Penser et agir pour l’entrepreneuriat en Afrique

Ghana

Promouvoir les publications africaines pour améliorer le système éducatif et garantir la croissance économique.

D’ici 2050, la population d’Afrique passera de 1,51 milliard de personnes à 2,45 milliards. Cette puissance démographique va propulser l’Afrique au rang d’une grande puissance économique. Le PIB Africain de…

D’ici 2050, la population d’Afrique passera de 1,51 milliard de personnes à 2,45 milliards. Cette puissance démographique va propulser l’Afrique au rang d’une grande puissance économique. Le PIB Africain de 2050, dans les scénarios les plus modestes, étant en valeur absolue le PIB de la Chine aujourd’hui (1). 

Mais cette puissance démographique ne révèlera tout son potentiel que si, durant les trois prochaines décennies, l’éducation est considérée comme une priorité absolue. Sur le moyen et le long terme, l’éducation est le facteur de changement le plus puissant, c’est l’instrument le plus efficace pour lutter contre la pauvreté et les inégalités. Et plus généralement, elle est essentielle à la réalisation de chacun des 17 objectifs de développement durable. 

A titre d’illustration, sur deux cartes, la première indiquant le taux de pauvreté dans le monde (2), le second montrant les taux d’alphabétisation (3) (Premier indicateur du niveau d’éducation d’un pays) on peut observer une forte corrélation entre les deux maps. Les pays ayant les taux d’alphabétisation les moins élevés sont fatalement les moins développés.

Si aujourd’hui les enjeux autours de cette question sont reconnus, et d’ailleurs, des politiques d’accès à l’éducation sont déjà en train d’être appliqués sur le continent, ces efforts doivent aussi être étendus à l’ensemble des acteurs impliqués dans le processus de transmission des savoirs et des savoir-faire dont l’industrie de l’édition. 

Après les bons enseignants, la meilleure opportunité d’apprendre pour un enfant est d’avoir un bon livre.

 La banque mondiale, à titre d’exemple, admet qu’après les bons enseignants, la meilleure opportunité d’apprendre pour un enfant est d’avoir un bon livre. Je pense que cela définit parfaitement le rôle essentiel des livres.  Tous les livres, et pas seulement les manuels, fournissent les meilleures opportunités d’apprentissage possibles.

Si vous voulez que l’édition influence l’éducation d’un pays, elle doit être également endogène.

Aujourd’hui, le marché des manuels éducatifs, mais plus généralement des livres, est dominé par les produits importés. Le savoir-faire (Know-how) local et africain tend à être éclipsé par les savoirs (Know-what) universels. Mais les deux peuvent et doivent cohabiter.

Dans un monde de plus en plus globalisé, il est important d’acquérir les savoirs universellement reconnus, répondant aux conditions épistémologiques de la science moderne, marqué par le sceau de la rigueur dans la collecte des informations, validé par la multiplication des expériences et débarrassé de toute irrationalité (4). L’acquisition de ces savoirs scientifiques, à vocation universelle et normative est nécessaire, sous peine d’être marginalisé dans la cité globale. 

Mais comme dit plus haut, le savoir-faire local tend à s’effacer justement parce qu’à l’opposé des savoirs universels, il est expérientiel, pragmatique mais progressif et surtout ancré dans une expérience ou un contexte qui lui est particulier. Et d’une certaine manière, c’est dans cette forme d’exclusivité que réside tout le potentiel des savoir-faire locaux. Car ils répondent aux questions africaines d’une manière pragmatiques et sont les réponses les mieux adaptées au contexte dans lequel évoluent les sociétés et les entrepreneurs africains. 

Pour des enjeux patrimoniaux et identitaires mais aussi pour la connaissance dans son ensemble, ce savoir-faire doit-être enseigné et transmis aux générations futures de la même manière que l’on transmet les savoirs scientifiques.


