Penser et agir pour l’entrepreneuriat en Afrique

Témoignages

Dans les articles « témoignages », les auteurs reviennent sur leurs parcours et partagent leur expérience du quotidien. Toutes les parties prenantes de l’écosystème entrepreneurial en Afrique sont invitées à s’exprimer: les entrepreneur.e.s, mais aussi les incubateurs, investisseurs, acteurs du développement…

Entretien avec Bachir Rockya Lahilaba, fondatrice de Sahel Délices au Niger

La propagation du covid-19 a entraîné dans de nombreux pays africains la mise en place de mesures d’endiguement et de confinement. Celles-ci ont profondément affecté les activités économiques, et particulièrement…

La propagation du covid-19 a entraîné dans de nombreux pays africains la mise en place de mesures d’endiguement et de confinement. Celles-ci ont profondément affecté les activités économiques, et particulièrement les petites et moyennes entreprises qui ont rencontré des situations inédites auxquelles elles ont dû s’adapter pour survivre.

Dans ce contexte, les partenaires fondateurs du blog (I&P, la FERDI et le Club Africain des Entrepreneurs) travaillent ensemble afin de produire une série d’articles retraçant les difficultés auxquelles les entreprises font face et les alternatives trouvées. Comment les PME africaines font-elles face à la crise sanitaire et économique et quelles mesures peuvent être prise pour les aider à surmonter la crise ?

 

Le premier article de cette série rend compte d’un entretien réalisé avec Mme Bachir Rockya Lahilaba, fondatrice de Sahel Délices, entreprise nigérienne du secteur agro-alimentaire créée en 2015, qui cherche à valoriser la matière première locale. Les jus à base de plantes locales comme le bissap ou le baobab sont les produits phare de l’entreprise, qui produit également des tisanes, épices et confitures.

 

Comment avez-vous traversé la crise sanitaire et économique du Covid-19 ces derniers mois ? Quels ont été les impacts sur Sahel Délices ?

Quand le nombre de cas a commencé à augmenter il y a quelques mois, nous avons rapidement compris que cette crise toucherait aussi directement l’Afrique. Au début, tout le monde a eu peur. Nous avons dû fermer Sahel Délices pendant un moment pour voir comment la situation allait évoluer. Et puis la peur a été surmontée, la boutique a ouvert à nouveau.  Nous avons voulu continuer l’activité avec les mesures sanitaires et suivre toutes les consignes du gouvernement.

Plusieurs difficultés ont émergé au fur et à mesure de la crise :

D’abord, l’approvisionnement en matière première : la ville de Niamey a été mise en situation d’isolement. Or les matières premières proviennent des zones rurales, notamment grâce aux femmes qui viennent des marchés ruraux environnants pour vendre les produits cultivés dans la capitale. Ces femmes ne pouvaient plus se déplacer, faute de bus entre les villages et la capitale. Cela a entrainé la hausse des prix des matières premières (baobabs, tamarins, hibiscus etc.)

Deuxièmement, l’approvisionnement en emballage : Les emballages que nous utilisons viennent du Nigeria. Avec la fermeture des frontières avec le Nigeria, les coûts des emballages ont nettement augmenté. Sahel Délices a essayé de s’adapter à la réduction d’approvisionnements en achetant des bouteilles directement ici au Niger, mais la production locale n’est pas de grande qualité, certains clients étaient mécontents. Le manque d’emballage est donc un véritable problème dans ce contexte !

Le troisième problème auquel nous avons eu à faire face commence à se résoudre, mais nous avons connu une période difficile durant le mois de mars-avril : nos livreurs oubliaient les masques ou les gants pendant leurs services. Au niveau de la production, il n’y a pas eu de problèmes puisque les masques et gants étaient déjà obligatoires, mais pour les livreurs, il a fallu insister un peu parce qu’ils n’avaient pas l’habitude. Les clients rejetaient la livraison si les livreurs ne respectaient pas ces conditions.

