Penser et agir pour l’entrepreneuriat en Afrique

Sénégal

La FinTech au service des PME africaines – Un entretien avec Omar Cissé d’ InTouch Group

Selon un rapport de la BCEAO (Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest), le taux de bancarisation strict en Afrique subsaharienne est passé de 19% à 21.8% entre 2020…

Selon un rapport de la BCEAO (Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest), le taux de bancarisation strict en Afrique subsaharienne est passé de 19% à 21.8% entre 2020 et 2021. Une évolution régulière et soutenue depuis les dix dernières années mais qui place encore les pays de la zone UEMOA parmi les pays ayant les plus faibles taux de bancarisation dans le monde. 

Ce faible taux prive une importante partie de la population de services financiers de base et limite leur participation à l’économie formelle. Ce retard est aujourd’hui en grande partie compensé par l’adoption massive de nouvelles technologies financières (FinTech) sur le continent, notamment le mobile banking, plus encore depuis la période Covid. 

Sur le même sujet : Les PME africaines ont le potentiel d’être à la pointe du digital de demain

Entreprenante Afrique s’est entretenue avec Omar Cissé, fondateur de InTouch, Fintech panafricaine lancée en 2014 proposant une solution digitale panafricaine et sur mesure, de gestion de paiement sécurisée, permettant à ses utilisateurs d’administrer, depuis une plateforme unique, la quasi-totalité des moyens de paiement présents dans les pays où InTouch est déployé. 

Omar Cissé revient avec nous sur la trajectoire de InTouch depuis sa création, les facteurs de succès, ce qu’apporte la FinTech dans le paysage économique africain et aux entrepreneurs en particulier.

 

Entreprenante Afrique : En un peu moins d’une décennie, InTouch s’est imposé dans le paysage de la FinTech en Afrique. Est-ce que InTouch peut être considéré comme une licorne ?

Omar Cissé Omar Cissé : Nous espérons le devenir d’ici 2027. Nous avons un EBITDA positif depuis 2022, nous devenons une entreprise profitable et nous redoublons d’efforts pour assurer la croissance de l’entreprise. 

189 millions de transactions pour un volume de transactions total de 2 730 millions d’euros. 

Nous avons lancé la version test de InTouch en 2015 et enregistré dès 2017 environ 5 millions de transactions. Mais le point de bascule a été l’avènement de la crise Covid. À l’annonce de l’adoption des mesures sanitaires, petites, moyennes et grandes entreprises ont voulu numériser leurs moyens de paiement. Depuis, la tendance n’a fait que s’accélérer. En 2024, nous avons enregistré 189 millions de transactions pour un volume de transactions total de 2 730 millions d’euros. 

Actuellement, InTouch est présent dans 16 pays et a pour ambition d’en couvrir 25 d’ici 2025. Nous prenons en charge près de 300 moyens de paiements différents et avons 48 000 TouchPoint répartis dans nos pays d’implantation.

 

Entreprenante Afrique : Comment expliquez-vous cette ascension fulgurante ?

Omar Cissé : Au-delà des facteurs externes  comme le Covid et le développement technologique, le facteur humain y est pour beaucoup. Nous misons énormément sur cet aspect de notre entreprise. Nous avons commencé l’aventure avec 4 personnes en 2015. Aujourd’hui nous sommes 400 professionnels : des développeurs, des commerciaux et énormément de profils différents, répartis dans chaque pays d’implantation de InTouch et structurés autours de hubs (la Côte d’Ivoire pour l’Afrique de l’Ouest, le Kenya pour l’Afrique de l’Est, le Cameroun pour l’Afrique Centrale et l’Égypte pour l’Afrique du Nord) pour apporter une expérience sur-mesure et beaucoup plus de proximité avec nos clients. 

Le deuxième facteur, ce sont nos actionnaires et partenaires stratégiques : le groupe TotalEnergies, la CFAO, ou encore Worldline qui a largement contribué à notre succès grâce au transfert de technologie.

Une solution de gestion d’un volume exponentiel de petites transactions faites sur énormément de supports différents

Le troisième, ce sont les moyens financiers. Depuis notre lancement, nous avons réalisé des levées de fonds successives, de 7 à 9 millions d’euros tous les deux ans. La fintech est l’un des segments les plus attractifs en matière d’investissement dans le paysage technologique africain

Et le dernier point qui explique notre essor est la confiance que nous avons su générer tout au long du parcours auprès de nos clients et de nos financeurs depuis le lancement de InTouch. 

La particularité de InTouch se retrouve dans le fait que nous offrons à nos clients, quel que soit leurs stades de développement (Start-Up, PME et grandes entreprises), une solution de gestion d’un volume exponentiel de petites transactions faites sur énormément de supports différents, le tout sur une seule et même plateforme, ce qui facilite le suivi et le reporting des opérations financières.

