Penser et agir pour l’entrepreneuriat en Afrique

Témoignages

Dans les articles “témoignages”, les auteurs reviennent sur leurs parcours et partagent leur expérience du quotidien. Toutes les parties prenantes de l’écosystème entrepreneurial en Afrique sont invitées à s’exprimer: les entrepreneur.e.s, mais aussi les incubateurs, investisseurs, acteurs du développement…

La législation fiscale en question : le rôle des conventions d’établissement dans le secteur aurifère africain

Jusque dans les années 90, le continent africain pourtant riche en ressources minérales, attirait peu les investissements miniers.

Jusque dans les années 90, le continent africain pourtant riche en ressources minérales, attirait peu les investissements miniers.

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Innover dans l’investissement pour renforcer l’autonomisation des Femmes

Cet article a été co-écrit par Ksapa et Investisseurs & Partenaires, et est également publié sur leur site web.   La question du genre est au cœur du débat international….

Cet article a été co-écrit par Ksapa et Investisseurs & Partenaires, et est également publié sur leur site web.

 

La question du genre est au cœur du débat international. Lélimination de la discrimination des femmes et des filles, l’autonomisation des femmes et la parité entre femmes et hommes sont considérés comme des facteurs clefs du développement, du respect des droits humains, de la paix et de la sécurité mondiale. Les Objectifs de Développement Durable ont d’ailleurs réaffirmé ce rôle clef de l’autonomisation des femmes dans le jeu démocratique, pour prendre les décisions qui s’imposent dans sur tous les aspects du développement durable.  

Pour étudier les implications de l’autonomisation des femmes pour le secteur privé, Ksapa s’est rapproché d’Investisseurs & Partenaires, spécialiste de l’investissement à impact sur le continent africain. Ensemble, nous examinons les données du défi de l’autonomisation de la femme, particulièrement prégnant en milieu rural à travers le continent africain. Comment, dans les conditions actuelles, adapter les plans d’action sur le genre des investisseurs et des entreprises pour mieux répondre au défi ? Forts des différentes initiatives que nous menons, Ksapa et I&P tirent des recommandations pratiques pour la mobilisation du capital et les technologies disponibles en faveur de l’autonomisation des femmes.

 

1. Grands enjeux de l’autonomisation des femmes

L’autonomisation des femmes implique, en essence, une distribution équitable des ressources entre les hommes et les femmes, les filles et les garçons. Voilà pour le principe. En pratique, l’autonomisation des femmes bouscule des comportements sociaux très ancrés, qui se traduisent dans des décisions sociales, économiques et culturelles tout aussi structurelles.

  • Des disparités structurelles entre hommes et femmes

De fait, hommes et femmes, garçons et filles ne sont pas égaux face à la pauvreté et dans l’accès aux opportunités d’avancement – et ce, d’autant moins dans le contexte des crises climatiques, sanitaires et socio-économiques actuelles. Les femmes ne représentent qu’un tiers ou moins de la richesse en capital humain dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire inférieur. En Asie du Sud, les pertes liées aux inégalités de genre sont estimées à 9 100 milliards de dollars, contre 6 700 milliards de dollars en Amérique latine et dans les Caraïbes et 3 100 milliards de dollars au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. En Afrique subsaharienne, elles atteignent 2 500 milliards de dollars.

À ce titre, l’OCDE publie un indice des institutions sociales et égalité entre hommes et femmes pour mesurer, à l’échelle internationale, les discriminations à l’encontre des femmes dans les institutions sociales. Pour exemple, en 2019, cet indice était de 37.0 au Sénégal, 42,8 en Côte d’Ivoire et 34,5 au Ghana.

  • Impacts socio-économiques de l’autonomisation de la femme

Pour autant, et bien qu’elles fassent l’objet de préjugés, les femmes contrôlent actuellement 32% de la richesse, ajoutant ainsi 5 000 milliards de dollars à la richesse mondiale chaque année. Le tout à un rythme beaucoup plus rapide que par le passé. En outre, pour chaque dollar d’investissement levé, les jeunes entreprises appartenant à des femmes génèrent 0,78 dollar de revenus, contre 0,31 dollar pour les entreprises dirigées par des hommes. Ainsi, la parité entre hommes et femmes sur le marché du travail pourrait générer une hausse de 26% du PIB mondial annuel d’ici à 2025.

  • Zoom sur la femme dans le secteur agricole africain

L’agriculture en particulier représente près de 25 % du PIB de l’Afrique et les femmes constituent près de la moitié de la main d’œuvre de ce secteur en Afrique subsaharienne. Sur l’ensemble du continent, l’agriculture s’avère même le tout premier employeur des femmes, concentrant 62 % des femmes actives. Dans certains pays, comme le Rwanda, le Malawi et le Burkina Faso, elles sont même plus de 90 % à y travailler.

Le travail des femmes est, comme ailleurs, sujet à des disparités critiques – notamment en termes de répartition des tâches et de prépondérance du travail informel. Dans le milieu agricole africain, les femmes tendent à opter pour des cultures et techniques spécifiques et leur travail n’est pas rémunéré de la même façon.

Lorsqu’il fait l’objet d’un contrat, il ne porte pas systématiquement leur nom – et souvent celui de leur mari. De même, les agricultrices africaines ont tendance à investir les marchés locaux et le commerce de détail, là où les hommes misent davantage sur le commerce de gros, avec une portée régionale.

 

2. Intégrer une solide perspective du genre dans les stratégies d’investissements à impact

La lutte contre la pauvreté et la sécurité alimentaire dépendent directement du développement de solutions systématiques pour l’autonomisation des femmes. Les mesures nécessaires pour développer des moyens de subsistance stables grâce au secteur agricole africain incluent donc des dispositifs innovants d’accès à la terre, au capital et moyens de production – en particulier pour les femmes.

C’est précisément pourquoi la Banque mondiale a élaboré une stratégie de genre à destination des développeurs de projets internationaux. Le document liste 4 leviers clefs pour diminuer les écarts entre hommes et aux femmes :

  • Sensibilisation : Améliorer les écarts entre hommes et femmes en réduisant notamment les différentiels d’accès à la santé, l’éducation et la protection sociale (par exemple, les transitions école/travail, les stéréotypes sexistes sur le lieu de travail, les droits en matière de santé sexuelle et génésique…).
  • Opportunité : Supprimer les barrières à un emploi plus important et de meilleure qualité, en stimulant la participation des femmes, les opportunités pour elles de générer leurs propres revenus et d’accéder aux actifs productifs (en gardant à l’esprit les considérations clés de la charge des soins, de l’accès à la mobilité et à l’emploi formel…).
  • Capacité d’action : Renforcer l’expression des femmes et les mettre en capacité d’agir, en incitant les hommes et garçons à partager avec elles les décisions sur la prestation de services, la réduction des violences sexistes et la gestion de situations conflictuelles.
  • Propriété : Supprimer les obstacles à la propriété et au contrôle des biens par les femmes, en améliorant l’accès des femmes à la terre, au logement et à la technologie.

En s’appuyant sur cette stratégie, les investisseurs, et en particulier les équipes de développement, sont amenés à examiner les modalités de dialogue avec les parties prenantes potentiellement impactées, afin d’identifier et évaluer les écarts concrets entre les genres. Autant d’efforts qui débouchent sur le développement d’un plan d’action en matière de genre.

 

3. Exemples pratiques de la mobilisation du capital pour l’autonomisation des femmes

  • Zoom sur 3 entreprises du secteur agricole soutenues par I&P 

I&P est engagé depuis 20 ans pour financer et accompagner l’émergence de champions de l’entrepreneuriat africain. En tant qu’investisseur d’impact, I&P vise un retour social et/ou environnemental positif ainsi qu’une performance financière significative dont l’impact est mesurable par un processus continu d’évaluation.