De manière plus générale, Sahel Délices a dû faire face à une baisse des ventes : les produits phares, nos jus de fruits, se vendent habituellement mieux pendant les périodes de grande chaleur et pendant le mois de ramadan. Mais cette année, les ventes ont baissé, les gens ont tellement dépensé pour le confinement qu’ils ont dû réduire leurs dépenses. Le couvre-feu, fixé à 19h, a également limité le temps de consommation.

La peur a été surmontée.  Nous avons voulu continuer l’activité avec les mesures sanitaires et suivre toutes les consignes du gouvernement.

 

Comment l’entreprise a été accompagnée pendant la crise ?

Nous sommes partenaires du fonds Sinergi Niger depuis 2019, et le partenariat nous a beaucoup apporté, en termes de financement et d’accompagnement. On organise régulièrement des conseils de gestion, qui nous permettent de profiter pleinement de l’expérience de l’équipe ! Ces conseils ont toujours été maintenus, même au plus fort de la crise.

Sinergi nous a aidé à l’acquisition de certaines machines. En 2015, notre production était totalement artisanale, mais elle se transforme progressivement en production semi-industrielle. Les machines permettent de mettre une nouvelle gamme de jus sur le marché. Avant l’arrivée du covid, Sahel Délices avait prévu de lancer une gamme petits-prix pour toucher de plus petits consommateurs, mais la crise en a reculé le lancement.

 

De quel type d’accompagnement avez-vous besoin aujourd’hui, notamment compte-tenu du contexte ?

Sahel Délices est une entreprise qui a commencé sur fonds propres. Nous avons eu des partenaires tels que Sinergi Niger, ou encore l’Ambassade de France, et aujourd’hui, nous aimerions que nos produits soient connus sur tout le territoire et à moyen terme dans la sous-région. Les solutions que le gouvernement a proposées ne sont pas très adaptées.

Sur le plan financier, nous avons pu bénéficier de subventions et tout allait bien sur le plan des crédits et remboursements avant la crise du covid-19, mais celle-ci a rendu les remboursements plus difficiles. Les programmes d’aides pour les PME et grandes entreprises proposés par le gouvernement du Niger concernent principalement l’octroi de crédits pour essayer de s’en sortir. Mais est-ce que le crédit est une solution pour les PME ? Ces entreprises ont souvent déjà du mal à faire face aux endettements préalables. Cette option semble plutôt creuser les problèmes que les résoudre.

Nous n’attendons pas vraiment des subventions et des aides, mais plutôt un appui pour développer un plan commercial et marketing, pour aller chercher l’argent là où il est ! Il nous faut des supports de communication, des supports marketing pour que ceci nous permette de nous relever.

 

Un mot de conclusion ?

Eh bien tout simplement que c’est difficile pour tout le monde. 2020 est l’année la plus difficile. Nous avons bien conscience des problèmes posés par cette crise. Pour la première fois depuis sa création, Sahel Délices n’arrive pas à faire face à certains de ses engagements. Mais il ne faut pas baisser les bras, nous devons identifier là où sont les solutions et aller les chercher. Il faut mettre fin à la paralysie. Il ne faut pas abandonner car la vie d’entrepreneur c’est un combat permanent. Si c’était facile tous les jours, tout le monde serait entrepreneur ! La clé c’est l’adaptation.

Il ne faut pas baisser les bras, nous devons identifier là où sont les solutions et aller les chercher. Il faut mettre fin à la paralysie. La clé c’est l’adaptation.

 

 

 

 

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Le numérique pour relever le taux de réussite scolaire en Afrique

Octobre 2000 – Octobre 2018, déjà 18 ans que j’ai quitté le lycée dans lequel j’ai passé tout mon cycle secondaire de la 6ème à la Terminale: le lycée municipal…

Octobre 2000 – Octobre 2018, déjà 18 ans que j’ai quitté le lycée dans lequel j’ai passé tout mon cycle secondaire de la 6ème à la Terminale: le lycée municipal de la plus grande commune d’Abidjan, grande par sa superficie, son nombre d’habitants au m2 mais aussi et surtout grande par le nombre d’élèves comptés par classe, à cette époque: 80 en moyenne. Je le retrouvais en 2018 scindé en deux lycées pour une meilleure gestion du nombre pléthorique d’élèves dans les mêmes bâtiments vétustes datant de plus 30 ans.