 

Entreprenante Afrique : Dans quel mesure la FinTech, et en particulier InTouch, modifie le paysage économique africain ? Êtes-vous en concurrence avec le secteur financier traditionnel ?

Omar Cissé : Nous ne sommes absolument pas en concurrence avec les banques ni les institutions de microfinance. Nous nous positionnons en tant que partenaire technique en digitalisant les relations financières. Sur d’autres aspects, InTouch vient combler le vide laissé par le retard de déploiement du secteur bancaire en proposant par exemple l’opportunité aux petits commerçants d’accéder à des nano-crédits sur une plateforme dédiée à des taux très accessibles. Il s’agit encore d’un projet pilote mais là encore, ce sont nos partenariats avec les IMF qui rendent ces opérations possibles, InTouch n’étant pas une institution financière à proprement parler. 

L’essor de la FinTech porte dans son sillage une promesse d’inclusion financière au plus grand nombre

Les petits commerçants et petites entreprises sont notre première cible depuis le début. Nous comptons parmi nos clients 16 000 petits commerçants au Sénégal et 34 000 sur le reste du portefeuille. 

Avant InTouch, j’ai accompagné beaucoup d’entreprises, que cela soit à travers CTIC Dakar ou Teranga Capital. Et par expérience, je peux dire que la gestion des paiements constitue un maillon faible pour l’entrepreneuriat, encore plus en Afrique. Que ces entreprises puissent collecter tous les moyens de paiement, change vraiment la donne pour elles. Nous parlons de gestions de paiements sécurisées, une facturation précise, un système de suivi et d’enregistrement offrant un gain de productivité important, et par conséquent une lecture et une analyse financière beaucoup plus évidentes pour les entrepreneurs. 

Plus largement, l’essor de la FinTech porte dans son sillage une promesse d’inclusion financière au plus grand nombre, la démocratisation des services financiers de base : services bancaires, systèmes de paiement, crédits, épargnes, assurances etc…

 


 

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Les universités africaines ferment-elles leurs portes aux femmes ?

Abidjan, début des années 60, la jeune Dicoh Mariam Konan entame des études de chimie au Lycée Technique. Elle deviendra la première femme chimiste de Côte d’Ivoire. Son portrait sur…

Abidjan, début des années 60, la jeune Dicoh Mariam Konan entame des études de chimie au Lycée Technique. Elle deviendra la première femme chimiste de Côte d’Ivoire. Son portrait sur les pièces de 25fcfa, encore en circulation aujourd’hui, illustre l’impact de son parcours. Il symbolise une Afrique de l’Ouest en progrès, avec des femmes instruites, alors que la période des indépendances bat son plein. 60 ans après, ce progrès est au ralenti, seul 8% de femmes ivoiriennes poursuivent des études secondaires. Un chiffre qui s’applique au reste des pays de l’Afrique subsaharienne. Comment expliquer cela ? 

Au cours des années, les femmes subsahariennes ont trouvé sur leur chemin de nombreux obstacles socio-économiques s’opposant à la poursuite d’études supérieures. Notamment, les stéréotypes liés au genre et à la place des femmes dans la société, la préférence marquée pour l’éducation des garçons et la pauvreté. En effet, le coût de l’enseignement supérieur pèse généralement plus sur les ménages pauvres que les ménages riches.

Pourtant, les études le prouvent les femmes ont un rôle primordial dans l’économie du continent. Selon l’UNESCO, les répercussions de l’éducation des filles sur la croissance économique nationale sont indéniables : une augmentation d’un point de pourcentage de l’instruction des filles entraîne un accroissement du produit intérieur brut (PIB) moyen de 0,3 point et un relèvement du taux de croissance annuel du[1] PIB de 0,2 point.

Ces données soulèvent plusieurs questions :

  • Quels sont les mécanismes à mettre en place pour assurer un accès durable à l’éducation supérieure pour les jeunes  filles ? 
  • Comment influer sur des pratiques sociétales ancrées  ? 

Retour sur 3 mécanismes mis en place par I&P Education et Emploi, visant à augmenter le nombre de jeunes filles inscrites dans les établissements d’enseignement supérieur pour leur permettre de trouver leur place sur le marché du travail.

Dépasser la barrière socio-économique

A l’ISM Ziguinchor, 11h, Elise, originaire de la région de Sédhiou au Sénégal, suit un cours de management. Après avoir interrompu sa scolarité suite à une grossesse, elle a bénéficié d’une bourse d’excellence de l’ISM Ziguinchor. Première institution d’enseignement supérieur de la capitale casamançaise, l’établissement est un bel exemple de parité, en effet, les jeunes filles représentent 55% des effectifs.

