Penser et agir pour l’entrepreneuriat en Afrique

Niger

Résilience et adaptation en période d’insécurité : le combat des entrepreneures nigériennes (1/2)

La femme nigérienne a de tous temps brillé par sa résilience, par instinct de survie dans un environnement aride et hostile.  Si les écrits, dans une histoire africaine traditionnellement orale,…

La femme nigérienne a de tous temps brillé par sa résilience, par instinct de survie dans un environnement aride et hostile. 

Si les écrits, dans une histoire africaine traditionnellement orale, sont relativement récents, ils commencent dès la fin du 19e siècle à nous vanter le courage d’une reine guerrière, figure de la résistance face aux colons – Sarraounia Mangou. De 1960 à 1974, le Niger refait parler de lui à travers sa première « Première Dame », Mme Aïssa DIORI, qui charme, certes, par sa grande beauté, mais surtout par son charisme inégalé et son intelligence rare. Ainsi, « son prestige rayonne à travers le monde. Côtoyant les grands de ce monde (Elisabeth II, Haïlé Sélassié, Nasser, De Gaulle, Johnson…), Madame Diori impose respect et admiration. Aux côtés de son époux, elle entamera, sans bousculer, l’émancipation féminine par le travail et la rigueur, dans cette région afro-musulmane. » Elle a tant et si bien incarné la résilience. Tant dérangée, qu’elle a été personnellement visée et mortellement touchée lors du coup d’Etat de 1974.

En 1992, le Niger instaure, en plus du 8 mars qui est mondialement célébré, une journée de la femme nigérienne, afin d’honorer cette résilience. En effet, suite à la marche historique de 1991 des femmes pour réclamer une plus grande représentativité au sein de la commission préparatoire de la Conférence Nationale Souveraine, le 13 Mai symbolise désormais la journée de la femme nigérienne instituée par décret présidentiel.

 

Ceci étant dit, rappelons quelques aspects de cet environnement hostile. Bien que représentant 50,60% de la population, les femmes affichent le taux d’analphabétisme le plus élevé, atteignant 78%  (contre 60% pour les hommes) et sont également les plus pauvres. En effet, quatre pauvres sur cinq sont des femmes, coulant sous le poids des barrières socioculturelles et économiques telles que la dépendance matérielle, caractérisée par un faible pouvoir de décision, une pénibilité des travaux et un difficile accès aux services de base. Une dépendance financière se traduisant par une monétisation faible, un accès  laborieux aux connaissances, aux emplois et aux ressources productrices.

Le Niger détient deux tristes records, impactant tous les deux les femmes : le plus fort taux de fécondité au monde (6,2 enfants par femme en 2021 vs 7,6 en 2012) et le plus fort taux de mariages précoces : 77% de nos filles sont mariées avant 18 ans et 28% avant 15 ans. Et il ne s’agit là que des chiffres officiels… beaucoup pensent que la réalité est encore plus alarmante.

Dans ce contexte, les femmes ont très vite compris que la solidarité – qui rejoint le concept en vogue de sororité – était leur seule option et les entrepreneures ne font pas exception à cette tendance.

 

Culturellement, elles sont cantonnées à un type de métiers “acceptables” pour des femmes : la couture, l’esthétique, la transformation agro-alimentaire ou la commercialisation de fruits et légumes et la cuisine qui sont également des secteurs à faible marge, à faible revenu. Et avec de faibles barrières à l’entrée, la concurrence y est donc importante, et les activités y sont souvent informelles.

Dans les villes, elles dirigent ou s’investissent dans des TPE et des PME. Elles cumulent les initiatives et les emplois. Lorsqu’elles ont eu accès à une formation, elles conservent leur emploi salarié et développent leur TPE en parallèle. L’insécurité ne les affecte pas beaucoup, elles aménagent simplement leurs horaires et prennent des précautions pour éviter les zones dangereuses à la périphérie. 

Dans les zones rurales, elles exercent des activités génératrices de revenus. Dans les villages, les femmes s’occupent traditionnellement des cultures maraîchères, de l’élevage de volaille et de petits ruminants. Ces revenus leur permettent de contribuer à prendre en charge la famille. Avec l’insécurité, les pillages et les agressions ont privé nombre d’entre elles de revenus, entraînant une hausse des prix sur les marchés et une paupérisation de communes entières. La migration forcée, l’exode rural et les pertes des pères de famille et des fils au front, ont augmenté la vulnérabilité des femmes rurales et les violences basées sur le genre. 