Cette approche porte à la fois dans le choix d’investissements ciblés et dans l’accompagnement des entreprises sélectionnées. L’accompagnement se caractérise également par la mesure de l’impact social et/ou environnemental de l’entreprise, sur la base d’objectifs prioritaires et de modalités de suivi des progrès sur les impacts positifs escomptés. Dans le cadre de sa stratégie genre1, I&P cherche activement à développer un pipeline de PME, soit gérées par des femmes, soit à fort impact pour les femmes.

I&P inclut donc systématiquement des plans d’action spécifiques au genre dans le plan d’action ESG des entreprises en portefeuille (augmentation du nombre d’emplois féminins, accès à des postes de direction, formations spécifiques…). À date, 33% des entreprises accompagnées par la famille I&P sont dirigées par des femmes. De même, 79% du portefeuille d’I&P répond à au moins un critère du 2X Challenge, une initiative des banques de développement pour définir ce qui serait considéré comme un investissement favorable aux femmes.

Au sein du portefeuille d’I&P, plusieurs entreprises illustrent comment une perspective de genre peut être développée dans le secteur agriculture, comme :

    • Soafiary (Madagascar) :Fondée en 2006 par la promotrice malgache Malala Rabenoro, Soafiary est spécialisée dans la collecte, la transformation et la vente de céréales (maïs, riz) et de légumineuses (haricots, pois du cap, lentilles, soja) sur le marché local et international.
    • Citrine (Côte d’Ivoire) :Citrine Corporation est une entreprise spécialisée dans la transformation du manioc en attiéké frais (semoule de manioc) et en placali (pâte de manioc) au sud de la Côte d’Ivoire, plus précisément à Grand-Bassam.
    • Rose Eclat (Burkina Faso) :Entreprise familiale créée en 1999 par Rosemonde Touré, Rose Eclat est une société de transformation de fruits et légumes. Aujourd’hui, l’entreprise met sur le marché national et international des fruits et légumes transformés et/ou séchés certifiée biologique et conforme à la méthode de gestion de la sécurité sanitaire des aliments (HACCP). L’entreprise produit principalement de la mangue mais aussi des bananes, des gombos, des fraises ou encore des oignons.

Emblématiques de l’action d’I&P en matière d’autonomisation des femmes dans le secteur agriculture, ces trois entreprises se sont engagées à appliquer une politique favorable à l’égalité des genres et à l’autonomisation des femmes. L’une d’entre elles, Soafiary, a retranscrit cette politique en une feuille de route résumant tous ses engagements en matière d’égalité et d’autonomisation des femmes. Cette feuille de route écrite sert à tracer les grandes lignes de la politique genre de l’entreprise, et est surtout un outil concret de suivi et d’évaluation que ce soit en interne ou en externe des avancés et des efforts qui ont été fait par l’entreprise en matière d’égalité homme-femme.

Les trois entreprises priorisent le recrutement des femmes aux emplois saisonniers et n’appliquent aucune forme de discrimination sexuelle pour les recrutements aux emplois fixes. Les femmes y sont également impliquées dans le processus de prise de décision et occupent divers postes à responsabilité. Ainsi, les hommes et les femmes ont les mêmes égalités de chance d’avancement professionnel – soit via l’accès à des emplois fixes ou à emplois saisonniers, et ce avec des rémunérations comparables. Les femmes bénéficient en outre de formations sur leurs lieux de travail.

Rose Eclat en particulier donne l’opportunité aux femmes de se former en dehors de l’entreprise en vue d’un avancement professionnel ou qui leurs permettront plus tard de se mettre à leurs comptes.

Les trois entreprises veillent de plus au respect des droits à l’intégrité physique et morale des femmes sur et en dehors de leurs lieux de travail et les donnent accès à des soins de santé et à la protection sociale. Soafiary a également mis en place un système d’inclusion financière et de bancarisation des femmes. L’accès à des produits et services financiers permet aux femmes d’anticiper le financement d’objectifs à long et moyen terme ou de faire face à des imprévus. Par ailleurs, l’épargne encourage le crédit, et inversement.

  • Zoom sur l’approche SUTTI de Ksapa

Misant particulièrement sur ce levier de la formation, Ksapa a lancé l’initiative Scale-up Training, Traceability, Impact initiative (SUTTI) pour le développement de chaînes d’approvisionnements agricoles responsables. Nous proposons pour cela aux petits exploitants agricoles l’accès à de la formation et de l’éducation technique et opérationnelle. Ainsi nous visons l’optimisation des cultures et la production économique agricole, l’amélioration de la qualité des moyens de subsistance des agriculteurs en augmentant les revenus, en diversifiant les activités et en réduisant la pauvreté et enfin la parité entre hommes et femmes. Et ce, notamment pour retenir les jeunes fermiers dans les zones rurales.

Grâce au développement de notre propre application numérique, nous combinons l’analyse et l’évaluation, la structuration de la coalition et le calibrage du pilote et la mise en œuvre du programme et le suivi de l’impact. C’est ainsi que Ksapa mesure l’impact de l’initiative SUTTI et particulièrement les impacts spécifiques liés aux femmes, principalement leur inclusion dans le programme. Via la formation, nous soutenons l’autonomisation des femmes, en ouvrant la division conventionnelle du travail et le potentiel des femmes à vendre et gérer le produit de leur travail et à exploiter des activités de revenus diversifiées.

Parce que les femmes subissent de plein fouet le manque d’inclusion financière, d’alphabétisation et de compétence numérique, notre solution vise une accessibilité optimale de ces dernières. Nos programmes étant centrés la diversification des revenus des petits producteurs agricoles, ils développent par là même un levier additionnel d’autonomisation des femmes en milieu agricole. En somme, cette approche vise à débloquer 4 défis clefs de la manière suivante :

DEFIS CLEFS  SOLUTIONS PERTINENTES
Faible productivité due au manque d’accès à l’information et aux services, au changement climatique, à la variabilité des conditions météorologiques et aux épidémies de parasites et de maladies.  Sensibilisation aux bonnes pratiques agricoles (BPA) : dispenser des sessions en face à face et numériques pour encourager la génération de revenus via l’efficacité de l’eau, le crédit carbone et la diversification des cultures. Via une application numérique, il est possible de partager des vidéos et des tutoriels qui soutiennent des tests pratiques et la mise en œuvre des BPA à l’échelle de toute l’exploitation. Développer les outils d’aide à la décision : les applications numériques peuvent inclure une fonction de chat communautaire permettant aux petits exploitants agricoles de partager leurs questions et de décider de la meilleure façon de mettre en œuvre les BPA. Une fonction de marketplace offre aux petits exploitants agricoles l’opportunité de partager des informations sur les prix et volumes pour pouvoir décider où et quand vendre. Lever les barrières de langue et de culture numérique : Adapter les solutions aux besoins des petits exploitants agricoles implique notamment de traduire les contenus dans les langues locales – en intégrant une fonction de synthèse vocale à destination des fermiers moins lettrés.
 Manque d’accès à des produits financiers et d’assurance adaptés Développer des solutions financières pour les petits exploitants, payées par exemple avec des jetons émis via un système de compensation carbone.
L’accès des femmes aux services numériques  Organisation des groupes de formation féminins (par exemple, recruter une cohorte exclusivement féminine sur trois) pour identifier et répondre aux besoins spécifiques des agricultrices. Adapter le contenu en conséquence (par exemple, en incluant une perspective de genre, notamment dans les contenus de formation sur la santé-sécurité sur la ferme).
Manque d’accessibilité et de capacité à sélectionner les marchés et modalités de vente  Structurer l’approvisionnement des petits producteurs agricoles en intrants, payés via un système de compensation carbone et les revenus d’un outil de gamification les incitant à répondre régulièrement à des questionnaires de suivi d’impact. Favoriser l’accès au marché en soutenant la diversification des cultures tout au long de l’année en dehors du cycle de production de la culture prédominante des fermiers concernés. Conforter les outils d’aide à la décision avec un module qui permettre aux petits exploitants agricoles d’identifier de nouveaux modes de commercialisation, suivre leurs transactions et identifier les meilleures options pour acheter/vendre leurs cultures