Enthousiasme et nostalgie traduisent parfaitement les sentiments qui m’ont animée pour la présentation du projet qui m’y avait conduit, un projet de coeur d’une haute ambition : relever le taux de réussite aux examens de cet établissement qui oscille autour de 30%, finalement pas si loin de celui du taux national au Baccalauréat (40% en moyenne des 5 dernières années).

Je me nomme Christelle HIEN-KOUAME, ingénieure en marketing et communication, entrepreneuse depuis maintenant 9 ans dans le domaine de communication et du marketing et foncièrement passionnée par l’éducation offerte aux élèves dans mon pays et mon continent.

Contribuer à relever  le taux de réussite scolaire national, n’était-ce pas trop ambitieux comme objectif ?

Le saut dans le domaine éducatif est passionnant et engagé car il nous concerne tous depuis le niveau d’instruction du personnel de la maisonnée, jusqu’au rendu professionnel des collaborateurs en entreprise. Que l’on soit ou non un acteur de l’éducation, nous sommes tous impactés, mieux vaut alors y contribuer à sa manière et selon ses moyens.

Le projet prenezlesfeuilles.com

Le projet au départ était d’offrir aux élèves un recueil numérique de devoirs et d’examens tiré des meilleurs établissements de Côte d’Ivoire afin :

  • de préparer les élèves à exceller dans leurs devoirs et examens car on ne réinvente pas la roue, on l’adapte, la customise: les devoirs et examens de notre système éducatif sont définis par le programme scolaire. Chaque année, d’autres élèves s’y soumettent, les plus malins s’y préparent et les plus intelligents comprennent ce qu’il leur faut comme base pour affronter tous types de devoirs ou examens.
  • leur redonner confiance en eux quant à leur niveau car en réalité un enfant de 3ème d’un lycée coté de la capitale n’a pas le même niveau qu’un élève de même cycle d’un autre établissement d’une ville de l’intérieur du pays !

Mes deux objectifs primaires définis, je m’orientai vers le numérique pour offrir une solution accessible, fiable et innovante à tous ces élèves. Me voilà lancée sans le savoir dans la EDTECH avec les fonds de mon agence de Communication qui voyait s’empiler des devoirs de toutes les disciplines provenant des établissements qui n’avaient pas moins de 70% de taux de réussite aux examens.

Le bébé naît, est spolié dans un pays voisin, est donc rebaptisé un an plus tard sous www.prenezlesfeuilles.com, est officiellement présenté aux autorités (ministère de l’éducation nationale), est apprécié et autorisé à être présenté aux élèves dans tous les établissements du pays. Les affres et tumultes de sa conception lui ont donné plus de coffre, plus de résilience, plus d’objectifs à atteindre. Se limiter à mettre des devoirs et examens à la disposition d’élèves devenait restrictif. Il fallait proposer plus d’alternatives pour les inciter à faire réellement leurs devoirs, les challenger, les motiver à se surpasser quelque soient leurs séries ou disciplines choisies, faire mieux que nous les années précédentes.

Évolutions de la plateforme

Après une analyse profonde des facteurs de réussite, un facteur clé paraissait irréfutable (autre que l’environnement et la motivation) : les outils d’apprentissage.

Nous avons alors intégré à la plateforme trois ingrédients importants: la motivation par la récompense en leur offrant des cadeaux pour des quizz ou exercices effectués correctement dans un délai imparti, l’aide à l’orientation en parlant de métiers avec des parcours différents et enrichissant pour semer des graines de rêve conducteur et enfin des petites capsules de culture générale diffusées sur leur téléphone mobile par le canal WhatsApp.