  1.  L’Afrique deviendra une grande puissance économique” – Jean-Michel Severino: https://www.youtube.com/watch?v=A2kwLTXUWn8
  2. https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_sovereign_states_by_percentage_of_population_living_in_poverty 
  3. https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_par_taux_d%27alphab%C3%A9tisation 
  4. https://scienceetbiencommun.pressbooks.pub/justicecognitive1/chapter/la-place-des-savoirs-locaux-endogenes-dans-la-cite-globale-essai-de-justification/  
Aucun commentaire sur Promouvoir les publications africaines pour améliorer le système éducatif et garantir la croissance économique.

Les universités africaines ferment-elles leurs portes aux femmes ?

Abidjan, début des années 60, la jeune Dicoh Mariam Konan entame des études de chimie au Lycée Technique. Elle deviendra la première femme chimiste de Côte d’Ivoire. Son portrait sur…

Abidjan, début des années 60, la jeune Dicoh Mariam Konan entame des études de chimie au Lycée Technique. Elle deviendra la première femme chimiste de Côte d’Ivoire. Son portrait sur les pièces de 25fcfa, encore en circulation aujourd’hui, illustre l’impact de son parcours. Il symbolise une Afrique de l’Ouest en progrès, avec des femmes instruites, alors que la période des indépendances bat son plein. 60 ans après, ce progrès est au ralenti, seul 8% de femmes ivoiriennes poursuivent des études secondaires. Un chiffre qui s’applique au reste des pays de l’Afrique subsaharienne. Comment expliquer cela ? 

Au cours des années, les femmes subsahariennes ont trouvé sur leur chemin de nombreux obstacles socio-économiques s’opposant à la poursuite d’études supérieures. Notamment, les stéréotypes liés au genre et à la place des femmes dans la société, la préférence marquée pour l’éducation des garçons et la pauvreté. En effet, le coût de l’enseignement supérieur pèse généralement plus sur les ménages pauvres que les ménages riches.

Pourtant, les études le prouvent les femmes ont un rôle primordial dans l’économie du continent. Selon l’UNESCO, les répercussions de l’éducation des filles sur la croissance économique nationale sont indéniables : une augmentation d’un point de pourcentage de l’instruction des filles entraîne un accroissement du produit intérieur brut (PIB) moyen de 0,3 point et un relèvement du taux de croissance annuel du[1] PIB de 0,2 point.

Ces données soulèvent plusieurs questions :

  • Quels sont les mécanismes à mettre en place pour assurer un accès durable à l’éducation supérieure pour les jeunes  filles ? 
  • Comment influer sur des pratiques sociétales ancrées  ? 

Retour sur 3 mécanismes mis en place par I&P Education et Emploi, visant à augmenter le nombre de jeunes filles inscrites dans les établissements d’enseignement supérieur pour leur permettre de trouver leur place sur le marché du travail.

Dépasser la barrière socio-économique

A l’ISM Ziguinchor, 11h, Elise, originaire de la région de Sédhiou au Sénégal, suit un cours de management. Après avoir interrompu sa scolarité suite à une grossesse, elle a bénéficié d’une bourse d’excellence de l’ISM Ziguinchor. Première institution d’enseignement supérieur de la capitale casamançaise, l’établissement est un bel exemple de parité, en effet, les jeunes filles représentent 55% des effectifs.

La politique est claire : « Lors de l’attribution des bourses, 60% de filles et 40% de garçons. A compétence égale le choix se porte sur la fille. », affirme Georges Bernard Ndèye, directeur de l’établissement. Lorsqu’on lui demande pourquoi les filles, la réponse est simple : « Le désir de sortir les filles de leur situation de vulnérabilité ».

L’enseignement supérieur a un coût supplémentaire pour les familles habitant les zones rurales ou sans université qui doivent se tourner vers des capitales ou les villes secondaires.  Pour les familles cela signifie des frais additionnels tels que le transport, l’hébergement, ou encore l’alimentation[2]. Au Ghana, par exemple, chez les ménages les plus défavorisés, l’envoi d’un jeune dans un établissement d’enseignement supérieur augmente de 37 % leurs dépenses non alimentaires[3], un sacrifice inenvisageable pour nombre d’entre eux.