Toutefois, depuis 1992, elles s’organisent en Union. Il s’agit d’une association ou structure de femmes qui ont décidé volontairement de se regrouper pour défendre des intérêts communs, mais surtout construire leur autonomisation financière à travers des tontines – le plus souvent 100% féminines. L’insécurité a renforcé davantage cette solidarité. 

Le système financier s’est également adapté et propose de plus en plus des produits à ces groupements, qui accèdent ainsi à l’épargne puis au crédit, et peuvent s’affranchir de la garantie ou de la caution qui leur était donnée par un homme. La dématérialisation des tontines traditionnelles permet également de lutter contre les pillages et de sécuriser les avoirs de ces unions de femmes. 

Rurales ou urbaines, les entrepreneures nigériennes s’organisent, construisent et poursuivent leur résilience. Des groupes dédiés aux entrepreneures se créent sur les réseaux sociaux, des associations professionnelles également, ainsi que des incubateurs exclusivement dédiés aux femmes. Une institution de microfinance, la MECREF, a fait le pari depuis plus de 20 ans de s’adresser à une clientèle constituée à 100% de femmes. En effet, au Niger comme dans le reste du monde, les études montrent que les entrepreneures sont de meilleures payeuses que les hommes. 

“Rurales ou urbaines, les entrepreneures nigériennes s’organisent, construisent et poursuivent leur résilience.”

 

Il n’en demeure pas moins que la situation reste critique dans de nombreuses régions. Depuis le début de l’année 2023, selon les chiffres officiels, environ 670.000 déplacés forcés ont été recensés au Niger, dont 52% sont des femmes.

Les femmes nigériennes auront un rôle de plus en plus important à jouer dans la reconstruction de la paix au Niger. Souvent, les familles de militaires se retrouvent seules avec des femmes à leurs têtes. Et comme ce que l’on a pu observer lors des grandes guerres mondiales en Europe, les femmes sont tout à fait capables de maintenant prendre la tête de ces familles là et de pouvoir avoir une activité économique génératrice de revenus qui va prendre en charge la famille. 

Leur résilience est encore mise à l’épreuve suite au Coup d’État du 26 juillet 2023. Les sanctions pèsent sur les ménages et sur les femmes en particulier, notamment la hausse des prix des denrées alimentaires. Les Nigériennes appellent davantage à la paix et au recours à une sortie de crise diplomatique mais se passionnent également pour cette page historique que le pays tout entier écrit désormais.

“Leur résilience est encore mise à l’épreuve suite au Coup d’État du 26 juillet 2023”

 

Ainsi, plus que jamais, l’autonomisation des femmes participe au développement économique et doit être une priorité. Cela a un impact plus important au niveau de la santé, au niveau de l’éducation et au niveau du développement économique en général. Et le fait qu’elles s’impliquent davantage et que nous puissions les accompagner davantage aura un impact sur la sécurité de manière transversale et de manière localisée.

Aller plus loin : dans la série “Résilience et Adaptation”, découvrez l’article de Mohamed Keita,”Le renouveau du Mali passera par le secteur privé“.

 

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Le secteur de l’agroalimentaire au Niger face au coronavirus

La crise sanitaire liée à la pandémie covid-19 a précipité de nombreuses économies dans un marasme dont elles peinent à se sortir. Partout où des mesures de confinement et de…

La crise sanitaire liée à la pandémie covid-19 a précipité de nombreuses économies dans un marasme dont elles peinent à se sortir. Partout où des mesures de confinement et de distanciation sociale ont été mises en place, les entreprises ont dû s’adapter aux nouvelles conditions de vente pour tenter de survivre. Pour autant, toutes les entreprises n’ont pas été affectées de la même manière.

Au Niger, la peur du virus d’abord, puis l’annonce d’un couvre-feu, ont poussé les citoyens à rester chez eux, à consommer moins et/ou différemment d’une part, à ne pas se rendre au travail pour un certain temps d’autre part. Pour les petites et moyennes entreprises du secteur agroalimentaire, le défi était double. Il a fallu parvenir à continuer de vendre, et pour cela, également assurer aux employés des conditions de travail sûres.

Nous avons recueilli les témoignages de trois entrepreneurs présents sur le marché de l’agroalimentaire au Niger, qui ont accepté de présenter leur combat, leurs besoins et leurs solutions : Maimouna Zeine fondatrice de La Crémière du Sahel, Souleymane Madé, à la tête de Made’s Group, une unité industrielle spécialisée dans la production et la commercialisation de chips, de farine infantile et d’arachides, et Bachir Rockya Lahilaba, fondatrice de Sahel Délices.