La politique est claire : « Lors de l’attribution des bourses, 60% de filles et 40% de garçons. A compétence égale le choix se porte sur la fille. », affirme Georges Bernard Ndèye, directeur de l’établissement. Lorsqu’on lui demande pourquoi les filles, la réponse est simple : « Le désir de sortir les filles de leur situation de vulnérabilité ».

L’enseignement supérieur a un coût supplémentaire pour les familles habitant les zones rurales ou sans université qui doivent se tourner vers des capitales ou les villes secondaires.  Pour les familles cela signifie des frais additionnels tels que le transport, l’hébergement, ou encore l’alimentation[2]. Au Ghana, par exemple, chez les ménages les plus défavorisés, l’envoi d’un jeune dans un établissement d’enseignement supérieur augmente de 37 % leurs dépenses non alimentaires[3], un sacrifice inenvisageable pour nombre d’entre eux.

L’envoi d’un jeune dans un établissement d’enseignement supérieur augmente de 37 % les dépenses non alimentaires d’un ménage pauvre au Ghana

Les étudiants et leurs familles analysent les avantages d’une formation supérieure, face aux revenus si le jeune travaillait juste après le lycée. Pour Priska Manga, Docteure à l’Université Cheikh Anta Diop, le premier obstacle des filles est la famille. Des normes sociales (rôle des hommes et des femmes dans la famille, mariage, maternités etc.) entrent également dans la balance. Un proverbe wolof dit “ Diangou Djiguène amoul ndieurigne”, les études d’une femme n’ont pas d’utilité. Investir dans l’éducation supérieure des jeunes filles, peut-être perçu comme une perte de temps et d’investissement pour les familles les plus vulnérables.

Le niveau d’éducation des parents est un facteur essentiel à la prise de décision. Lorsque le chef de famille a achevé le secondaire, les enfants ont 10 fois plus de chances poursuivre des études supérieures qu’un enfant au sein d’un ménage dont le niveau scolaire du chef de famille est inférieur. Ainsi, convaincre les familles vulnérables de l’importance des études supérieures des jeunes filles est nécessaire. Mais il est indispensable de coupler ce changement sociétal à des mécanismes de soutien financier. L’octroi d’une bourse peut conditionner la poursuite des études supérieures pour une jeune fille de milieu défavorisé.

Des infrastructures de proximité et adaptées

En 2016, l’ISM Ziguinchor souhaitant répondre aux problématiques d’hébergement de ses étudiants, a décidé d’ouvrir une antenne à Kolda, ville située à 500km de Dakar. A la rentrée scolaire, l’administration s’est aperçue que les effectifs étaient en majorité composés de filles mariées, dont les familles ne voulaient pas qu’elles s’éloignent pour leurs études. Les familles souhaitent garder leurs filles au sein d’un cercle familial, pour les protéger, mais aussi éviter tout incident qui mettrait à mal leurs réputations (grossesses indésirées, etc.). Rapprocher l’établissement des étudiantes dans les régions rurales permet d’augmenter leur accès à une éducation supérieure de qualité, lorsque les normes sociales les empêchent d’aller seules en ville. Pour les étudiantes mères, la mise à disposition de crèche sur le lieu d’apprentissage favorise le maintien dans les études. Pour aider les apprenantes à se concentrer sur leur formation, l’UNICEF a mis en place un système de garderie dans le cadre du projet “Girl Power” en Côte d’Ivoire. Le projet vise à renforcer les compétences entrepreneuriales des jeunes filles des banlieues[4].

  • Les dortoirs : lorsque l’école devient la maison

Les familles ont également recours à des systèmes de tutorat. L’étudiant (fille comme garçon) est placé sous l’autorité d’un tuteur, généralement une connaissance familiale. Le cas échéant, ou lorsqu’il y a des difficultés qui se présentent au sein de la famille d’accueil, les filles abandonnent leur scolarité.  Une autre solution est de faire de l’école le lieu de vie.  La construction de dortoirs dans les établissements permet aux familles de trouver une solution fiable à la question de l’éloignement du lieu d’apprentissage. Cette solution en cours d’expérimentation dans les Etablissements ESSECT Poincaré. Située dans la ville de Bouaké en Côte d’Ivoire, l’école accueille les élèves de toute la région -essentiellement agricole- et au-delà.

  • L’importance de structures sanitaires décentes et adaptées

En plus d’avoir des toilettes décentes, il s’agit également d’équipements adaptés à la physiologie féminine et disponibles dans les sanitaires.