L’envoi d’un jeune dans un établissement d’enseignement supérieur augmente de 37 % les dépenses non alimentaires d’un ménage pauvre au Ghana

Les étudiants et leurs familles analysent les avantages d’une formation supérieure, face aux revenus si le jeune travaillait juste après le lycée. Pour Priska Manga, Docteure à l’Université Cheikh Anta Diop, le premier obstacle des filles est la famille. Des normes sociales (rôle des hommes et des femmes dans la famille, mariage, maternités etc.) entrent également dans la balance. Un proverbe wolof dit “ Diangou Djiguène amoul ndieurigne”, les études d’une femme n’ont pas d’utilité. Investir dans l’éducation supérieure des jeunes filles, peut-être perçu comme une perte de temps et d’investissement pour les familles les plus vulnérables.

Le niveau d’éducation des parents est un facteur essentiel à la prise de décision. Lorsque le chef de famille a achevé le secondaire, les enfants ont 10 fois plus de chances poursuivre des études supérieures qu’un enfant au sein d’un ménage dont le niveau scolaire du chef de famille est inférieur. Ainsi, convaincre les familles vulnérables de l’importance des études supérieures des jeunes filles est nécessaire. Mais il est indispensable de coupler ce changement sociétal à des mécanismes de soutien financier. L’octroi d’une bourse peut conditionner la poursuite des études supérieures pour une jeune fille de milieu défavorisé.

Des infrastructures de proximité et adaptées

En 2016, l’ISM Ziguinchor souhaitant répondre aux problématiques d’hébergement de ses étudiants, a décidé d’ouvrir une antenne à Kolda, ville située à 500km de Dakar. A la rentrée scolaire, l’administration s’est aperçue que les effectifs étaient en majorité composés de filles mariées, dont les familles ne voulaient pas qu’elles s’éloignent pour leurs études. Les familles souhaitent garder leurs filles au sein d’un cercle familial, pour les protéger, mais aussi éviter tout incident qui mettrait à mal leurs réputations (grossesses indésirées, etc.). Rapprocher l’établissement des étudiantes dans les régions rurales permet d’augmenter leur accès à une éducation supérieure de qualité, lorsque les normes sociales les empêchent d’aller seules en ville. Pour les étudiantes mères, la mise à disposition de crèche sur le lieu d’apprentissage favorise le maintien dans les études. Pour aider les apprenantes à se concentrer sur leur formation, l’UNICEF a mis en place un système de garderie dans le cadre du projet “Girl Power” en Côte d’Ivoire. Le projet vise à renforcer les compétences entrepreneuriales des jeunes filles des banlieues[4].

  • Les dortoirs : lorsque l’école devient la maison

Les familles ont également recours à des systèmes de tutorat. L’étudiant (fille comme garçon) est placé sous l’autorité d’un tuteur, généralement une connaissance familiale. Le cas échéant, ou lorsqu’il y a des difficultés qui se présentent au sein de la famille d’accueil, les filles abandonnent leur scolarité.  Une autre solution est de faire de l’école le lieu de vie.  La construction de dortoirs dans les établissements permet aux familles de trouver une solution fiable à la question de l’éloignement du lieu d’apprentissage. Cette solution en cours d’expérimentation dans les Etablissements ESSECT Poincaré. Située dans la ville de Bouaké en Côte d’Ivoire, l’école accueille les élèves de toute la région -essentiellement agricole- et au-delà.

  • L’importance de structures sanitaires décentes et adaptées

En plus d’avoir des toilettes décentes, il s’agit également d’équipements adaptés à la physiologie féminine et disponibles dans les sanitaires.