 

Conclusion 

A la tête de leurs programmes à impact respectifs, I&P et Ksapa tirent ensemble 5 grands enseignements pour l’intégration d’une solide perspective de genre :

  • Prioriser les questions d’autonomisation des femmes dans le développement de projets de développement agricole
  • Formaliser les contributions directes et indirectes du secteur agricole aux dynamiques de genre
  • Clarifier les rôles et responsabilités pour le développement d’une robuste perspective du genre
  • Attribuer des ressources spécifiques à l’autonomisation des agricultrices
  • Développer des mécanismes de dialogue et de remontée des griefs propres aux agricultrices
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Emploi des jeunes : L’Afrique ne doit pas former plus, mais former mieux

Il suffit de quelques chiffres pour comprendre l’ampleur des enjeux liés à l’employabilité des jeunes sur le continent Africain. Aujourd’hui, les 15-24 ans représentent 20% de la population africaine, mais…

Il suffit de quelques chiffres pour comprendre l’ampleur des enjeux liés à l’employabilité des jeunes sur le continent Africain.

Aujourd’hui, les 15-24 ans représentent 20% de la population africaine, mais plus de 40% des chômeurs[1]. D’ici 2030, selon les estimations de l’UNESCO, environ cent millions de jeunes débarqueront sur le marché du travail en raison de la structure démographique du continent.

En parallèle, nombre d’entreprises et d’employeurs sont en quête de personnel qualifié[2], et de fait employable[3]. On constate dans de nombreux secteurs une inadéquation entre les programmes de formation disponibles et les spécificités du marché du travail, en constante restructuration.

On pourrait donc se demander si le grand défi aujourd’hui n’est pas de former plus, mais de former mieux ? Et ce notamment dans le cadre des parcours d’enseignement et de formation techniques et professionnels, qui ont évidemment un grand rôle à jouer pour favoriser l’insertion professionnelle des jeunes.

Nous allons creuser dans cet article trois pistes d’amélioration, en se basant sur l’expérience concrète d’une PME africaine ivoirienne spécialisée dans la formation professionnelle : l’Institut de Management, de Gestion et d’Hôtellerie (IMGH), fondée par Augustine Bro en 2009. Entre décembre 2020 et juillet 2021, les collaborateurs d’IMGH (managers, middle-managers, formateurs) ont en effet participé à formation destinée au renforcement des capacités, organisées par la GIZ Côte d’Ivoire.

 

Piste n°1 : bien négocier le virage vers la digitalisation

Tournés vers la pratique, l’apprentissage et l’acquisition des techniques de travail, les parcours de formation techniques et professionnels sont les premiers à devoir s’adapter à la mondialisation et aux changements technologiques qui en découlent. La transition vers le numérique, qui devait se faire de manière progressive, a été drastiquement accélérée par la crise de la Covid-19, qui a touché de plein fouet le secteur de la formation, et par la même redéfini les demandes du marché du travail.

Les prérequis pour bien négocier ce virage sont dans un premier temps d’ordre matériel. En Afrique de l’Ouest, la connectivité des foyers n’est pas assurée dans de larges zones rurales ou isolées. À ces enjeux de couverture internet, s’articulent ceux du coût des forfaits pour consulter les outils en ligne nécessaires à l’apprentissage[4]. Enfin, l’acquisition de matériels informatiques pour accéder aux contenus des formations en ligne s’avère être une charge supplémentaire pour les étudiants.

 

Focus IMGH :

Pour pallier ces difficultés matérielle, l’IMGH a mis en ligne des capsules de formation consultables via ordinateur et mobile. Une initiative qui a solutionné à la fois l’impossibilité de tenir des cours en présentiel au plus fort de la crise Covid, et celui de la connectivité des apprenants dans la mesure où la plupart avaient au moins accès à internet via leurs smartphones. Des efforts financiers seront encore à faire pour que la totalité des étudiants aient accès aux cours en ligne.

Depuis la crise Covid, l’IMGH a définitivement adopté une formule mixte, combinant présentiel et distanciel. Ce format offre plusieurs avantages : apprentissage à un rythme personnel, contenu personnalisable, économie de coûts… c’est aussi un modèle qui a fait ses preuves et qui saura s’adapter à de probables crises futures, qu’elles soient d’ordre sanitaire, économique ou politique

 

Au-delà des questions de matériel et de connectivité, le plus grand défi de cette transition vers le digital pourrait être celui de la compétence des formateurs et de la transmission du savoir (savoirs théoriques, mais aussi et surtout le savoir-faire – techniques, gestes professionnels, pratique – et le savoir-être comportements – qualités – valeurs).

Certains de ces éléments, déjà difficiles à transmettre dans le cadre d’un partage en présentiel, le sont encore plus dans le cas des enseignements à distance ou hybrides et nécessitent beaucoup plus d’implication et de pédagogie de la part des formateurs. D’où la nécessité de former au préalable les formateurs et tout autre personne impliquée dans le processus de transmission.

Piste n°2 : mettre à jour les compétences des formateurs

La qualité et la pertinence de toute formation professionnelle découlent directement de la compétence professionnelle des formatrices et formateurs.

Pour le cas particulier des formations professionnelles, les cours proposés sont pour la plupart assurés par des équipes pédagogiques issues du corps du métier. Cette situation répond à la logique de transmission des techniques propres à chaque métier, qu’il serait difficile de partager autrement. Il n’en reste que ces savoirs empiriques, acquis certes grâce à des années d’expérience dans le domaine, ont tendance à se figer dans le temps. Le risque étant qu’une fois transposés sur le marché de l’emploi, les compétences transmises aux étudiants se révèlent être obsolètes. En conséquence, il est capital de renouveler en permanence les compétences des formateurs.

La formation des managers et mid-managers est également un paramètre indispensable. À l’heure de la transformation numérique, le succès d’une nouvelle stratégie de développement repose sur la capacité de tous les collaborateurs à se l’approprier. Ceux-ci contribuent pleinement à la transformation interne de l’entreprise et participent de ce fait au processus de transfert des compétences.

 

Focus IMGH

La formation de la GIZ, suivie par l’équipe d’IMGH, se fonde sur la logique de l’alternance pratique/théorie/pratique qui permet d’actualiser et transporter directement sur le lieu de travail les connaissances acquises grâce à un point de vue et une expérience extérieure à sa propre organisation.

Selon Augustine Bro, fondatrice d’IMGH, cette formation a permis à l’ensemble de son équipe d’être plus au fait des changements qui s’opèrent sur le marché professionnel et d’adapter leurs offres de formation sur le long terme.

 

Piste n°3 : Renforcer les capacités par la méthode de codéveloppement

Enfin, on peut avoir une approche plus collective des nouvelles problématiques liées à la transformation des métiers. Remettre à jour les compétences et savoirs pour s’adapter au mieux à la demande du marché de l’emploi est une nécessité, et le fait d’être au contact d’autres professionnels serait un moyen efficace pour pallier ses propres lacunes et acquérir de nouvelles connaissances.

Le groupe de codéveloppement professionnel est une approche de développement pour des personnes qui croient pouvoir apprendre les unes des autres afin d’améliorer leur pratique. La réflexion effectuée, individuellement et en groupe, est favorisée par un exercice structuré de consultation qui porte sur des problématiques vécues actuellement par les participants[5].

La méthode de codéveloppement permet ainsi de directement attaquer le côté pratique d’un travail, d’une tâche à exécuter, de manière concertée. A l’inverse d’une approche normative qui n’offre finalement qu’un point de vue unique, le codéveloppement, par le biais de la pluralité des contributions, décuple les perspectives de développement. Cette approche invite chacun à considérer une situation d’un angle différent et complémentaire, à pousser la réflexion beaucoup plus loin et à adapter de nouvelles solutions plus productives.