Une fois poussées les portes de l’établissement, les étudiantes y passent une grande partie de leurs journées. En plus de la disponibilité d’infrastructures, il est important qu’elles s’y sentent à l’aise. A la fois privées et publiques, les toilettes sont des lieux qui doivent répondre aux exigences de sécurité, d’hygiène et d’intimité[5]. Mr Ndèye considère depuis son entrée dans le programme IP2E que des sanitaires décents sont des fondamentaux pour l’épanouissement des jeunes filles.  Pendant leurs règles, les filles ont davantage besoin d’avoir accès à des toilettes disposant d’eau, de savon et de poubelles où elles pourront disposer de leurs protections hygiéniques[6]. La mise à disposition de ces protections est également nécessaire. En plus d’avoir des toilettes décentes, il s’agit également d’équipements adaptés et disponibles dans ces espaces. Lorsqu’elles sont interrogées, les filles expriment un intérêt pour les toilettes séparées. Elles mettent souvent en avant les critères d’hygiène et la volonté d’intimité et de sécurité.

  • Assurer la protection et le bien-être des étudiants

Mettre en place un environnement d’apprentissage sûr va au-delà des infrastructures. Les violences sexistes et sexuelles touchent davantage les filles que les garçons. Elles sont présentes durant les études supérieures, mais non dénoncées. Il peut s’agir de cas de harcèlement entre étudiants, ou entre professeurs et étudiants, comme des cas d’échanges de bonnes notes ou d’offres d’emploi contre des faveurs sexuels[7]. Au sein du programme IP2E, toutes les entreprises soutenues élaborent une politique de « sauvegarde des étudiants ». Cette politique vise à prévenir et répondre à différents types d’incidents (violences sexuelles, sécurité physique, etc.) et renforcer la sensibilisation des étudiants et du personnel sur ces sujets. Les établissements développent des mécanismes de remontée et de traitement des plaintes. Ils permettent particulièrement d’installer un climat de confiance, et d’améliorer l’expérience d’apprentissage des jeunes filles.

Des rôles modèles pour inspirer

A l’Institut Ivoirien de Technologie (IIT), en même temps que les cours de business ou d’informatique, les étudiants reçoivent des cours de leadership et de développement personnel. Prisca et Grâce, deux étudiantes en deuxième année expliquent que ces cours aident « à se connaître soi-même, trouver ses forces pour vaincre leurs faiblesses ». Elles discutent souvent l’épanouissement des jeunes filles avec leurs camarades garçons. Pour Grâce, une des raisons de la non-poursuite des études supérieures est le manque de confiance des filles en elle. Ce manque de confiance naît de la « faible estime » que l’entourage accorde à l’éducation des jeunes femmes.

Les stéréotypes de genre se retrouvent aussi dans l’orientation. Les filières dites porteuses, telles que les filières scientifiques sont souvent attribuées aux garçons. Fabricia Devignes, experte genre à l’Institut international de planification de l’éducation de l’Unesco explique que « la représentation des femmes a un impact sur l‘éducation des filles et les résultats d’apprentissage ».

Dans les entreprises du programme I&P éducation et Emploi, un établissement fait la différence dans les sciences : l’Université des Sciences de la Santé de Dakar (USSD). Le Conseil d’Administration de l’USSD est présidé par une femme. Dans l’université, 60% des étudiants sont des jeunes femmes. Interrogées, les étudiantes expliquent qu’elles viennent pour la plupart des familles où les parents exercent déjà des métiers dans le secteur de la santé. Pour renforcer la détermination de ces futures docteures, l’USSD met aussi en place un programme de leadership féminin. Il s’agit de séances de mentorat durant lesquelles des femmes dans le secteur de la santé animeront des sessions d’échange avec les étudiantes. Pour le professeur Ndir, c’est en prenant l’exemple sur des rôles modèles féminins qu’il y aura « des femmes leaders » dans le domaine.

Faire évoluer les mentalités

A Tamale dans le nord du Ghana, l’entreprise éducative Openlabs rapproche les rôles modèles des communautés locales pour faire évoluer les mentalités. Afin de former les jeunes filles à l’informatique, Prince Charles, responsable du campus et son équipe mènent des actions de sensibilisation auprès des filles dès le primaire, des familles, des associations de femmes et des chefs religieux. Pour faciliter l’échange, certains membres de l’équipe proviennent des communautés ciblées.  Zeinab, étudiante issue de la communauté Choggu prend la parole. Elle explique qu’il est possible d’être une jeune femme, d’appartenir à la communauté et de poursuivre les études supérieures. Prince Charles poursuit en expliquant les avantages financiers que l’éducation des jeunes femmes aura sur ces communautés. Il précise également les bourses et réduction qu’Openlabs offrent aux jeunes filles.