Une fois poussées les portes de l’établissement, les étudiantes y passent une grande partie de leurs journées. En plus de la disponibilité d’infrastructures, il est important qu’elles s’y sentent à l’aise. A la fois privées et publiques, les toilettes sont des lieux qui doivent répondre aux exigences de sécurité, d’hygiène et d’intimité[5]. Mr Ndèye considère depuis son entrée dans le programme IP2E que des sanitaires décents sont des fondamentaux pour l’épanouissement des jeunes filles.  Pendant leurs règles, les filles ont davantage besoin d’avoir accès à des toilettes disposant d’eau, de savon et de poubelles où elles pourront disposer de leurs protections hygiéniques[6]. La mise à disposition de ces protections est également nécessaire. En plus d’avoir des toilettes décentes, il s’agit également d’équipements adaptés et disponibles dans ces espaces. Lorsqu’elles sont interrogées, les filles expriment un intérêt pour les toilettes séparées. Elles mettent souvent en avant les critères d’hygiène et la volonté d’intimité et de sécurité.

  • Assurer la protection et le bien-être des étudiants

Mettre en place un environnement d’apprentissage sûr va au-delà des infrastructures. Les violences sexistes et sexuelles touchent davantage les filles que les garçons. Elles sont présentes durant les études supérieures, mais non dénoncées. Il peut s’agir de cas de harcèlement entre étudiants, ou entre professeurs et étudiants, comme des cas d’échanges de bonnes notes ou d’offres d’emploi contre des faveurs sexuels[7]. Au sein du programme IP2E, toutes les entreprises soutenues élaborent une politique de « sauvegarde des étudiants ». Cette politique vise à prévenir et répondre à différents types d’incidents (violences sexuelles, sécurité physique, etc.) et renforcer la sensibilisation des étudiants et du personnel sur ces sujets. Les établissements développent des mécanismes de remontée et de traitement des plaintes. Ils permettent particulièrement d’installer un climat de confiance, et d’améliorer l’expérience d’apprentissage des jeunes filles.

Des rôles modèles pour inspirer

A l’Institut Ivoirien de Technologie (IIT), en même temps que les cours de business ou d’informatique, les étudiants reçoivent des cours de leadership et de développement personnel. Prisca et Grâce, deux étudiantes en deuxième année expliquent que ces cours aident « à se connaître soi-même, trouver ses forces pour vaincre leurs faiblesses ». Elles discutent souvent l’épanouissement des jeunes filles avec leurs camarades garçons. Pour Grâce, une des raisons de la non-poursuite des études supérieures est le manque de confiance des filles en elle. Ce manque de confiance naît de la « faible estime » que l’entourage accorde à l’éducation des jeunes femmes.

Les stéréotypes de genre se retrouvent aussi dans l’orientation. Les filières dites porteuses, telles que les filières scientifiques sont souvent attribuées aux garçons. Fabricia Devignes, experte genre à l’Institut international de planification de l’éducation de l’Unesco explique que « la représentation des femmes a un impact sur l‘éducation des filles et les résultats d’apprentissage ».

Dans les entreprises du programme I&P éducation et Emploi, un établissement fait la différence dans les sciences : l’Université des Sciences de la Santé de Dakar (USSD). Le Conseil d’Administration de l’USSD est présidé par une femme. Dans l’université, 60% des étudiants sont des jeunes femmes. Interrogées, les étudiantes expliquent qu’elles viennent pour la plupart des familles où les parents exercent déjà des métiers dans le secteur de la santé. Pour renforcer la détermination de ces futures docteures, l’USSD met aussi en place un programme de leadership féminin. Il s’agit de séances de mentorat durant lesquelles des femmes dans le secteur de la santé animeront des sessions d’échange avec les étudiantes. Pour le professeur Ndir, c’est en prenant l’exemple sur des rôles modèles féminins qu’il y aura « des femmes leaders » dans le domaine.