 

Focus IMGH

« L’adoption de la méthode de codéveloppement a amené un nouveau souffle au sein de notre organisation. Une nouvelle dynamique très positive s’est installée et chacun y met volontairement du sien aujourd’hui que cela soit sur des questions de formation, de management ou de gouvernance. Par exemple, ceux qui ont plus de facilité en informatique n’hésitent pas à donner un coup de pouce à leurs collègues en difficulté et ceux qui sont en peine sur d’autres sujets n’hésitent pas non plus à demander des conseils ou de l’aide. Que cela soit sur le plan comptable ou sur l’ambiance de travail, cette méthode ne présente jusqu’ici que des avantages » – Augustine Bro

 

En conclusion

L’inadéquation entre les programmes de formation existant et les besoins d’un marché du travail en constante évolution entravent le développement économique des pays africains. Les opportunités existent et se créent, mais le continent peine encore à fournir une main d’œuvre qualifiée et employable.

Les acteurs de la formation professionnelle, comme IMGH en Côte d’Ivoire, doivent proposer du contenu à jour et pertinent. Nous avons évoqué ici quelques pratiques mises en œuvre par IMGH depuis la crise Covid-19 et la formation de la GIZ (digitaliser son offre de formation, renforcer les compétences des formateurs et des équipes…), mais bien d’autres idées peuvent encore être formulées pour apporter une formation professionnelle pertinente et de qualité à la jeunesse africaine !


[1]  http://www.iiep.unesco.org/fr/en-afrique-la-transformation-de-la-formation-professionnelle-est-en-marche-13763

[2]  Jean-Michel SEVERINO, RFI 20/01/19 https://www.rfi.fr/fr/emission/20190121-afrique-manque-emplois-qualifies-investir-formation

[3] En se référant à la définition donnée par l’Organisation internationale du travail (OIT), l’employabilité est « l’aptitude de chacun à trouver et conserver un emploi, à progresser au travail et à s’adapter au changement tout au long de la vie professionnelle »

[4] https://www.entreprenanteafrique.com/les-ecoles-africaines-au-temps-du-covid-19/#_ftn6

[5] Adrien PAYETTE, Claude CHAMPAGNE, PUQ, 1997 ( https://www.puq.ca/catalogue/livres/groupe-codeveloppement-professionnel-573.html )

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Les programmes d’accélération : solution miracle pour les très jeunes entreprises ? (2/2)

Depuis plusieurs années, les programmes d’accélération se multiplient sur le continent africain. Que se cache-t-il derrière ce concept en vogue ? Qu’apporte un programme d’accélération à une entreprise ? Après…

Depuis plusieurs années, les programmes d’accélération se multiplient sur le continent africain. Que se cache-t-il derrière ce concept en vogue ? Qu’apporte un programme d’accélération à une entreprise ?

Après avoir exploré les différentes facettes des programmes d’accélération actuellement déployés sur le continent africain dans un premier article (disponible ici), nous partons ici à la rencontre d’une entreprise bénéficiaire d’un programme d’accélération, avec une interview croisée de Mohamed Diaby et Ybrahim Traoré respectivement CEO et co-Directeur de Citrine Corporation.

Fondée en 2014, Citrine Corporation est une entreprise basée à Grand-Bassam, au sud de la Côte d’Ivoire, spécialisée dans la production et commercialisation de produits agricoles commercialisés sous la marque Zatwa dans la sous-région, en Europe et aux Etats-Unis. Comme nombre de petites entreprises africaines, souvent considérées trop jeunes et/ou trop risquées, Citrine Corporation a eu de grandes difficultés à accéder aux financements ‘’classiques’’ (prêts bancaires, investissement en capital, etc.). En revanche, depuis 2020, l’entreprise bénéficie du programme d’accélération I&P Accélération au Sahel[1], lui permettant d’avoir des ressources nécessaires pour bien démarrer (test de marché, phases pilotes, recherche & développement, équipements, renforcement des capacités) et passer au changement d’échelle.

 

En quoi consiste votre projet entrepreneurial ?

Mohamed Diaby : Depuis le départ, notre idée est de valoriser les mets et les cultures locales de la région du Sud de la Côte d’Ivoire, d’où nous sommes tous deux originaires.

Ybrahim Traoré : notre ambition était aussi de montrer aux jeunes africain(e)s que l’on n’a pas besoin de sortir du pays pour réussir. Démarrer une entreprise et créer des emplois, c’est une façon de répondre au problème de la migration clandestine, qui s’observe dans plusieurs pays d’Afrique. C’est pourquoi notre activité ne se limite pas à l’import-export : nous assurons la phase de commercialisation mais aussi la phase de production. Il s’agit de céréales, fruits et légumes produits dans la région de Grand-Bassam, fortement consommés par les Ivoiriens en Côte d’Ivoire et à l’étranger, comme le placali et l’attiéké. Nous avons aussi lancé notre propre marque, Zatwa Impex.

 

Comment vous est venu cette idée ?

M. D. : Nos chemins se sont croisés à l’université, lors de notre cycle de fin d’études. Pour valider notre diplôme, il fallait trouver une alternance mais nous avons préféré nous lancer directement dans l’entrepreneuriat. Nous avons donc commencé ce projet en nous basant sur le constat suivant : tout le circuit de distribution de produits africains et agro-alimentaire (attiéké, poisson fumé, etc.) est dirigé par des communautés non-africaines. En France par exemple, les épiceries sont détenues par la communauté asiatique. Nous trouvions cela dommage… et c’est comme cela qu’on a démarré l’aventure.

Y. T. : On ne voulait pas juste produire et vendre de l’attiéké, mais être aussi garant de la qualité des produits mis sur le marché. L’entreprise fonctionne bien. Au démarrage, nous avions une dizaine d’employés, dont 90% de femmes. Aujourd’hui, on compte environ 60 emplois permanents et nous employons jusqu’à 100 personnes en période de production.

 

Votre entreprise est accompagnée depuis 2020 par le programme I&P Accélération au Sahel ? Que vous apporte ce partenariat ?

M. D. : Je dirais beaucoup de choses ! Nous avions approché le fonds ivoirien Comoé Capital il y a quelques années, mais nous n’étions pas encore tout à fait prêts. L’occasion de partenariat s’est présentée grâce au lancement du programme I&P Accélération au Sahel, piloté par Investisseurs & Partenaires et financé par l’Union Européenne.

Aujourd’hui, on doit beaucoup à l’équipe qui assure le suivi et nous donne des conseils très utiles. I&P et Comoé Capital nous ont aidé à réaliser notre étude de marché sur la farine de manioc et les produits dérivés du manioc (comme l’attiéké et le placali mentionnés plus haut) qui nous a permis de confirmer le potentiel de vente, en Côte d’Ivoire mais aussi auprès de la diaspora africaine (du Congo, Niger, Ghana, Bénin…), qui consomme également beaucoup de manioc. Ensuite, le programme nous a permis d’augmenter la capacité de production à l’aide d’équipements de production (fours, machines, emballages, concasseur, matières premières).

Y. T. : L’accompagnement du programme nous permet aussi d’alléger la charge de travail de notre main d’œuvre. Nos employées travaillent à temps plein mais produisent beaucoup plus. Elles peuvent désormais produire deux conteneurs en l’espace d’un mois, contre un conteneur auparavant. La charge de travail est moins fatigante mais elles gagnent beaucoup plus car cela nous donne la possibilité d’augmenter leurs salaires. Elles comptent beaucoup sur nous et sur cet emploi pour pouvoir gérer leurs familles.