Depuis quelques années, l’écart historique d’accès à l’éducation secondaire entre filles et garçons sur le continent africain s’est considérablement réduit jusqu’à s’inverser grâce aux efforts des gouvernements (Au Sénégal, en 2021 : 52% de filles contre 48% de garçons). Cette quasi-parité a mis en lumière une inégalité non-genrée, mais plutôt une forte disparité selon l’origine sociale et géographique des futurs étudiants, et explique en partie le faible taux de poursuite des études supérieures. Bien que peu de filles et de garçons poursuivent des études supérieures en Afrique subsaharienne, les jeunes filles défavorisées ou vivant en milieu rural se retrouvent au bas de la pyramide de l’accès à l’université.

Garantir un accès durable à l’éducation pour les jeunes filles vulnérables nécessite de fournir des mécanismes de financement de l’enseignement supérieur. Pour les jeunes filles en milieu rural, la multiplication des offres de formation supérieur de proximité représentent aussi un levier à mettre en œuvre. Les établissements doivent être des endroits sûrs, dans lesquels le bien-être, la sécurité et la santé des étudiants seront préservés. Enfin, il est nécessaire de faire évoluer les mentalités, notamment sur la place des filles dans les filières scientifiques pour faire participer pleinement les femmes au développement du continent.

« L’émancipation des femmes passe par l’éducation. Si on arrive à avoir plus de femmes éduquées, on aura des leaders femmes partout »

 D’après la docteure Priska Manga, « L’émancipation des femmes passe par l’éducation. Si on arrive à avoir plus de femmes éduquées, on aura des leaders femmes partout ». Les jeunes filles défavorisées ont besoin d’un accès continu à une éducation de qualité, afin de devenir autonomes, et d’être actrices du développement de leur région[8]. Des études supérieures de qualité développent et renforcent les compétences requises pour s’insérer dans un marché du travail très concurrentiel, et leur permet de prétendre à des revenus décents, suffisants et égalitaires pour améliorer leur qualité de vie.


[1] https://www.globalpartnership.org/fr/blog/leducation-des-filles-releve-du-bon-sens-economique

[2] Darvas, Peter, Shang Gao, Yijun Shen et Bilal Bawany. 2017. Enseignement supérieur et équité en Afrique subsaharienne : Élargir l’opportunité au-delà de l’élite. Directions du développement. Washington, DC : Banque mondiale. doi:10.1596/978-1-4648-1266-8.

[3]Darvas & all

[4] UNICEF. Projet Girl Power. 2020. https://team.unicef.fr/projects/unicef-projet-girl-power

[5] Marion Simon-Rainaud. 2021. Mélanger les filles et les garçons a facilité l’accès aux toilettes », 7 mars 2021 ? https://usbeketrica.com/fr/melanger-les-filles-et-les-garcons-a-facilite-l-acces-aux-toilettes

[6] GPE. 2018. Comment les toilettes peuvent-elles contribuer à promouvoir l’éducation.

[7] BBC News Africa. 2019. ‘Sex for geades’: Undercover in West African universities. https://www.bbc.com/news/av/world-africa-49907376

[8] C. Manse. 2020. Education des filles, émancipation des femmes. https://www.entreprenanteafrique.com/education-des-filles-emancipation-des-femmes/

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Entrepreneuriat au Sénégal : plus de guépards que de gazelles

La promotion de l’emploi est l’une des priorités du continent africain pour les années à venir. Selon la Banque Africaine de Développement, seulement 3 millions d’emplois formels sont créés chaque…

La promotion de l’emploi est l’une des priorités du continent africain pour les années à venir. Selon la Banque Africaine de Développement, seulement 3 millions d’emplois formels sont créés chaque année en Afrique, alors que 10 à 12 millions de jeunes entrent sur le marché du travail chaque année.

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Promouvoir l’entrepreneuriat féminin en Afrique : défis et vecteurs de changement

Poursuivons sur la thématique de l’entrepreneuriat africain féminin, avec trois témoignages éclairants de femmes grandement impliquées sur ces enjeux : Ninon Duval-Farré, directrice de l’incubateur Bond’Innov, Ambre Delpierre et Lucie Paret,…

Poursuivons sur la thématique de l’entrepreneuriat africain féminin, avec trois témoignages éclairants de femmes grandement impliquées sur ces enjeux : Ninon Duval-Farré, directrice de l’incubateur Bond’Innov, Ambre Delpierre et Lucie Paret, co-fondatrices de Sahelia, et Lamba Ka, chargée de l’accompagnement des entrepreneurs chez MakeSense West Africa.

 

Ninon Duval-Farré

© Bond’Innov

 

Ninon Duval-Farré est depuis 2011 directrice de l’incubateur Bond’Innov. Hébergé par le centre IRD France-Nord, Bond’Innov encourage tout particulièrement les projets qui s’adressent aux marchés du Sud et aux pays en développement. Elle était auparavant consultante indépendante dans le management de l’innovation (de 2004 à 2011), et a en particulier lancé et animé le programme Paris Mentor jusqu’à fin 2011. Elle a participé à la création et au développement de start-up avec Vegetal Fabric, nominé au grand prix de l’innovation de Paris en 2011, et alafolie.com, site ayant connu un beau succès.