Faire évoluer les mentalités

A Tamale dans le nord du Ghana, l’entreprise éducative Openlabs rapproche les rôles modèles des communautés locales pour faire évoluer les mentalités. Afin de former les jeunes filles à l’informatique, Prince Charles, responsable du campus et son équipe mènent des actions de sensibilisation auprès des filles dès le primaire, des familles, des associations de femmes et des chefs religieux. Pour faciliter l’échange, certains membres de l’équipe proviennent des communautés ciblées.  Zeinab, étudiante issue de la communauté Choggu prend la parole. Elle explique qu’il est possible d’être une jeune femme, d’appartenir à la communauté et de poursuivre les études supérieures. Prince Charles poursuit en expliquant les avantages financiers que l’éducation des jeunes femmes aura sur ces communautés. Il précise également les bourses et réduction qu’Openlabs offrent aux jeunes filles.

Depuis quelques années, l’écart historique d’accès à l’éducation secondaire entre filles et garçons sur le continent africain s’est considérablement réduit jusqu’à s’inverser grâce aux efforts des gouvernements (Au Sénégal, en 2021 : 52% de filles contre 48% de garçons). Cette quasi-parité a mis en lumière une inégalité non-genrée, mais plutôt une forte disparité selon l’origine sociale et géographique des futurs étudiants, et explique en partie le faible taux de poursuite des études supérieures. Bien que peu de filles et de garçons poursuivent des études supérieures en Afrique subsaharienne, les jeunes filles défavorisées ou vivant en milieu rural se retrouvent au bas de la pyramide de l’accès à l’université.

Garantir un accès durable à l’éducation pour les jeunes filles vulnérables nécessite de fournir des mécanismes de financement de l’enseignement supérieur. Pour les jeunes filles en milieu rural, la multiplication des offres de formation supérieur de proximité représentent aussi un levier à mettre en œuvre. Les établissements doivent être des endroits sûrs, dans lesquels le bien-être, la sécurité et la santé des étudiants seront préservés. Enfin, il est nécessaire de faire évoluer les mentalités, notamment sur la place des filles dans les filières scientifiques pour faire participer pleinement les femmes au développement du continent.

« L’émancipation des femmes passe par l’éducation. Si on arrive à avoir plus de femmes éduquées, on aura des leaders femmes partout »

 D’après la docteure Priska Manga, « L’émancipation des femmes passe par l’éducation. Si on arrive à avoir plus de femmes éduquées, on aura des leaders femmes partout ». Les jeunes filles défavorisées ont besoin d’un accès continu à une éducation de qualité, afin de devenir autonomes, et d’être actrices du développement de leur région[8]. Des études supérieures de qualité développent et renforcent les compétences requises pour s’insérer dans un marché du travail très concurrentiel, et leur permet de prétendre à des revenus décents, suffisants et égalitaires pour améliorer leur qualité de vie.


[1] https://www.globalpartnership.org/fr/blog/leducation-des-filles-releve-du-bon-sens-economique

[2] Darvas, Peter, Shang Gao, Yijun Shen et Bilal Bawany. 2017. Enseignement supérieur et équité en Afrique subsaharienne : Élargir l’opportunité au-delà de l’élite. Directions du développement. Washington, DC : Banque mondiale. doi:10.1596/978-1-4648-1266-8.

[3]Darvas & all

[4] UNICEF. Projet Girl Power. 2020. https://team.unicef.fr/projects/unicef-projet-girl-power

[5] Marion Simon-Rainaud. 2021. Mélanger les filles et les garçons a facilité l’accès aux toilettes », 7 mars 2021 ? https://usbeketrica.com/fr/melanger-les-filles-et-les-garcons-a-facilite-l-acces-aux-toilettes

[6] GPE. 2018. Comment les toilettes peuvent-elles contribuer à promouvoir l’éducation.

[7] BBC News Africa. 2019. ‘Sex for geades’: Undercover in West African universities. https://www.bbc.com/news/av/world-africa-49907376

[8] C. Manse. 2020. Education des filles, émancipation des femmes. https://www.entreprenanteafrique.com/education-des-filles-emancipation-des-femmes/

Aucun commentaire sur Les universités africaines ferment-elles leurs portes aux femmes ?