 

Un impact immédiat sur les capacités de production des entreprises

L’arrêt du travail ainsi que la fermeture des frontières ont, à très court terme, fortement perturbé l’approvisionnement en matières premières du secteur agro-alimentaire. Sahel Délices, une entreprise basée à Niamey spécialisée dans la production de jus locaux à base de plantes, s’est retrouvée coupée de ses fournisseurs dès le début de la crise. La plupart des matières premières en effet sont récoltées par des groupes de femmes dans les villages environnants de la capitale, qui profitent des jours de marché pour venir vendre à la ville leurs produits. Le confinement et l’interdiction de se déplacer au Niger ont fait cesser la circulation des bus entre les zones rurales et Niamey. Les plantes disponibles se sont donc faites plus rares, et mécaniquement les prix ont été revus à la hausse. Les coûts de production ont donc également augmenté, ce qui s’est finalement répercuté sur les prix de vente, alors même que les consommateurs ont en moyenne perdu du pouvoir d’achat avec la crise liée au Covid-19.

Les problèmes d’approvisionnement ont également concerné d’autres intrants indispensables à la production, comme les emballages. Sahel Délices avait l’habitude de se fournir au Nigéria pour les bouteilles dans lesquelles ses jus étaient vendus, mais la chaine de transport a été coupée avec la fermeture des frontières. Pour pallier le manque de bouteilles, l’entreprise s’est tournée vers des producteurs locaux, mais cette solution ne s’est pas avérée optimale car les bouteilles produites au Niger ne correspondaient pas aussi bien aux attentes de la clientèle, qui a réduit sa consommation.

 

Comment vendre au temps du confinement ?

L’ensemble du secteur de l’agroalimentaire n’a pas été atteint de la même manière, ni avec la même ampleur. L’impact global du confinement sur les ventes a néanmoins plutôt été négatif.

Les mesures de couvre-feu mises en place ont eu pour effet une baisse des ventes. De nombreux produits sont vendus en ville, dans les épiceries, et de ce fait, le flux de clients a diminué. Pour faire face à la baisse des ventes, les boutiques ont parfois simplement refusé de prendre les réapprovisionnements. Pour La Crémière du Sahel, une fromagerie au cœur de Niamey, les livraisons sont passées de trois fois à une fois par semaine. Au mois d’avril, le travail a même été complètement arrêté. Les activités n’ont pu reprendre qu’au mois de mai.

Le couvre-feu, fixé à 19h, a également limité le temps de consommation. A 18h, les citoyen.ne.s restaient chez eux jusqu’à 6h du matin. Les consommateurs ont donc recentré leurs achats sur des produits de première nécessité. Pour une entreprise comme Sahel Délices, spécialisée dans les jus et qui réalise donc une part importante de ses bénéfices pendant les périodes de grande chaleur et du ramadan, les changements d’habitudes de consommation ont donc eu un impact fort.

Certaines entreprises ont alors réagi en proposant des services de livraison à domicile de leurs produits, à l’instar de Sahel Délices. Dans la pratique, cette forme d’adaptation n’a pas été immédiatement opérationnelle : les livreurs ont dû être formés aux gestes barrières, au port du masque et des gants, dans la mesure où les clients refusaient les livraisons si celles-ci n’étaient pas assurées avec un strict respect des nouvelles normes sanitaires.

 

Des synergies pour sortir de la crise

Les bonnes pratiques mises en place par ces PME du secteur agroalimentaire relèvent de la réactivité des entrepreneurs, mais aussi de leurs collaborations avec d’autres acteurs du secteur privé, et plus marginalement avec le gouvernement, qui a entrepris l’élaboration d’un programme de soutien aux entreprises. Sa mise en place est attendue avec impatience : les charges (loyers, rémunérations des salariés, factures d’eau et d’électricité) n’ont pas encore été allégées et aucune modalité de report ou d’un quelconque assouplissement n’a été proposée. De la même manière, les subventions promises n’ont pas été versées.

La crise a également mis à l’épreuve Sinergi Niger, premier fonds d’investissement à impact dédiées aux petites entreprises nigériennes. Face à une situation inédite pour les entreprises comme pour Sinergi, il a fallu innover pour accompagner aux mieux les entrepreneurs dans ces temps difficiles.

 

Quels sont les besoins de ces entreprises aujourd’hui ?