“L’Afrique est le continent où il y a le plus de femmes entrepreneures… mais souvent plus par nécessité économique que par choix véritable. Les femmes sont souvent le maillon qui tend vers l’éducation, la santé de la famille etc. elles sont au cœur des questions de développement.”

Des défis spécifiques aux femmes entrepreneures, en Afrique comme ailleurs

“D’une certaine manière, les femmes entrepreneures en Afrique rencontrent les mêmes difficultés que l’on peut imaginer ailleurs dans leur parcours entrepreneurial, notamment en France. Sans aborder les aspects culturels ou religieux, on a tendance à moins développer leur leadership (comparativement aux hommes) et elles peuvent se montrer plus timides, avec des répercussions tangibles dans les activités (sous-estimation des besoins financiers alors que les hommes ont tendance à les surestimer, ce qui peut être à leur avantage). C’est un phénomène social mondial, où les femmes se mettent des freins.

Dans notre secteur, à savoir l’entrepreneuriat de type start-up innovantes, à ambitions, à forts potentiels, on remarque qu’il y a une façon plus timide d’aborder le business qui freine un peu les ambitions des entrepreneures. On remarque d’ailleurs qu’elles sont bien moins nombreuses que les hommes dans ce domaine.”

Comment changer les choses ?

Pour des structures de soutien comme les nôtres, il est important de développer des modules soft skills (leadership) et notamment les programmes de mentorat au féminin. Car c’est en voyant des femmes qui osent que l’on ose oser, cela désinhibe.

Je me réjouis aussi de voir qu’il y a de moins en moins de programmes ou d’accompagnements exclusifs au féminin mais qui intègrent pleinement la mixité. C’est très nouveau et ça va dans le bon sens.

 

Ambre Delpierre & Lucie Paret, Sahelia

© Sahelia

Après avoir fait le constat d’un écosystème détruit par une agriculture intensive, Ambre Delpierre et Lucie Paret fondent Sahelia pour soutenir les efforts de producteurs responsables et les aider à commercialiser leurs produits vers les marchés européens. L’entreprise est spécialisée dans le commerce éthique de fruits et plantes biologiques en provenance d’Afrique de l’Ouest. Toutes deux reviennent sur leur expérience, en tant que femmes entrepreneures et en tant que partenaires de nombreuses femmes africaines travaillant dans la production agricole.

“Dans l’ensemble il nous semble moins difficile pour une femme d’entreprendre en Afrique. En tout cas beaucoup de femmes entreprennent! Nous n’avons jamais eu l’impression d’être dévalorisées. Au contraire être une femme est parfois un avantage, notamment avec certains de nos clients, qui nous font facilement confiance sur le respect de nos valeurs et notre engagement éthique”

 “Les femmes africaines sont des vraies working girl dans l’âme ! Elles sont très volontaires, et gèrent absolument tout, de la maison au business. A nos yeux ce qui leur manque ce sont des outils et des bases utiles pour structurer leurs projets et donner de la valeur ajoutée à ce qu’elles font déjà. Elles sont peut-être plus durement impactées que les hommes par le manque d’accès aux financements, au conseil, et aux compétences appropriées”

“Ce qui manque aux femmes entrepreneures: des outils et des bases utiles pour structurer leurs projets et donner de la valeur ajoutée à ce qu’elles font déjà.”

 

Lamba Ka

© Le Monde Afrique

Communicante passionnée, Lamba Ka est spécialisée dans les domaines de la communication et de l’entrepreneuriat social. Elle est actuellement chef de projet, chargée de l’accompagnement des entrepreneurs chez MakeSense West Africa et et Chargée de projet AFIDBA au Sénégal. Jusqu’en 2014, elle travaille avec plusieurs agences de communication au Sénégal ainsi qu’au sein de certains médias en tant que journaliste. Très préoccupée par l’éradication de la corruption en Afrique, particulièrement au Sénégal, Lamba co-fonde en 2016 SENEGEL (Senegalese Next Generation of Leaders), une plate-forme ayant pour objectif de promouvoir la transparence et de lutter contre la corruption au Sénégal, et participe en janvier 2018 à une formation sur la lutte contre la corruption dans la région du Sahel dispensée par le bureau de l’UNITAR à Hiroshima. Lamba obtient en 2017 la bourse Mandela Washigton et étudie le business et l’entrepreneuriat à l’Université de Notre Dame durant 6 semaines.

“Les femmes sont connues comme étant beaucoup plus entreprenantes que les hommes en Afrique. Le Sénégal n’est pas en reste, loin de là, et compte plus de femmes entrepreneures que d’hommes.