La législation fiscale en question : le rôle des conventions d’établissement dans le secteur aurifère africain

Jusque dans les années 90, le continent africain pourtant riche en ressources minérales, attirait peu les investissements miniers.

Jusque dans les années 90, le continent africain pourtant riche en ressources minérales, attirait peu les investissements miniers.

Aucun commentaire sur La législation fiscale en question : le rôle des conventions d’établissement dans le secteur aurifère africain

Parcours d’entrepreneures africaines (1/2): Patricia Zoundi Yao et Catherine Krobo-Edusei

65 % de la richesse du continent africain est produite par les femmes entrepreneures d’après la dernière étude publiée par le cabinet de conseil Roland Berger fin septembre 2018. En…

65 % de la richesse du continent africain est produite par les femmes entrepreneures d’après la dernière étude publiée par le cabinet de conseil Roland Berger fin septembre 2018. En Afrique subsaharienne, les femmes produisent 80% des denrées alimentaires et représentent 70% de la force agricole du continent. 24 % des femmes africaines parmi les 312 millions de femmes de 18 à 64 ans que compte le continent ont créé une entreprise (contre 17% en Amérique latine, 12% en Amérique du Nord, et 8% en Europe et en Asie centrale).

En dépit de cette situation, les femmes africaines souffrent encore de nombreuses inégalités notamment en termes d’accès à l’emploi, de rémunération et de manière générale d’accès et de contrôle sur les ressources économiques. Quelle situation paradoxale… A l’occasion du 8 mars, Journée internationale des droits de la Femme, le blog Entreprenante Afrique vous propose 4 portraits de femmes africaines aux parcours inspirants ! Focus sur les parcours de Patricia Zoundi Yao, à la tête de plusieurs initiatives entrepreneuriales à fort impact dans le monde rural en Côte d’Ivoire et Catherine Krobo-Edusei, qui gère l’un des plus importants distributeurs de légumes et fruits frais au Ghana.

Retrouvez ici la partie 2, avec les parcours de deux entrepreneures sénégalaises →

 

Patricia Zoundi Yao

Quelques mots sur votre parcours ?

Je suis Patricia Zoundi Yao, entrepreneure dans l’âme comme j’aime le définir. Je suis à la tête de trois structures, dans des secteurs d’activités différents, mais ayant pour cible les personnes en bas de la pyramide. J’ai fondé en 2009 Quickcash, un service de transfert d’argent pour le monde rural. Nous sommes en train de se transformer en Agency Bank compte tenu de la concurrence sur le terrain et les besoins observés des populations. Cela nous permettrait de dématérialiser les services des banques classiques dans les villages ruraux. J’ai également créé Digital Hub, qui offre des services numériques à une clientèle jeune et connectée. Je travaille aussi depuis 2014 dans une structure du secteur agricole, Canaanland, qui permet d’encadrer les agricultrices (70%) et les jeunes (30%). Nous les formons à des techniques d’agriculture durable, à l’agriculture biologique, et nous les accompagnons dans la phase de commercialisation. Notre développement se fait sous forme de franchises car si on veut toucher le plus grand nombre, on ne peut pas procéder par acquisition. D’ici 3 ans, on compte lancer 5 franchises sur la Côte d’Ivoire et le Libéria, qui suivront trois principes clés : 0 déforestation, 0 pesticides et 100% inclusif. Les petits producteurs notamment sont systématiquement pris en compte dans notre chaîne de valeurs.

Pourquoi cet intérêt particulier pour le secteur rural ?

