aucun effet significatif. De plus quand on estime le même modèle en excluant ces 2 localités, les résultats obtenus, s’agissant de la significativité de l’impact des mini-réseaux, ne changent pas.

L’éclairage public n’a pas d’effet significatif dans nos tests, mais cela veut dire seulement qu’on ne peut pas démontrer qu’il en a un, ce qui est peut être dû à une faible puissance des tests statistiques mis en œuvre. De plus le biais peut exister à Ambatonikolahy et à Talata Dondona.

Nous avons mobilisé les données de l’opérateur Anka, qui reporte mois par mois les différentes composantes de la consommation d’électricité, en séparant la consommation pour l’éclairage public des autres consommations d’électricité, sachant que l’éclairage public créé a priori beaucoup plus de radiance, et donc de luminosité nocturne, que les autres consommations d’électricité. Cette propriété est amplement vérifiée dans nos données, et cela nous permet de calculer un ordre de grandeur du biais contenu dans les données de pour évaluer l’accès à l’électricité en présence d’éclairage public en milieu de nuit. Pour Ambatonikolahy et Talata Dondona, ce biais est de l’ordre de 40% en année pleine (2022). Il est donc souhaitable, quand cela est possible, de mobiliser des données complémentaires pour évaluer les impacts des mini-réseaux, ce que nous ferons dans les prochaines livraisons de ce blog.

 

Dans la même série “Mesurer l’impact des projets d’électrification décentralisée”, découvrez aussi les articles suivants : Les Cafés Lumière de Madagascar (1/4), Caractérisation des impacts sur l’accès à l’électricité à partir des données de localité (3/4), Caractérisation des impacts sur l’accès à l’électricité à partir des données de ménages (4/4).

 

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Mesurer les impacts des projets d’électrification décentralisée (1/4). Les Cafés Lumière de Madagascar

L’électrification distribuée hors réseaux nationaux, par les mini-réseaux, terme générique utilisé ici indépendamment de leur taille (pico, micro, mini ou petits,) constitue la principale voie pour donner accès à l’électricité…

L’électrification distribuée hors réseaux nationaux, par les mini-réseaux, terme générique utilisé ici indépendamment de leur taille (pico, micro, mini ou petits,) constitue la principale voie pour donner accès à l’électricité à la population rurale africaine, et contribuer à l’atteinte de l’ODD7 (Objectif du Développement Durable n°7 : garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable). Pourtant le secteur des mini-réseaux progresse insuffisamment, les décideurs publics, nationaux mais aussi parfois internationaux, peinant à prendre la décision d’un passage à l’échelle par manque de preuves d’impacts de ce secteur ; ce que les économistes et les évaluateurs n’ont pas su fournir jusqu’à présent dans ce secteur.

Pour Entreprenante Afrique nous présentons en quatre articles le projet de mini-réseaux Cafés Lumière à Madagascar, les limites de son évaluation standard réalisée pour des besoins de redevabilité, qui ne permet pas d’apporter de véritables preuves d’impact et différentes voies alternatives pour tester et documenter les impacts socio-économiques du projet.

 

Les Cafés Lumière de Madagascar : une boutique, un lieu d’accueil et un mini-réseau

La solution Café Lumière, créée et développée à partir de 2019 par Électriciens sans frontières, propose dans six villages des régions du Vakinankaratra et de Itasy une boutique couplée à une centrale solaire photovoltaïque sécurisée par des batteries et un groupe électrogène.

Les Cafés Lumière ont pour particularité d’être à la fois un mini-réseau et une plateforme énergétique multiservice. C’est-à-dire que le Café Lumière, placé en général au centre du village, dispose d’une boutique qui offre des services tels que la charge de téléphones, de lampes tout en alimentant en électricité les autres besoins des populations. La plateforme multiservice propose ainsi des services énergétiques et un espace accueillant pour des activités productives souhaitant bénéficier d’électricité. Le mini-réseau propose l’alimentation en électricité depuis le Café Lumière grâce à des raccordements de proximité des ménages, des acteurs productifs, de l’éclairage public et des services collectifs. Une partie de la consommation d’électricité de ces derniers est prise en charge via une contribution perçue sur les ventes auprès des autres usagers, ménages et entreprises.

Quatre principes fondamentaux régissent l’installation de Cafés Lumière :

  1. La garantie de l’accès minimal à un service électrique pérenne à tous les membres d’une communauté rurale ;
  2. L’amélioration de la qualité des services collectifs (en particulier ceux dédiés à la santé et à l’éducation) en leur assurant durablement un accès minimal à l’électricité ;
  3. La contribution au développement des activités productives privées ;
  4. La contribution à un cadre politique et réglementaire permettant aux acteurs locaux d’être en capacité de gérer et d’entretenir de manière pérenne les installations et le service Café Lumière.

La solution repose sur un partenariat public privé entre le délégataire Anka, l’Agence de Développement de l’Électrification Rurale (ADER), les Structures Collectives de Gestion Mixte (SCGM) au niveau du village et le porteur de la solution, Electriciens sans frontières.