Mais ces femmes entrepreneures font face à plusieurs défis, qui me semblent spécifiques :

Familial tout d’abord, car la balance entre vie professionnelle et vie de famille est difficile à trouver. Il est compliqué de gérer à la fois une famille et une entreprise, surtout avec la pression culturelle et sociale.

La formalisation est un second enjeu de taille. Beaucoup de femmes gèrent un business, mais informel la plupart du temps. La formalisation est pourtant essentielle pour accéder aux financements et changer d’échelle

Enfin il y a la gestion de la peur. Certaines femmes ont peur de se lancer face à une concurrence très rude… et le temps peut leur manquer pour concurrencer la concurrence !”

 

Comment changer les choses?

“Pour renforcer l’entrepreneuriat féminin, il faudra créer des incubateurs dédiés aux femmes et multiplier les podiums de partages entre femmes pour se renforcer mutuellement.”

 

Aller plus loin…

 

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Parcours d’entrepreneures africaines (2/2): Sylvie Sagbo et Sokhna Ndiaye

Poursuivons, en cette Journée Internationale des Droits des Femmes, notre exploration de parcours entrepreneuriaux féminins inspirants et riches en expérience. Dans cette seconde partie, nous avons interviewé deux femmes entrepreneures…

Poursuivons, en cette Journée Internationale des Droits des Femmes, notre exploration de parcours entrepreneuriaux féminins inspirants et riches en expérience. Dans cette seconde partie, nous avons interviewé deux femmes entrepreneures sénégalaises: Sylvie Sagbo, qui après plusieurs expériences à l’international a repris l’entreprise sénégalaise fondée par sa mère, et Sokhna Ndiaye, engagée dans plusieurs associations et entreprises opérant dans le domaine de la santé.

Retrouvez la partie 1 ici →

 

Sylvie Sagbo

 

Sylvie Sagbo dirige depuis 2015 SENAR Les Délices de Lysa, une PME sénégalaise qui transformes les arachides et noix de cajou. Titulaire d’un master en finance et gestion des marchés obtenu à l’Ecole de Gestion de Paris, elle a travaillé pendant 18 ans dans la finance de marchés (asset management, gestion de portefeuilles dans les banques, etc.). Elle est ensuite passée à mon compte pendant une dizaine d’années, et a également ouvert un restaurant de cuisine africaine en région parisienne. Elle est finalement rentrée sur Dakar, pour rejoindre l’entreprise fondée par ma mère en 1982, à une période où cette dernière souhaitait se retirer progressivement de la société.

 

Pourquoi avoir décidé d’entreprendre ?

Je pense que j’ai toujours porté cette fibre entrepreneuriale, et cela transparaît à travers mon parcours : quand je travaillais en tant que consultante à mon compte, quand j’ai lancé avec mon mari le restaurant de cuisine africaine, et bien sûr quand j’ai repris SENAR, l’entreprise fondée par ma mère. J’ai grandi avec cette entreprise, et je m’en suis toujours occupée, même en étant loin. Cela donc été naturel de reprendre la structure, et c’était très motivant car je savais qu’on pouvait en faire une très belle entreprise.

Avez-vous connu des difficultés du fait que vous soyez une femme ?

Il est possible que mon dossier de financement ait été refusé par leur passé parce que j’étais une femme, mais cela ne m’a jamais été montré ni dit clairement. J’ai travaillé avec deux directeurs commerciaux qui n’ont jamais accepté que je leur dise quoi faire et cela je pense est lié au côté ‘’macho’’ qu’il peut y avoir ici en Afrique.

Qui sont vos modèles, vos figures d’inspiration ?

Je pense tout de suite à ma mère. Quel parcours ! Elle a commencé au bas de la porte et a finalement créé l’une des plus grandes sociétés qui vend des noix de cajou ici au Sénégal. Autrement je n’ai pas vraiment de nom en tête, mais en tout cas, dès que je vois une femme qui réussit et qui s’en sort, qui arrive à entreprendre, à faire de belles choses, c’est quelque part un modèle pour moi.

Comment vous voyez vous dans dix ans ?

Dans dix ans je me vois à la tête d’une grande entreprise africaine sénégalaise, leader dans la distribution de noix de cajou en Afrique et dans le monde. Je pense que nous sommes sur la bonne voie car on a des produits de très bonne qualité et sains. Je travaille le beurre de cajou. J’ai créé une pâte à tartiner qui s’appelle le Cajoutella, qui n’a rien à envier à son voisin lointain (rires) !  Et j’ai beaucoup d’autres idées de produits pour mon entreprise !

Un conseil aux (futures) femmes entrepreneures ?