Grâce au programme d’accélération, nous avons pu déployer notre capacité de production, avec une charge de travail moins lourde et moins fatigante pour les employées, et un salaire plus élevé à la clé.

 

Quelles sont les prochaines étapes ?

Y. T. : L’appui du programme nous permet de nous attaquer aux questions environnementales. Nous bénéficions par exemple d’une mission d’assistance technique* pour mesurer l’efficacité de toute notre chaîne de production. Il s’agit d’un accompagnent qui va durer 18 mois. Des consultants travaillent avec nous, font des diagnostics sur nos rouleaux d’étranglement et émettent des recommandations et nous aident à mettre en place des bonnes pratiques pour que Citrine puisse obtenir la certification HACCP[2].

M. D. : A moyen-terme, nous souhaitons consolider le positionnement de Citrine sur le marché local. C’est important pour nous de renforcer la vente de nos produits dans les marchés et supermarchés et contribuer à la sécurité alimentaire en Côte d’Ivoire. Comoé Capital a déjà commencé le boulot, en nous mettant en relation avec des programmes internationaux qui faciliteront la commercialisation de nos produits sur le marché européen, et notre relation avec les petits producteurs.

L’appui du programme nous permet de nous attaquer aux questions environnementales. Nous bénéficions d’une mission d’assistance technique pour mesurer l’efficacité de toute notre chaîne de production.

 

 

Mots-clés

Accélération : Service de mentorat, de financement ou de mise en réseau mis en place par les acteurs privés (fonds d’investissement, incubateurs, etc.) et les bailleurs de fonds adressé aux petites entreprises pour les accompagner dans leur phase de démarrage.

Amorçage : Ensemble des ressources octroyées à une entreprise pour répondre aux dépenses liées à son démarrage (fonds de roulement, dépenses d’exploitation, recherche/développement, achat d’équipement et de technologies) et à sa préparation à la levée de fonds.

Assistance technique : Ensemble des ressources non financières octroyées aux équipes managériales et/ou opérationnelles d’une entreprise pour renforcer leurs compétences dans plusieurs domaines (stratégie, gestion financière et/ou fiscale, commercialisation, production, etc.). Généralement, l’assistance technique se déroule sous forme de formation (individuelles ou collectives) ou de missions d’accompagnement exercées par un expert

 


[1] I&P Accélération au Sahel, lancé en 2020, est un programme déployé par le groupe Investisseurs & Partenaires et financé par l’Union Européenne. Le programme cible 13 pays de la sous-région sahélienne et donne aux jeunes pousses l’accès aux financements et aux compétences nécessaires pour permettre leur développement et ainsi favoriser la création d’emplois décents.

[2] L’HACCP (Hazard analysis Critical Control Point, ou Analyse des dangers et contrôle des points critiques) est la principale plateforme de législation internationale concernant la fabrication pour tous les acteurs de l’industrie alimentaire. L’HACCP a pour objectif de valider la mise en place du système de sécurité alimentaire.

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SOAFIARY : l’exemple concret d’une entreprise malgache socialement responsable

Une entreprise peut être beaucoup plus qu’un simple acteur économique et jouer un véritable rôle sociétal, transformant l’environnement dans lequel elle opère. L’entreprise malgache Soafiary le démontre sur plusieurs points,…

Une entreprise peut être beaucoup plus qu’un simple acteur économique et jouer un véritable rôle sociétal, transformant l’environnement dans lequel elle opère. L’entreprise malgache Soafiary le démontre sur plusieurs points, étudiés dans cet article. Depuis sa création en 2006, cette entreprise de l’agrobusiness a intégré son engagement social au cœur de son modèle d’affaires.

 

Créée et dirigée par une femme engagée, Malala Rabenoro, Soafiary est spécialisée dans la collecte, la transformation et la vente de céréales et légumineuses sur le marché local et international. À partir de 2017, elle diversifie son activité en opérant dans la production et la commercialisation de provendes animales ainsi que dans l’exploitation agricole à travers un projet d’agriculture contractuelle en collaboration avec le diocèse de la région.

Son site d’exploitation est situé en zone rurale, à 22km d’Antsirabe dans la région Vakinankaratra, localisée dans les hauts plateaux et connue comme étant le « fermier » de Madagascar. Cette région n’est pas épargnée par la situation de précarité qui sévit dans le pays, avec un taux d’alphabétisation extrêmement faible, un déficit d’infrastructures et un taux de pauvreté élevé. Ces enjeux à la fois sociaux et économiques constituent des défis à relever. Il parait évident pour Soafiary d’y contribuer, en tant qu’acteur soucieux du développement de sa région, et plus largement de Madagascar.

 

Favoriser l’emploi auprès d’une population défavorisée, faiblement scolarisée

La population locale vit majoritairement de l’agriculture de subsistance ou de l’élevage. Faute de moyens, elle peine souvent à produire suffisamment pour assurer l’autosuffisance, et encore moins pour développer son activité. Et faute d’éducation, elle ne peut prétendre à des postes qualifiés dans les entreprises.

Soafiary s’est engagée à contribuer à l’intégration professionnelle de cette population éloignée de l’emploi. Dans ce contexte, elle emploie près de 200 personnes, dont la majorité sont des locaux, engagés pour les travaux de champs, le triage manuel des légumineuses et le conditionnement des produits. Au niveau de l’activité de triage et de conditionnement, le choix a été de les faire manuellement, même si l’automatisation est possible. Ce choix du triage manuel, par opposition au triage automatique opéré par des machines, permet de créer plus d’emplois.

La contribution de Soafiary se concrétise également par l’aide financière sous forme de prêts octroyés aux employés. L’objectif est qu’ils puissent développer une autre activité génératrice de revenu. La majorité se lance dans l’élevage, l’agriculture ou le commerce de produits de première nécessité. C’est ainsi que Soafiary offre à la communauté environnante l’opportunité d’améliorer leur condition économique à travers l’accès à un double emploi.

Soafiary s’engage à contribuer à l’intégration professionnelle d’une population locale éloignée de l’emploi, vivant majoritairement de l’agriculture de subsistance.

Accompagner les employés sur les questions d’alphabétisation et d’hygiène

Soafiary compte parmi ses employés 21% d’illettrés, 46% ayant atteint le niveau primaire et 25% ayant accompli l’éducation secondaire de premier cycle. Engager des personnes faiblement scolarisées issues du monde rural est un réel engagement de l’entreprise, qui a mis en place un accompagnement poussé afin de leur permettre l’assimilation des gestes clés utiles à la production, l’apprentissage des mesures d’hygiène et des compétences fondamentales telles que la lecture et l’écriture.

Sur les questions d’hygiène, Soafiary réalise de manière régulière des sensibilisations à l’hygiène corporelle, à l’usage correct du bloc sanitaire et à l’hygiène de l’eau à ses employés, qui ne sont familiers à aucune de ces approches.

En ce qui concerne l’alphabétisation, les actions entreprises se centralisent sur l’apprentissage de la lecture et de l’écriture pour que les employés puissent être capables de vérifier leur fiche de paie, à travers l’identification et la validation des informations leur concernant notamment leur nom et prénom, la vérification du montant inscrit, pour ensuite y apposer leur signature si la fiche leur est satisfaisante. Ceci a permis d’instaurer un climat de confiance et d’échange au sein de la société.

Ces actions paraissent basiques mais leur mise en place n’est pas facile et prend du temps. C’est grâce au profil atypique de la directrice de production, Agnès Randrianampizafy, enseignante de formation, que l’accompagnement est rendu possible avec le soutien et l’engagement de toute l’équipe. « Il faut être pédagogue, patient et savoir inculquer une discipline » souligne-t-elle.

 

Soutenir, accompagner et former les petits producteurs à travers le projet Soadio (SOAfiary – DIOcèse)

Le secteur de l’agro business fait face à plusieurs grands enjeux et doit résoudre l’équation entre l’inclusion des petits producteurs, le respect de l’environnement, la qualité des produits et la compétitivité des prix, le tout dans un environnement où la concurrence internationale est forte.