En Août 2019 www.prenezlesfeuilles a été racheté par ENEZA EDUCATION, entreprise EDTECH, initiatrice d’un autre service éducatif innovant via le mobile qui offre des tutoriels de cours et des quiz via le canal SMS de n’importe quel téléphone mobile (EDU par sms au 98051 en CIV). Aujourd’hui alors, l’élève ivoirien a à sa portée les cours de tout son programme scolaire expliqué en mini tutoriels et des quizz lui permettant de vérifier ses connaissances. Le site prenezlesfeuilles l’aide à préparer les prochaines évaluations à partir de devoirs déjà réalisés dans les meilleurs établissements du territoire.

Le prochain challenge est de mieux faire connaitre cette solution auprès de tous les élèves et parents d’élèves sur toute l’étendue du territoire et de prouver son réel impact dans les résultats scolaires des abonnés.

Les challenges… j’adore les relever! Comme celui d’il y a 18 ans lorsque j’étais la seule fille d’une classe de terminale scientifique dans un lycée de la commune de Yopougon (commune populaire d’Abidjan capitale de la Cote d’ivoire) qui ne devait pas pâlir face au taux de réussite des « garçons » au Baccalauréat. Ou comme celui d’il y a 9 ans lorsque je démissionnais pour m’installer à mon propre compte comme jeune entrepreneuse dans le domaine de la communication et qui devait assumer son choix et tout ce que cela impliquait…. relever les challenges non par euphorie ou plaisir mais pour redonner une part de ce que nous avons reçu gracieusement de la famille, de l’Etat et de la société  … redonner pour être plus riche !

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Entreprendre pour des lendemains meilleurs en Guinée

Kouramoudou Magassouba nous parle de l’ONG Horizons d’Afrique, qui intervient en milieu scolaire et universitaire pour former la jeunesse guinéenne à l’entrepreneuriat social. 

Kouramoudou Magassouba nous parle de l’ONG Horizons d’Afrique, qui intervient en milieu scolaire et universitaire pour former la jeunesse guinéenne à l’entrepreneuriat social. 

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WeCashUp : une plateforme de paiement qui rassemble l’Afrique et le monde

L’Afrique d’aujourd’hui compte près de 1,2 Milliards d’habitants (soit près de 3 fois la taille de l’Union Européenne), 435 millions d’utilisateurs d’internet via le mobile[1] (soit plus de 5 fois…

L’Afrique d’aujourd’hui compte près de 1,2 Milliards d’habitants (soit près de 3 fois la taille de l’Union Européenne), 435 millions d’utilisateurs d’internet via le mobile[1] (soit plus de 5 fois le nombre d’utilisateurs d’Amazon.com aux Etats-Unis d’Amérique) et plus de 27% des entrepreneurs en Afrique Sub-Saharienne sont des femmes[2] (soit le taux le plus élevé au monde). L’Afrique est aussi le continent avec la plus jeune population au monde (41% de sa population a moins de 15 ans et 19% est âgée de 15 à 24 ans). [3] En 2100, un tiers de la population mondiale sera originaire d’Afrique subsaharienne. Le continent représentera alors 40% de la population active mondiale ce qui est une très grande opportunité pour le secteur du numérique en général et le secteur du commerce électronique en particulier.

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Matthieu Lougarre « Plus que la vanilline synthétique, c’est la législation sur l’étiquetage des produits qui est problématique »

ENTRETIEN. Matthieu Lougarre, Directeur général d’Agri Resources Madagascar croit en l’avenir de la vanille et en sa région d’origine, la SAVA. A condition que la qualité de la vanille malgache…

ENTRETIEN. Matthieu Lougarre, Directeur général d’Agri Resources Madagascar croit en l’avenir de la vanille et en sa région d’origine, la SAVA. A condition que la qualité de la vanille malgache soit reconnue et protégée.

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FLIPFLOPI, le premier bateau au monde 100% en plastique recyclé

Flipflopi est le premier bateau au monde 100% construit en plastique recyclé. Une initiative africaine qui œuvre à la sensibilisation des populations à la pollution plastique dans les océans et…

Flipflopi est le premier bateau au monde 100% construit en plastique recyclé. Une initiative africaine qui œuvre à la sensibilisation des populations à la pollution plastique dans les océans et les invite à repenser leur comportement de consommation de plastique à usage unique.