Je pense qu’il faut d’abord se battre. Dans tous les cas un entrepreneur doit se battre, mais une femme entrepreneure doit se battre deux fois plus parce que c’est une femme et on doit gérer la famille et le boulot. Quand on veut entreprendre, on ne doit pas entreprendre sur une idée juste comme cela : il faut peaufiner son idée, faire une étude de marché, même minime, pour faire son business modèle. Pourquoi je veux le faire ? Quelle est ma cible ? Quel chiffre d’affaires je souhaite faire ? Vraiment faire une analyse avant de se lancer. Et puis une fois cela fini, entreprendre avec les tripes. Il faut être passionnée ! Sans passion, on ne peut pas entreprendre. Donc une femme, si elle entreprend avec ses tripes, avec son ventre, il n’y a pas de raison pour qu’elle n’y arrive pas. Par contre, il faut beaucoup de courage, parce que ce n’est pas une vie simple, il y a des hauts et des bas, comme partout, mais ce n’est pas simple, surtout en Afrique. Il y a beaucoup de femmes entrepreneures aujourd’hui, et il y en aura beaucoup plus encore… des modèles à suivre vont émerger !

 

Retrouvez en vidéo l’interview réalisée par SENAR à l’occasion du 8 mars!

 

 

Sokhna Diagne Ndiaye

 

Quelques mots sur votre parcours ?

Je suis Sokhna Ndiaye, pharmacienne de fonction et titulaire d’une officine à Dakar au Sénégal et présidente du Conseil d’Administration de la société Duopharm. Nous avons été accompagnés entre 2010 et 2017 par Investisseurs & Partenaires, et cela s’est très bien passé. Je suis aussi Présidente du Conseil d’Administration de l’Université des Sciences de la Santé, qui forme des pharmaciens, des médecins et des chirurgiens-dentistes. Je suis par ailleurs membre de plusieurs fondations : Vice-Présidente de la Ligue Sénégalaise contre le Cancer, Présidente de la commission des diplômés de la fondation de l’université Cheick Antia Diop, représentante au Sénégal du Monaco Collectif humanitaire où je représente la Croix Rouge monégasque et l’association Rencontres Africaines. J’ai aussi d’autres activités sociales dans l’éducation…

Comment arrivez-vous à concilier votre vie personnelle et votre vie professionnelle ?

Très bonne question. C’est juste une question d’organisation. Dans mon officine, il y a 25 personnes : ce n’est pas facile à manager mais nous avons une organisation cohérente. Chacune et chacun a une mission propre. Au sein de Duopharm, en tant que Présidente du Conseil d’Administration, je suis très impliquée mais je ne suis pas dans l’exploitation directe, ce qui permet de libérer du temps et de me consacrer à d’autres activités sociales qui sont extrêmement importantes pour moi.

Être une femme, un atout ou une difficulté dans le milieu professionnel ?

Je pense que dans le domaine social, notamment quand je regarde mon expérience à la Ligue Sénégalaise contre le cancer, être une femme donne un peu plus de sensibilité à nos partenaires. Au Sénégal, les femmes occupent un rôle important. Il y a eu des avancées significatives.  Les femmes au Sénégal se sont pratiquement approprié le secteur social et je pense que le fait d’être une femme est un avantage pour coordonner ces activités et ces mouvements-là.

Un conseil aux (futures) femmes entrepreneures ?

Il faut que les femmes aient confiance en elles, le débat ne se pose pas. En Afrique, les femmes pourraient jouer un plus grand rôle économique. Les femmes n’ont pas un rôle de seconde zone. Je pense que c’est aux femmes de continuer à se battre, de montrer qu’à chaque fois qu’on leur confie une tâche ce qu’elles sont capables de faire. Les résultats sont tangibles à l’échelle mondiale me semble-t-il : à chaque fois que dans des domaines spécifiques, on confie la gestion à une femme, les résultats, les performances sont supérieures à celles des hommes. Une femme ne doit pas avoir peur du fait d’être femme. Une femme doit s’affirmer, se battre et une fois à leur poste, travailler et donner plus de résultats que les hommes. Donc les femmes: travaillez, travaillez bien!

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La Laiterie du Berger, le parcours d’une entreprise engagée au Sénégal

Jérémy Hajdenberg revient sur le parcours de l’entreprise sénégalaise La Laiterie du Berger et de son fondateur Bagoré-Xavier Bathily. Valoriser la production laitière locale, l’objectif principal poursuivi par La Laiterie…

Jérémy Hajdenberg revient sur le parcours de l’entreprise sénégalaise La Laiterie du Berger et de son fondateur Bagoré-Xavier Bathily. Valoriser la production laitière locale, l’objectif principal poursuivi par La Laiterie du Berger, s’est révélé un choix difficile dans le contexte sénégalais, mais l’entreprise a su s’adapter et évoluer, devenant un véritable porte-voix sur certains enjeux agro-industriels au Sénégal.

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