Soafiary tente de répondre à ces enjeux à travers son projet Soadio, un modèle d’agriculture contractuelle responsable qui consiste à former les petits producteurs et à mettre à leur disposition les matériels agricoles ainsi que les intrants nécessaires à l’exploitation des 4 100 Ha de terrain appartenant au Diocèse de la région Vakinankaratra. À partir de 2017, date de lancement du projet, 380 Ha ont été exploités dont la totalité de la production est achetée par Soafiary.

Le projet est un vrai levier socio-économique pour la région. Il vise à l’amélioration de la condition de vie des petits producteurs à Morarano, une commune rurale située à 200 km du site d’exploitation de Soafiary, où sont localisés les terrains du Diocèse. Il permet également l’inclusion des petits producteurs dans la chaîne de valeur de Soafiary, qui assurent désormais l’approvisionnement. La stratégie consiste pour Soafiary à apporter les marchés et l’accompagnement nécessaire pour que les petits producteurs puissent fournir les matières premières. Plus largement, Soafiary joue le rôle de catalyseur pour le développement de l’agrobusiness dans la région avec l’intégration des petits producteurs ruraux dans la chaine de valeur de la production des céréales et grains secs, en plus de coordonner la synergie des actions entre les différents acteurs de la filière à savoir : Diocèse, producteurs, partenaires techniques, financiers et institutionnels et clients.

Soafiary joue le rôle de catalyseur pour le développement de l’agrobusiness dans la région Vakinankaratra, permettant l’intégration des petits producteurs ruraux dans la chaine de valeur de la production des céréales et grains secs

Ce partenariat inclusif entre Soafiary et le Diocèse est un pas en avant vers une cohésion sociale et humanitaire, qui n’est qu’un préalable pour le lancement de différents projets : mise en place d’un système d’irrigation, renforcement des terrains pour lutter contre l’érosion, renforcement du centre de santé de base par l’octroi de matériels médicaux, amélioration de l’unique école du village par l’extension des salles de classe, appui des centres de formations agricoles, pour n’en citer que quelques-uns.

 

Soafiary démontre qu’intégrer les engagements sociaux au cœur des activités peut être bénéfique pour l’entreprise. Cette démarche lui a permis de gagner plus d’engagement de la part de ses employés en contrepartie des appuis octroyés, mais aussi et surtout, de construire un modèle d’agriculture contractuelle responsable sécurisant son volume d’approvisionnement tout en répondant aux enjeux de qualité et de traçabilité des produits.

 

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Le secteur de l’agroalimentaire au Niger face au coronavirus

La crise sanitaire liée à la pandémie covid-19 a précipité de nombreuses économies dans un marasme dont elles peinent à se sortir. Partout où des mesures de confinement et de…

La crise sanitaire liée à la pandémie covid-19 a précipité de nombreuses économies dans un marasme dont elles peinent à se sortir. Partout où des mesures de confinement et de distanciation sociale ont été mises en place, les entreprises ont dû s’adapter aux nouvelles conditions de vente pour tenter de survivre. Pour autant, toutes les entreprises n’ont pas été affectées de la même manière.

Au Niger, la peur du virus d’abord, puis l’annonce d’un couvre-feu, ont poussé les citoyens à rester chez eux, à consommer moins et/ou différemment d’une part, à ne pas se rendre au travail pour un certain temps d’autre part. Pour les petites et moyennes entreprises du secteur agroalimentaire, le défi était double. Il a fallu parvenir à continuer de vendre, et pour cela, également assurer aux employés des conditions de travail sûres.

Nous avons recueilli les témoignages de trois entrepreneurs présents sur le marché de l’agroalimentaire au Niger, qui ont accepté de présenter leur combat, leurs besoins et leurs solutions : Maimouna Zeine fondatrice de La Crémière du Sahel, Souleymane Madé, à la tête de Made’s Group, une unité industrielle spécialisée dans la production et la commercialisation de chips, de farine infantile et d’arachides, et Bachir Rockya Lahilaba, fondatrice de Sahel Délices.

 

Un impact immédiat sur les capacités de production des entreprises

L’arrêt du travail ainsi que la fermeture des frontières ont, à très court terme, fortement perturbé l’approvisionnement en matières premières du secteur agro-alimentaire. Sahel Délices, une entreprise basée à Niamey spécialisée dans la production de jus locaux à base de plantes, s’est retrouvée coupée de ses fournisseurs dès le début de la crise. La plupart des matières premières en effet sont récoltées par des groupes de femmes dans les villages environnants de la capitale, qui profitent des jours de marché pour venir vendre à la ville leurs produits. Le confinement et l’interdiction de se déplacer au Niger ont fait cesser la circulation des bus entre les zones rurales et Niamey. Les plantes disponibles se sont donc faites plus rares, et mécaniquement les prix ont été revus à la hausse. Les coûts de production ont donc également augmenté, ce qui s’est finalement répercuté sur les prix de vente, alors même que les consommateurs ont en moyenne perdu du pouvoir d’achat avec la crise liée au Covid-19.

Les problèmes d’approvisionnement ont également concerné d’autres intrants indispensables à la production, comme les emballages. Sahel Délices avait l’habitude de se fournir au Nigéria pour les bouteilles dans lesquelles ses jus étaient vendus, mais la chaine de transport a été coupée avec la fermeture des frontières. Pour pallier le manque de bouteilles, l’entreprise s’est tournée vers des producteurs locaux, mais cette solution ne s’est pas avérée optimale car les bouteilles produites au Niger ne correspondaient pas aussi bien aux attentes de la clientèle, qui a réduit sa consommation.

 

Comment vendre au temps du confinement ?

L’ensemble du secteur de l’agroalimentaire n’a pas été atteint de la même manière, ni avec la même ampleur. L’impact global du confinement sur les ventes a néanmoins plutôt été négatif.

Les mesures de couvre-feu mises en place ont eu pour effet une baisse des ventes. De nombreux produits sont vendus en ville, dans les épiceries, et de ce fait, le flux de clients a diminué. Pour faire face à la baisse des ventes, les boutiques ont parfois simplement refusé de prendre les réapprovisionnements. Pour La Crémière du Sahel, une fromagerie au cœur de Niamey, les livraisons sont passées de trois fois à une fois par semaine. Au mois d’avril, le travail a même été complètement arrêté. Les activités n’ont pu reprendre qu’au mois de mai.

Le couvre-feu, fixé à 19h, a également limité le temps de consommation. A 18h, les citoyen.ne.s restaient chez eux jusqu’à 6h du matin. Les consommateurs ont donc recentré leurs achats sur des produits de première nécessité. Pour une entreprise comme Sahel Délices, spécialisée dans les jus et qui réalise donc une part importante de ses bénéfices pendant les périodes de grande chaleur et du ramadan, les changements d’habitudes de consommation ont donc eu un impact fort.

Certaines entreprises ont alors réagi en proposant des services de livraison à domicile de leurs produits, à l’instar de Sahel Délices. Dans la pratique, cette forme d’adaptation n’a pas été immédiatement opérationnelle : les livreurs ont dû être formés aux gestes barrières, au port du masque et des gants, dans la mesure où les clients refusaient les livraisons si celles-ci n’étaient pas assurées avec un strict respect des nouvelles normes sanitaires.

 

Des synergies pour sortir de la crise

Les bonnes pratiques mises en place par ces PME du secteur agroalimentaire relèvent de la réactivité des entrepreneurs, mais aussi de leurs collaborations avec d’autres acteurs du secteur privé, et plus marginalement avec le gouvernement, qui a entrepris l’élaboration d’un programme de soutien aux entreprises. Sa mise en place est attendue avec impatience : les charges (loyers, rémunérations des salariés, factures d’eau et d’électricité) n’ont pas encore été allégées et aucune modalité de report ou d’un quelconque assouplissement n’a été proposée. De la même manière, les subventions promises n’ont pas été versées.