Je suis moi-même issue du monde rural. Mes parents sont agriculteurs, et j’ai travaillé très tôt dans le commerce de village géré par ma mère. Je n’ai connu Abidjan qu’après l’obtention de mon baccalauréat : c’était pour moi un environnement trop moderne où il était difficile de trouver ses marques. Dans mes activités entrepreneuriales, je me suis en fait naturellement tournée vers ce que je connaissais de mieux. Quand j’ai démarré mes activités, je ne connaissais pas le concept ‘’d’entrepreneuriat social’’. J’en ai entendu parler pour la première vois vers 2013-2014. Moi je faisais quelque chose qui me plaisait, un point un trait. J’ai baigné dans cet environnement, et puis je trouve que c’est dans ce milieu que les gens sont le plus sincères en fait : ils ne sont pas réservés, ils sont vrais. Tu vois l’effort, l’énergie qu’ils dégagent, même s’ils restent dans une extrême pauvreté.

Quelles difficultés avez-vous eu à faire face en tant que femme ?

Sincèrement je n’ai eu aucun problème lié à mon statut de femme. Pour moi, être une femme n’est pas un problème, c’est même un atout. Je considère que cela m’a donné des capacités et des qualités essentielles pour réussir dans l’entrepreneuriat : la persévérance, le fait que tu sois celle qui se lève un peu tôt, qui se couche un peu tard…

C’est vrai qu’il y a eu des difficultés à travers mon parcours, mais qui sont liées au business, pas au fait que je sois une femme. Encore une fois, je crois au contraire que cela m’a aidé. La femme est multitâche : elle s’occupe de la maison, des enfants. En fait elle arrive à faire plusieurs tâches en même temps et à bien les faire. C’est pour cela que les femmes rurales sont mes modèles : elles arrivent à faire le champ, s’occuper des enfants, de la cuisine, du ménage. Aussi il parait que les femmes sont plus passionnées que les hommes… Je ne sais pas si cela est toujours vrai, mais en tout cas moi je suis une personne passionnée ! Ce qui me motive, c’est d’offrir des opportunités aux femmes et aux jeunes, surtout dans les zones rurales, où il n’y a pas grand-chose qui se passe.  On a parfois l’impression que les modèles de réussites, c’est uniquement en milieu urbain.

Un conseil aux (futures) femmes entrepreneures ?

Mon conseil c’est de se lancer, car on ne sera jamais prêt. Il n’y a jamais de bon moment. Si on doit se lancer c’est maintenant car l’environnement est favorable. On ne sait pas dans 5 ans quelle sera la nouvelle orientation : il y a des formations, des offres de financements dédiées aux femmes. Et puis se focaliser sur les solutions et non les problèmes. Il faut voir les choses autrement et se donner le leadership qu’il faut et non pas se victimiser. Vous avez toutes les atouts nécessaires pour vous lancer et réussir !

 

 

Catherine Krobo Edusei

Catherine Krobo Edusei, 57 ans, dirige l’entreprise Eden Tree, l’un des principaux producteurs et distributeurs de légumes et fruits frais au Ghana.

Avez-vous eu des difficultés parce que vous êtes une femme ? Si oui, pouvez-vous nous donner quelques exemples ?

Il m’a été très difficile au début d’obtenir des financements auprès des banques et des fonds de capital-risque, et si j’avais été un homme, cela aurait été plus facile. J’ai également éprouvé des difficultés à travailler avec des hommes de certaines tribus en raison de leur vision de ce que devrait être la place d’une femme.

Qui sont vos modèles ? Pourquoi ?

Oprah Winfrey, Maya Angelou, Yaa Asantewaa, ou encore Hillary Clinton ont été et sont des femmes très fortes, qui n’ont pas eu peur de briser les règles. Il est vrai qu’une femme doit se battre deux fois plus qu’un homme. Les hommes ont la force du réseautage dans leurs différents clubs, alors que les femmes ne réussissent pas très bien pour le moment à réseauter et partager entre elles les opportunités.

Un conseil aux (futures) femmes entrepreneurs ?

Tout donner, se concentrer, travailler dur, croire en elles-mêmes… elles ne le regretteront pas.

Aucun commentaire sur Parcours d’entrepreneures africaines (1/2): Patricia Zoundi Yao et Catherine Krobo-Edusei

Saisissez votre recherche puis validez avec la touche Entrée