Le délégataire est en capacité d’intervenir au plus près des populations rurales isolées grâce à son implantation dans chaque village concerné, ce qui permet non seulement de faire remonter les informations pertinentes et d’agir sur place (exploitation et maintenance des installations, vente de services, etc.). De plus, un système de suivi à distance de la production d’énergie est déployé et permet de suivre l’activité des Cafés Lumière. Il est, pour ces différentes raisons, un producteur essentiel de données de suivi-évaluation du projet, en produisant des rapports d’activité mois par mois. Les données sont ainsi harmonisées et détaillées permettant d’étudier les impacts du projet.

Le projet a été principalement financé par l’Agence française de développement (AFD) dans le cadre de la Facilité d’innovation sectorielle pour les organisations non gouvernementales (FISONG) et sa réplication dans le cadre d’une Note d’Initiative ONG (NIONG).

Les Cafés Lumière proposent donc une solution suffisamment innovante, reposant sur un financement pluripartite et dont les objectifs sont en soutien aux ODD pour que la question de leur implémentation à plus grande échelle puisse être posée.

 

Évaluation standard à des fins de redevabilité

Les agences d’aide pratiquent une approche standard d’évaluation de la bonne utilisation des fonds et commandent un rapport à un cabinet indépendant au moment de la remise du projet. Ce rapport tient lieu d’évaluation finale du projet, dès lors qu’il permet de respecter les règles usuelles de redevabilité.

Cette évaluation donne des résultats projectifs et correspond davantage à des impacts attendus plutôt qu’observés. En effet, dans le cadre d’un projet d’infrastructure, l’évaluation est menée à une date proche de celle de la mise en marche programmée des équipements, ce qui est beaucoup trop tôt pour observer des impacts qui sont attendus à moyen ou long terme. Cette évaluation sert assurément des objectifs administratifs mais ne fait pas nécessairement avancer la connaissance sur l’impact des projets sur les objectifs de développement durable.

Dans le cadre des Cafés Lumière, cette première analyse réalisée pour l’AFD conclut à des impacts importants sur les conditions de vie des populations et notamment des femmes, sur l’amélioration de la qualité des services publics (éducation, accès aux centres de santé, sécurité publique). Les résultats obtenus des focus groups soulignent l’appui considérable de ce projet au dynamisme économique et au développement des activités génératrices de revenus. Ces résultats sont encourageants et donnent une première indication de la dynamique engagée par les Cafés Lumière. Toutefois l’évaluation, achevée en janvier 2021, est intervenue à un moment où les projets complets Cafés Lumière n’étaient pas tous finalisés : les plateformes multiservices étaient ouvertes pour les 6 Cafés mais seulement 3 mini-réseaux étaient opérationnels dont un seul opérationnel depuis plus d’un an. La base d’informations mobilisée était donc trop étroite tant du point de vue de sa temporalité que de sa couverture géographique, pour conduire à des conclusions robustes.

D’un point de vue méthodologique ces évaluations standard pêchent non seulement par l’inadéquation de leur temporalité, mais aussi par l’absence de contrefactuel. L’évaluation standard des Cafés Lumière menée pour l’AFD ne cherche pas à comparer les localités traitées avec d’autres localités comparables mais qui n’ont pas été traitées. Électriciens sans frontière avait pourtant anticipé ce besoin, en tirant au sort les 6 localités traitées dans un groupe plus large de 12 localités, dans lesquelles des données de départ sur le profil socio-économique avaient été réunies en collaboration avec la FERDI. L’exploitation de ce cadre d’enquête, en elle-même couteuse, n’aurait certes pas été pertinente en 2020, et nous y reviendront dans le quatrième article de cette série, un second passage de l’enquête en mai 2023 étant en cours de traitement. Mais en attendant, d’autres voies d’investigations ont pu être menées, en combinant l’utilisation de données de télédétection et les rapports d’activité d’Anka.

 

Dans la même série “Mesurer l’impact des projets d’électrification décentralisée”, découvrez aussi les articles suivants : Utilisation de la télédétection : premiers résultats sur l’impact des Cafés Lumière (2/4), Caractérisation des impacts sur l’accès à l’électricité à partir des données de localité (3/4), Caractérisation des impacts sur l’accès à l’électricité à partir des données de ménages (4/4).

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Mesure des impacts de l’électrification décentralisée, une condition essentielle du passage à l’échelle

Sur la base des données de l’AIE WEO 2018, des progrès considérables ont été réalisés, ces dernières années, dans le domaine de l’accès à l’énergie et plus spécifiquement pour l’accès…

Sur la base des données de l’AIE WEO 2018, des progrès considérables ont été réalisés, ces dernières années, dans le domaine de l’accès à l’énergie et plus spécifiquement pour l’accès à l’électricité. En 2017, et pour la première fois, la population ne disposant pas d’un accès à l’électricité est passée sous la part du Milliard d’individus.

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