La crise a également mis à l’épreuve Sinergi Niger, premier fonds d’investissement à impact dédiées aux petites entreprises nigériennes. Face à une situation inédite pour les entreprises comme pour Sinergi, il a fallu innover pour accompagner aux mieux les entrepreneurs dans ces temps difficiles.

 

Quels sont les besoins de ces entreprises aujourd’hui ?

Quelle que soit l’ampleur de leurs difficultés, les PME de l’agroalimentaire au Niger ont besoin de visibilité, en particulier sur le marché national. Elles ont intégré en effet que le gouvernement ne pourra pas les sortir de la crise, et ont entrepris de trouver les voies de leur développement futur sans attendre. Pour Mme Bachir Rockya Lahilaba, à la tête de Sahel Délices, la priorité est de s’implanter dans le pays. Son entreprise, comme beaucoup d’autres, a eu du mal à payer toutes les charges auxquelles elle a été soumise, et la crise du Covid-19 a également accentué ses difficultés de remboursement aux emprunts contractés avant celle-ci.

De ce fait, les programmes d’aides pour les PME proposés par le gouvernement du Niger d’octroi de crédits supplémentaires pour essayer de s’en sortir sont loin d’être une une solution miracle. Ces entreprises ont déjà du mal à faire face aux endettements préalables : s’endetter plus encore apparaissait trop risqué.

Sahel Délices a fait le choix de ne pas compter sur des subventions et des aides, mais de développer un plan commercial et marketing et des supports de communication pour « aller chercher l’argent là où il est ». Pour la Crémière du Sahel et pour Made’s Group, qui dépendaient avant la crise de débouchés dans la sous-région, le développement de leurs activités au Niger est également devenu une priorité.

 

« Être entrepreneur face au Covid-19 »…

… c’est avant tout ne pas désespérer par les temps difficiles. Les trois entrepreneurs partagent la même attitude face à la crise actuelle : cette situation passera, il faut tenir bon dans la tempête pour pouvoir profiter des jours meilleurs à venir.

La clé de la survie ? L’adaptabilité et la capacité à toujours trouver un moyen de vendre, même s’il n’est pas possible de faire autant qu’en période d’expansion. Sur un marché très concurrent, comme celui de l’agroalimentaire, les produits peuvent disparaître très vite et c’est ce qu’il faut à tout prix éviter.

 « Être entrepreneur, c’est être engagé dans un combat permanent », rappelle Maimouna Zéine, fondatrice de La Crémière du Sahel. « Un combat qui n’est jamais gagné d’avance mais dont la récompense vaut la peine que l’on se batte pour elle ».

 

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Entretien avec Bachir Rockya Lahilaba, fondatrice de Sahel Délices au Niger

La propagation du covid-19 a entraîné dans de nombreux pays africains la mise en place de mesures d’endiguement et de confinement. Celles-ci ont profondément affecté les activités économiques, et particulièrement…

La propagation du covid-19 a entraîné dans de nombreux pays africains la mise en place de mesures d’endiguement et de confinement. Celles-ci ont profondément affecté les activités économiques, et particulièrement les petites et moyennes entreprises qui ont rencontré des situations inédites auxquelles elles ont dû s’adapter pour survivre.

Dans ce contexte, les partenaires fondateurs du blog (I&P, la FERDI et le Club Africain des Entrepreneurs) travaillent ensemble afin de produire une série d’articles retraçant les difficultés auxquelles les entreprises font face et les alternatives trouvées. Comment les PME africaines font-elles face à la crise sanitaire et économique et quelles mesures peuvent être prise pour les aider à surmonter la crise ?

 

Le premier article de cette série rend compte d’un entretien réalisé avec Mme Bachir Rockya Lahilaba, fondatrice de Sahel Délices, entreprise nigérienne du secteur agro-alimentaire créée en 2015, qui cherche à valoriser la matière première locale. Les jus à base de plantes locales comme le bissap ou le baobab sont les produits phare de l’entreprise, qui produit également des tisanes, épices et confitures.

 

Comment avez-vous traversé la crise sanitaire et économique du Covid-19 ces derniers mois ? Quels ont été les impacts sur Sahel Délices ?

Quand le nombre de cas a commencé à augmenter il y a quelques mois, nous avons rapidement compris que cette crise toucherait aussi directement l’Afrique. Au début, tout le monde a eu peur. Nous avons dû fermer Sahel Délices pendant un moment pour voir comment la situation allait évoluer. Et puis la peur a été surmontée, la boutique a ouvert à nouveau.  Nous avons voulu continuer l’activité avec les mesures sanitaires et suivre toutes les consignes du gouvernement.

Plusieurs difficultés ont émergé au fur et à mesure de la crise :

D’abord, l’approvisionnement en matière première : la ville de Niamey a été mise en situation d’isolement. Or les matières premières proviennent des zones rurales, notamment grâce aux femmes qui viennent des marchés ruraux environnants pour vendre les produits cultivés dans la capitale. Ces femmes ne pouvaient plus se déplacer, faute de bus entre les villages et la capitale. Cela a entrainé la hausse des prix des matières premières (baobabs, tamarins, hibiscus etc.)

Deuxièmement, l’approvisionnement en emballage : Les emballages que nous utilisons viennent du Nigeria. Avec la fermeture des frontières avec le Nigeria, les coûts des emballages ont nettement augmenté. Sahel Délices a essayé de s’adapter à la réduction d’approvisionnements en achetant des bouteilles directement ici au Niger, mais la production locale n’est pas de grande qualité, certains clients étaient mécontents. Le manque d’emballage est donc un véritable problème dans ce contexte !

Le troisième problème auquel nous avons eu à faire face commence à se résoudre, mais nous avons connu une période difficile durant le mois de mars-avril : nos livreurs oubliaient les masques ou les gants pendant leurs services. Au niveau de la production, il n’y a pas eu de problèmes puisque les masques et gants étaient déjà obligatoires, mais pour les livreurs, il a fallu insister un peu parce qu’ils n’avaient pas l’habitude. Les clients rejetaient la livraison si les livreurs ne respectaient pas ces conditions.

De manière plus générale, Sahel Délices a dû faire face à une baisse des ventes : les produits phares, nos jus de fruits, se vendent habituellement mieux pendant les périodes de grande chaleur et pendant le mois de ramadan. Mais cette année, les ventes ont baissé, les gens ont tellement dépensé pour le confinement qu’ils ont dû réduire leurs dépenses. Le couvre-feu, fixé à 19h, a également limité le temps de consommation.

La peur a été surmontée.  Nous avons voulu continuer l’activité avec les mesures sanitaires et suivre toutes les consignes du gouvernement.

 

Comment l’entreprise a été accompagnée pendant la crise ?

Nous sommes partenaires du fonds Sinergi Niger depuis 2019, et le partenariat nous a beaucoup apporté, en termes de financement et d’accompagnement. On organise régulièrement des conseils de gestion, qui nous permettent de profiter pleinement de l’expérience de l’équipe ! Ces conseils ont toujours été maintenus, même au plus fort de la crise.

Sinergi nous a aidé à l’acquisition de certaines machines. En 2015, notre production était totalement artisanale, mais elle se transforme progressivement en production semi-industrielle. Les machines permettent de mettre une nouvelle gamme de jus sur le marché. Avant l’arrivée du covid, Sahel Délices avait prévu de lancer une gamme petits-prix pour toucher de plus petits consommateurs, mais la crise en a reculé le lancement.

 

De quel type d’accompagnement avez-vous besoin aujourd’hui, notamment compte-tenu du contexte ?