Quelle que soit l’ampleur de leurs difficultés, les PME de l’agroalimentaire au Niger ont besoin de visibilité, en particulier sur le marché national. Elles ont intégré en effet que le gouvernement ne pourra pas les sortir de la crise, et ont entrepris de trouver les voies de leur développement futur sans attendre. Pour Mme Bachir Rockya Lahilaba, à la tête de Sahel Délices, la priorité est de s’implanter dans le pays. Son entreprise, comme beaucoup d’autres, a eu du mal à payer toutes les charges auxquelles elle a été soumise, et la crise du Covid-19 a également accentué ses difficultés de remboursement aux emprunts contractés avant celle-ci.

De ce fait, les programmes d’aides pour les PME proposés par le gouvernement du Niger d’octroi de crédits supplémentaires pour essayer de s’en sortir sont loin d’être une une solution miracle. Ces entreprises ont déjà du mal à faire face aux endettements préalables : s’endetter plus encore apparaissait trop risqué.

Sahel Délices a fait le choix de ne pas compter sur des subventions et des aides, mais de développer un plan commercial et marketing et des supports de communication pour « aller chercher l’argent là où il est ». Pour la Crémière du Sahel et pour Made’s Group, qui dépendaient avant la crise de débouchés dans la sous-région, le développement de leurs activités au Niger est également devenu une priorité.

 

« Être entrepreneur face au Covid-19 »…

… c’est avant tout ne pas désespérer par les temps difficiles. Les trois entrepreneurs partagent la même attitude face à la crise actuelle : cette situation passera, il faut tenir bon dans la tempête pour pouvoir profiter des jours meilleurs à venir.

La clé de la survie ? L’adaptabilité et la capacité à toujours trouver un moyen de vendre, même s’il n’est pas possible de faire autant qu’en période d’expansion. Sur un marché très concurrent, comme celui de l’agroalimentaire, les produits peuvent disparaître très vite et c’est ce qu’il faut à tout prix éviter.

 « Être entrepreneur, c’est être engagé dans un combat permanent », rappelle Maimouna Zéine, fondatrice de La Crémière du Sahel. « Un combat qui n’est jamais gagné d’avance mais dont la récompense vaut la peine que l’on se batte pour elle ».

 

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Entretien avec Bachir Rockya Lahilaba, fondatrice de Sahel Délices au Niger

La propagation du covid-19 a entraîné dans de nombreux pays africains la mise en place de mesures d’endiguement et de confinement. Celles-ci ont profondément affecté les activités économiques, et particulièrement…

La propagation du covid-19 a entraîné dans de nombreux pays africains la mise en place de mesures d’endiguement et de confinement. Celles-ci ont profondément affecté les activités économiques, et particulièrement les petites et moyennes entreprises qui ont rencontré des situations inédites auxquelles elles ont dû s’adapter pour survivre.

Dans ce contexte, les partenaires fondateurs du blog (I&P, la FERDI et le Club Africain des Entrepreneurs) travaillent ensemble afin de produire une série d’articles retraçant les difficultés auxquelles les entreprises font face et les alternatives trouvées. Comment les PME africaines font-elles face à la crise sanitaire et économique et quelles mesures peuvent être prise pour les aider à surmonter la crise ?

 

Le premier article de cette série rend compte d’un entretien réalisé avec Mme Bachir Rockya Lahilaba, fondatrice de Sahel Délices, entreprise nigérienne du secteur agro-alimentaire créée en 2015, qui cherche à valoriser la matière première locale. Les jus à base de plantes locales comme le bissap ou le baobab sont les produits phare de l’entreprise, qui produit également des tisanes, épices et confitures.

 

Comment avez-vous traversé la crise sanitaire et économique du Covid-19 ces derniers mois ? Quels ont été les impacts sur Sahel Délices ?

Quand le nombre de cas a commencé à augmenter il y a quelques mois, nous avons rapidement compris que cette crise toucherait aussi directement l’Afrique. Au début, tout le monde a eu peur. Nous avons dû fermer Sahel Délices pendant un moment pour voir comment la situation allait évoluer. Et puis la peur a été surmontée, la boutique a ouvert à nouveau.  Nous avons voulu continuer l’activité avec les mesures sanitaires et suivre toutes les consignes du gouvernement.

Plusieurs difficultés ont émergé au fur et à mesure de la crise :

D’abord, l’approvisionnement en matière première : la ville de Niamey a été mise en situation d’isolement. Or les matières premières proviennent des zones rurales, notamment grâce aux femmes qui viennent des marchés ruraux environnants pour vendre les produits cultivés dans la capitale. Ces femmes ne pouvaient plus se déplacer, faute de bus entre les villages et la capitale. Cela a entrainé la hausse des prix des matières premières (baobabs, tamarins, hibiscus etc.)