 

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L’entreprise MAÏA, ou comment adapter son idée aux réalités du terrain

Maïa Africa, nouvelle entité du projet Faso Soap, est une entreprise sociale burkinabé fondée et dirigée par un duo d’entrepreneurs franco-burkinabé. Après quatre années de Recherche & Développement, la société…

Maïa Africa, nouvelle entité du projet Faso Soap, est une entreprise sociale burkinabé fondée et dirigée par un duo d’entrepreneurs franco-burkinabé. Après quatre années de Recherche & Développement, la société met au point un savon innovant permettant d’éloigner les moustiques. L’objectif : sauver 100 000 vies du paludisme. Mais en 2017, malgré une reconnaissance internationale et une campagne de crowdfunding réussie[1], la trajectoire de développement de Maïa Africa a failli être arrêtée nette. A quelles difficultés les entrepreneurs se sont-ils confrontés ? Comment les ont-ils surmontées ? Petit exemple de l’abnégation nécessaire pour assurer la réussite de son projet entrepreneurial.

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Promouvoir l’entrepreneuriat féminin en Afrique : défis et vecteurs de changement

Poursuivons sur la thématique de l’entrepreneuriat africain féminin, avec trois témoignages éclairants de femmes grandement impliquées sur ces enjeux : Ninon Duval-Farré, directrice de l’incubateur Bond’Innov, Ambre Delpierre et Lucie Paret,…

Poursuivons sur la thématique de l’entrepreneuriat africain féminin, avec trois témoignages éclairants de femmes grandement impliquées sur ces enjeux : Ninon Duval-Farré, directrice de l’incubateur Bond’Innov, Ambre Delpierre et Lucie Paret, co-fondatrices de Sahelia, et Lamba Ka, chargée de l’accompagnement des entrepreneurs chez MakeSense West Africa.

 

Ninon Duval-Farré

© Bond’Innov

 

Ninon Duval-Farré est depuis 2011 directrice de l’incubateur Bond’Innov. Hébergé par le centre IRD France-Nord, Bond’Innov encourage tout particulièrement les projets qui s’adressent aux marchés du Sud et aux pays en développement. Elle était auparavant consultante indépendante dans le management de l’innovation (de 2004 à 2011), et a en particulier lancé et animé le programme Paris Mentor jusqu’à fin 2011. Elle a participé à la création et au développement de start-up avec Vegetal Fabric, nominé au grand prix de l’innovation de Paris en 2011, et alafolie.com, site ayant connu un beau succès.

« L’Afrique est le continent où il y a le plus de femmes entrepreneures… mais souvent plus par nécessité économique que par choix véritable. Les femmes sont souvent le maillon qui tend vers l’éducation, la santé de la famille etc. elles sont au cœur des questions de développement. »

Des défis spécifiques aux femmes entrepreneures, en Afrique comme ailleurs

« D’une certaine manière, les femmes entrepreneures en Afrique rencontrent les mêmes difficultés que l’on peut imaginer ailleurs dans leur parcours entrepreneurial, notamment en France. Sans aborder les aspects culturels ou religieux, on a tendance à moins développer leur leadership (comparativement aux hommes) et elles peuvent se montrer plus timides, avec des répercussions tangibles dans les activités (sous-estimation des besoins financiers alors que les hommes ont tendance à les surestimer, ce qui peut être à leur avantage). C’est un phénomène social mondial, où les femmes se mettent des freins.

Dans notre secteur, à savoir l’entrepreneuriat de type start-up innovantes, à ambitions, à forts potentiels, on remarque qu’il y a une façon plus timide d’aborder le business qui freine un peu les ambitions des entrepreneures. On remarque d’ailleurs qu’elles sont bien moins nombreuses que les hommes dans ce domaine. »

Comment changer les choses ?

Pour des structures de soutien comme les nôtres, il est important de développer des modules soft skills (leadership) et notamment les programmes de mentorat au féminin. Car c’est en voyant des femmes qui osent que l’on ose oser, cela désinhibe.