Sahel Délices est une entreprise qui a commencé sur fonds propres. Nous avons eu des partenaires tels que Sinergi Niger, ou encore l’Ambassade de France, et aujourd’hui, nous aimerions que nos produits soient connus sur tout le territoire et à moyen terme dans la sous-région. Les solutions que le gouvernement a proposées ne sont pas très adaptées.

Sur le plan financier, nous avons pu bénéficier de subventions et tout allait bien sur le plan des crédits et remboursements avant la crise du covid-19, mais celle-ci a rendu les remboursements plus difficiles. Les programmes d’aides pour les PME et grandes entreprises proposés par le gouvernement du Niger concernent principalement l’octroi de crédits pour essayer de s’en sortir. Mais est-ce que le crédit est une solution pour les PME ? Ces entreprises ont souvent déjà du mal à faire face aux endettements préalables. Cette option semble plutôt creuser les problèmes que les résoudre.

Nous n’attendons pas vraiment des subventions et des aides, mais plutôt un appui pour développer un plan commercial et marketing, pour aller chercher l’argent là où il est ! Il nous faut des supports de communication, des supports marketing pour que ceci nous permette de nous relever.

 

Un mot de conclusion ?

Eh bien tout simplement que c’est difficile pour tout le monde. 2020 est l’année la plus difficile. Nous avons bien conscience des problèmes posés par cette crise. Pour la première fois depuis sa création, Sahel Délices n’arrive pas à faire face à certains de ses engagements. Mais il ne faut pas baisser les bras, nous devons identifier là où sont les solutions et aller les chercher. Il faut mettre fin à la paralysie. Il ne faut pas abandonner car la vie d’entrepreneur c’est un combat permanent. Si c’était facile tous les jours, tout le monde serait entrepreneur ! La clé c’est l’adaptation.

Il ne faut pas baisser les bras, nous devons identifier là où sont les solutions et aller les chercher. Il faut mettre fin à la paralysie. La clé c’est l’adaptation.

 

 

 

 

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Le numérique pour relever le taux de réussite scolaire en Afrique

Octobre 2000 – Octobre 2018, déjà 18 ans que j’ai quitté le lycée dans lequel j’ai passé tout mon cycle secondaire de la 6ème à la Terminale: le lycée municipal…

Octobre 2000 – Octobre 2018, déjà 18 ans que j’ai quitté le lycée dans lequel j’ai passé tout mon cycle secondaire de la 6ème à la Terminale: le lycée municipal de la plus grande commune d’Abidjan, grande par sa superficie, son nombre d’habitants au m2 mais aussi et surtout grande par le nombre d’élèves comptés par classe, à cette époque: 80 en moyenne. Je le retrouvais en 2018 scindé en deux lycées pour une meilleure gestion du nombre pléthorique d’élèves dans les mêmes bâtiments vétustes datant de plus 30 ans.

Enthousiasme et nostalgie traduisent parfaitement les sentiments qui m’ont animée pour la présentation du projet qui m’y avait conduit, un projet de coeur d’une haute ambition : relever le taux de réussite aux examens de cet établissement qui oscille autour de 30%, finalement pas si loin de celui du taux national au Baccalauréat (40% en moyenne des 5 dernières années).

Je me nomme Christelle HIEN-KOUAME, ingénieure en marketing et communication, entrepreneuse depuis maintenant 9 ans dans le domaine de communication et du marketing et foncièrement passionnée par l’éducation offerte aux élèves dans mon pays et mon continent.

Contribuer à relever  le taux de réussite scolaire national, n’était-ce pas trop ambitieux comme objectif ?

Le saut dans le domaine éducatif est passionnant et engagé car il nous concerne tous depuis le niveau d’instruction du personnel de la maisonnée, jusqu’au rendu professionnel des collaborateurs en entreprise. Que l’on soit ou non un acteur de l’éducation, nous sommes tous impactés, mieux vaut alors y contribuer à sa manière et selon ses moyens.

Le projet prenezlesfeuilles.com

Le projet au départ était d’offrir aux élèves un recueil numérique de devoirs et d’examens tiré des meilleurs établissements de Côte d’Ivoire afin :

  • de préparer les élèves à exceller dans leurs devoirs et examens car on ne réinvente pas la roue, on l’adapte, la customise: les devoirs et examens de notre système éducatif sont définis par le programme scolaire. Chaque année, d’autres élèves s’y soumettent, les plus malins s’y préparent et les plus intelligents comprennent ce qu’il leur faut comme base pour affronter tous types de devoirs ou examens.
  • leur redonner confiance en eux quant à leur niveau car en réalité un enfant de 3ème d’un lycée coté de la capitale n’a pas le même niveau qu’un élève de même cycle d’un autre établissement d’une ville de l’intérieur du pays !

Mes deux objectifs primaires définis, je m’orientai vers le numérique pour offrir une solution accessible, fiable et innovante à tous ces élèves. Me voilà lancée sans le savoir dans la EDTECH avec les fonds de mon agence de Communication qui voyait s’empiler des devoirs de toutes les disciplines provenant des établissements qui n’avaient pas moins de 70% de taux de réussite aux examens.

Le bébé naît, est spolié dans un pays voisin, est donc rebaptisé un an plus tard sous www.prenezlesfeuilles.com, est officiellement présenté aux autorités (ministère de l’éducation nationale), est apprécié et autorisé à être présenté aux élèves dans tous les établissements du pays. Les affres et tumultes de sa conception lui ont donné plus de coffre, plus de résilience, plus d’objectifs à atteindre. Se limiter à mettre des devoirs et examens à la disposition d’élèves devenait restrictif. Il fallait proposer plus d’alternatives pour les inciter à faire réellement leurs devoirs, les challenger, les motiver à se surpasser quelque soient leurs séries ou disciplines choisies, faire mieux que nous les années précédentes.

Évolutions de la plateforme

Après une analyse profonde des facteurs de réussite, un facteur clé paraissait irréfutable (autre que l’environnement et la motivation) : les outils d’apprentissage.

Nous avons alors intégré à la plateforme trois ingrédients importants: la motivation par la récompense en leur offrant des cadeaux pour des quizz ou exercices effectués correctement dans un délai imparti, l’aide à l’orientation en parlant de métiers avec des parcours différents et enrichissant pour semer des graines de rêve conducteur et enfin des petites capsules de culture générale diffusées sur leur téléphone mobile par le canal WhatsApp.

En Août 2019 www.prenezlesfeuilles a été racheté par ENEZA EDUCATION, entreprise EDTECH, initiatrice d’un autre service éducatif innovant via le mobile qui offre des tutoriels de cours et des quiz via le canal SMS de n’importe quel téléphone mobile (EDU par sms au 98051 en CIV). Aujourd’hui alors, l’élève ivoirien a à sa portée les cours de tout son programme scolaire expliqué en mini tutoriels et des quizz lui permettant de vérifier ses connaissances. Le site prenezlesfeuilles l’aide à préparer les prochaines évaluations à partir de devoirs déjà réalisés dans les meilleurs établissements du territoire.

Le prochain challenge est de mieux faire connaitre cette solution auprès de tous les élèves et parents d’élèves sur toute l’étendue du territoire et de prouver son réel impact dans les résultats scolaires des abonnés.

Les challenges… j’adore les relever! Comme celui d’il y a 18 ans lorsque j’étais la seule fille d’une classe de terminale scientifique dans un lycée de la commune de Yopougon (commune populaire d’Abidjan capitale de la Cote d’ivoire) qui ne devait pas pâlir face au taux de réussite des « garçons » au Baccalauréat. Ou comme celui d’il y a 9 ans lorsque je démissionnais pour m’installer à mon propre compte comme jeune entrepreneuse dans le domaine de la communication et qui devait assumer son choix et tout ce que cela impliquait…. relever les challenges non par euphorie ou plaisir mais pour redonner une part de ce que nous avons reçu gracieusement de la famille, de l’Etat et de la société  … redonner pour être plus riche !

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