Deuxièmement, l’approvisionnement en emballage : Les emballages que nous utilisons viennent du Nigeria. Avec la fermeture des frontières avec le Nigeria, les coûts des emballages ont nettement augmenté. Sahel Délices a essayé de s’adapter à la réduction d’approvisionnements en achetant des bouteilles directement ici au Niger, mais la production locale n’est pas de grande qualité, certains clients étaient mécontents. Le manque d’emballage est donc un véritable problème dans ce contexte !

Le troisième problème auquel nous avons eu à faire face commence à se résoudre, mais nous avons connu une période difficile durant le mois de mars-avril : nos livreurs oubliaient les masques ou les gants pendant leurs services. Au niveau de la production, il n’y a pas eu de problèmes puisque les masques et gants étaient déjà obligatoires, mais pour les livreurs, il a fallu insister un peu parce qu’ils n’avaient pas l’habitude. Les clients rejetaient la livraison si les livreurs ne respectaient pas ces conditions.

De manière plus générale, Sahel Délices a dû faire face à une baisse des ventes : les produits phares, nos jus de fruits, se vendent habituellement mieux pendant les périodes de grande chaleur et pendant le mois de ramadan. Mais cette année, les ventes ont baissé, les gens ont tellement dépensé pour le confinement qu’ils ont dû réduire leurs dépenses. Le couvre-feu, fixé à 19h, a également limité le temps de consommation.

La peur a été surmontée.  Nous avons voulu continuer l’activité avec les mesures sanitaires et suivre toutes les consignes du gouvernement.

 

Comment l’entreprise a été accompagnée pendant la crise ?

Nous sommes partenaires du fonds Sinergi Niger depuis 2019, et le partenariat nous a beaucoup apporté, en termes de financement et d’accompagnement. On organise régulièrement des conseils de gestion, qui nous permettent de profiter pleinement de l’expérience de l’équipe ! Ces conseils ont toujours été maintenus, même au plus fort de la crise.

Sinergi nous a aidé à l’acquisition de certaines machines. En 2015, notre production était totalement artisanale, mais elle se transforme progressivement en production semi-industrielle. Les machines permettent de mettre une nouvelle gamme de jus sur le marché. Avant l’arrivée du covid, Sahel Délices avait prévu de lancer une gamme petits-prix pour toucher de plus petits consommateurs, mais la crise en a reculé le lancement.

 

De quel type d’accompagnement avez-vous besoin aujourd’hui, notamment compte-tenu du contexte ?

Sahel Délices est une entreprise qui a commencé sur fonds propres. Nous avons eu des partenaires tels que Sinergi Niger, ou encore l’Ambassade de France, et aujourd’hui, nous aimerions que nos produits soient connus sur tout le territoire et à moyen terme dans la sous-région. Les solutions que le gouvernement a proposées ne sont pas très adaptées.

Sur le plan financier, nous avons pu bénéficier de subventions et tout allait bien sur le plan des crédits et remboursements avant la crise du covid-19, mais celle-ci a rendu les remboursements plus difficiles. Les programmes d’aides pour les PME et grandes entreprises proposés par le gouvernement du Niger concernent principalement l’octroi de crédits pour essayer de s’en sortir. Mais est-ce que le crédit est une solution pour les PME ? Ces entreprises ont souvent déjà du mal à faire face aux endettements préalables. Cette option semble plutôt creuser les problèmes que les résoudre.

Nous n’attendons pas vraiment des subventions et des aides, mais plutôt un appui pour développer un plan commercial et marketing, pour aller chercher l’argent là où il est ! Il nous faut des supports de communication, des supports marketing pour que ceci nous permette de nous relever.

 

Un mot de conclusion ?

Eh bien tout simplement que c’est difficile pour tout le monde. 2020 est l’année la plus difficile. Nous avons bien conscience des problèmes posés par cette crise. Pour la première fois depuis sa création, Sahel Délices n’arrive pas à faire face à certains de ses engagements. Mais il ne faut pas baisser les bras, nous devons identifier là où sont les solutions et aller les chercher. Il faut mettre fin à la paralysie. Il ne faut pas abandonner car la vie d’entrepreneur c’est un combat permanent. Si c’était facile tous les jours, tout le monde serait entrepreneur ! La clé c’est l’adaptation.

Il ne faut pas baisser les bras, nous devons identifier là où sont les solutions et aller les chercher. Il faut mettre fin à la paralysie. La clé c’est l’adaptation.

 

 

 

 

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