Je me réjouis aussi de voir qu’il y a de moins en moins de programmes ou d’accompagnements exclusifs au féminin mais qui intègrent pleinement la mixité. C’est très nouveau et ça va dans le bon sens.

 

Ambre Delpierre & Lucie Paret, Sahelia

© Sahelia

Après avoir fait le constat d’un écosystème détruit par une agriculture intensive, Ambre Delpierre et Lucie Paret fondent Sahelia pour soutenir les efforts de producteurs responsables et les aider à commercialiser leurs produits vers les marchés européens. L’entreprise est spécialisée dans le commerce éthique de fruits et plantes biologiques en provenance d’Afrique de l’Ouest. Toutes deux reviennent sur leur expérience, en tant que femmes entrepreneures et en tant que partenaires de nombreuses femmes africaines travaillant dans la production agricole.

« Dans l’ensemble il nous semble moins difficile pour une femme d’entreprendre en Afrique. En tout cas beaucoup de femmes entreprennent! Nous n’avons jamais eu l’impression d’être dévalorisées. Au contraire être une femme est parfois un avantage, notamment avec certains de nos clients, qui nous font facilement confiance sur le respect de nos valeurs et notre engagement éthique »

 « Les femmes africaines sont des vraies working girl dans l’âme ! Elles sont très volontaires, et gèrent absolument tout, de la maison au business. A nos yeux ce qui leur manque ce sont des outils et des bases utiles pour structurer leurs projets et donner de la valeur ajoutée à ce qu’elles font déjà. Elles sont peut-être plus durement impactées que les hommes par le manque d’accès aux financements, au conseil, et aux compétences appropriées »

« Ce qui manque aux femmes entrepreneures: des outils et des bases utiles pour structurer leurs projets et donner de la valeur ajoutée à ce qu’elles font déjà. »

 

Lamba Ka

© Le Monde Afrique

Communicante passionnée, Lamba Ka est spécialisée dans les domaines de la communication et de l’entrepreneuriat social. Elle est actuellement chef de projet, chargée de l’accompagnement des entrepreneurs chez MakeSense West Africa et et Chargée de projet AFIDBA au Sénégal. Jusqu’en 2014, elle travaille avec plusieurs agences de communication au Sénégal ainsi qu’au sein de certains médias en tant que journaliste. Très préoccupée par l’éradication de la corruption en Afrique, particulièrement au Sénégal, Lamba co-fonde en 2016 SENEGEL (Senegalese Next Generation of Leaders), une plate-forme ayant pour objectif de promouvoir la transparence et de lutter contre la corruption au Sénégal, et participe en janvier 2018 à une formation sur la lutte contre la corruption dans la région du Sahel dispensée par le bureau de l’UNITAR à Hiroshima. Lamba obtient en 2017 la bourse Mandela Washigton et étudie le business et l’entrepreneuriat à l’Université de Notre Dame durant 6 semaines.

« Les femmes sont connues comme étant beaucoup plus entreprenantes que les hommes en Afrique. Le Sénégal n’est pas en reste, loin de là, et compte plus de femmes entrepreneures que d’hommes.

Mais ces femmes entrepreneures font face à plusieurs défis, qui me semblent spécifiques :

Familial tout d’abord, car la balance entre vie professionnelle et vie de famille est difficile à trouver. Il est compliqué de gérer à la fois une famille et une entreprise, surtout avec la pression culturelle et sociale.

La formalisation est un second enjeu de taille. Beaucoup de femmes gèrent un business, mais informel la plupart du temps. La formalisation est pourtant essentielle pour accéder aux financements et changer d’échelle

Enfin il y a la gestion de la peur. Certaines femmes ont peur de se lancer face à une concurrence très rude… et le temps peut leur manquer pour concurrencer la concurrence ! »

 

Comment changer les choses?

« Pour renforcer l’entrepreneuriat féminin, il faudra créer des incubateurs dédiés aux femmes et multiplier les podiums de partages entre femmes pour se renforcer mutuellement. »

 

Aller plus loin…

 

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