Penser et agir pour l’entrepreneuriat en Afrique

Jeunesse

Les universités africaines ferment-elles leurs portes aux femmes ?

Abidjan, début des années 60, la jeune Dicoh Mariam Konan entame des études de chimie au Lycée Technique. Elle deviendra la première femme chimiste de Côte d’Ivoire. Son portrait sur…

Abidjan, début des années 60, la jeune Dicoh Mariam Konan entame des études de chimie au Lycée Technique. Elle deviendra la première femme chimiste de Côte d’Ivoire. Son portrait sur les pièces de 25fcfa, encore en circulation aujourd’hui, illustre l’impact de son parcours. Il symbolise une Afrique de l’Ouest en progrès, avec des femmes instruites, alors que la période des indépendances bat son plein. 60 ans après, ce progrès est au ralenti, seul 8% de femmes ivoiriennes poursuivent des études secondaires. Un chiffre qui s’applique au reste des pays de l’Afrique subsaharienne. Comment expliquer cela ? 

Au cours des années, les femmes subsahariennes ont trouvé sur leur chemin de nombreux obstacles socio-économiques s’opposant à la poursuite d’études supérieures. Notamment, les stéréotypes liés au genre et à la place des femmes dans la société, la préférence marquée pour l’éducation des garçons et la pauvreté. En effet, le coût de l’enseignement supérieur pèse généralement plus sur les ménages pauvres que les ménages riches.

Pourtant, les études le prouvent les femmes ont un rôle primordial dans l’économie du continent. Selon l’UNESCO, les répercussions de l’éducation des filles sur la croissance économique nationale sont indéniables : une augmentation d’un point de pourcentage de l’instruction des filles entraîne un accroissement du produit intérieur brut (PIB) moyen de 0,3 point et un relèvement du taux de croissance annuel du[1] PIB de 0,2 point.

Ces données soulèvent plusieurs questions :

  • Quels sont les mécanismes à mettre en place pour assurer un accès durable à l’éducation supérieure pour les jeunes  filles ? 
  • Comment influer sur des pratiques sociétales ancrées  ? 

Retour sur 3 mécanismes mis en place par I&P Education et Emploi, visant à augmenter le nombre de jeunes filles inscrites dans les établissements d’enseignement supérieur pour leur permettre de trouver leur place sur le marché du travail.

Dépasser la barrière socio-économique

A l’ISM Ziguinchor, 11h, Elise, originaire de la région de Sédhiou au Sénégal, suit un cours de management. Après avoir interrompu sa scolarité suite à une grossesse, elle a bénéficié d’une bourse d’excellence de l’ISM Ziguinchor. Première institution d’enseignement supérieur de la capitale casamançaise, l’établissement est un bel exemple de parité, en effet, les jeunes filles représentent 55% des effectifs.

La politique est claire : « Lors de l’attribution des bourses, 60% de filles et 40% de garçons. A compétence égale le choix se porte sur la fille. », affirme Georges Bernard Ndèye, directeur de l’établissement. Lorsqu’on lui demande pourquoi les filles, la réponse est simple : « Le désir de sortir les filles de leur situation de vulnérabilité ».

L’enseignement supérieur a un coût supplémentaire pour les familles habitant les zones rurales ou sans université qui doivent se tourner vers des capitales ou les villes secondaires.  Pour les familles cela signifie des frais additionnels tels que le transport, l’hébergement, ou encore l’alimentation[2]. Au Ghana, par exemple, chez les ménages les plus défavorisés, l’envoi d’un jeune dans un établissement d’enseignement supérieur augmente de 37 % leurs dépenses non alimentaires[3], un sacrifice inenvisageable pour nombre d’entre eux.

L’envoi d’un jeune dans un établissement d’enseignement supérieur augmente de 37 % les dépenses non alimentaires d’un ménage pauvre au Ghana

Les étudiants et leurs familles analysent les avantages d’une formation supérieure, face aux revenus si le jeune travaillait juste après le lycée. Pour Priska Manga, Docteure à l’Université Cheikh Anta Diop, le premier obstacle des filles est la famille. Des normes sociales (rôle des hommes et des femmes dans la famille, mariage, maternités etc.) entrent également dans la balance. Un proverbe wolof dit “ Diangou Djiguène amoul ndieurigne”, les études d’une femme n’ont pas d’utilité. Investir dans l’éducation supérieure des jeunes filles, peut-être perçu comme une perte de temps et d’investissement pour les familles les plus vulnérables.

Le niveau d’éducation des parents est un facteur essentiel à la prise de décision. Lorsque le chef de famille a achevé le secondaire, les enfants ont 10 fois plus de chances poursuivre des études supérieures qu’un enfant au sein d’un ménage dont le niveau scolaire du chef de famille est inférieur. Ainsi, convaincre les familles vulnérables de l’importance des études supérieures des jeunes filles est nécessaire. Mais il est indispensable de coupler ce changement sociétal à des mécanismes de soutien financier. L’octroi d’une bourse peut conditionner la poursuite des études supérieures pour une jeune fille de milieu défavorisé.

Des infrastructures de proximité et adaptées

En 2016, l’ISM Ziguinchor souhaitant répondre aux problématiques d’hébergement de ses étudiants, a décidé d’ouvrir une antenne à Kolda, ville située à 500km de Dakar. A la rentrée scolaire, l’administration s’est aperçue que les effectifs étaient en majorité composés de filles mariées, dont les familles ne voulaient pas qu’elles s’éloignent pour leurs études. Les familles souhaitent garder leurs filles au sein d’un cercle familial, pour les protéger, mais aussi éviter tout incident qui mettrait à mal leurs réputations (grossesses indésirées, etc.). Rapprocher l’établissement des étudiantes dans les régions rurales permet d’augmenter leur accès à une éducation supérieure de qualité, lorsque les normes sociales les empêchent d’aller seules en ville. Pour les étudiantes mères, la mise à disposition de crèche sur le lieu d’apprentissage favorise le maintien dans les études. Pour aider les apprenantes à se concentrer sur leur formation, l’UNICEF a mis en place un système de garderie dans le cadre du projet “Girl Power” en Côte d’Ivoire. Le projet vise à renforcer les compétences entrepreneuriales des jeunes filles des banlieues[4].

  • Les dortoirs : lorsque l’école devient la maison

Les familles ont également recours à des systèmes de tutorat. L’étudiant (fille comme garçon) est placé sous l’autorité d’un tuteur, généralement une connaissance familiale. Le cas échéant, ou lorsqu’il y a des difficultés qui se présentent au sein de la famille d’accueil, les filles abandonnent leur scolarité.  Une autre solution est de faire de l’école le lieu de vie.  La construction de dortoirs dans les établissements permet aux familles de trouver une solution fiable à la question de l’éloignement du lieu d’apprentissage. Cette solution en cours d’expérimentation dans les Etablissements ESSECT Poincaré. Située dans la ville de Bouaké en Côte d’Ivoire, l’école accueille les élèves de toute la région -essentiellement agricole- et au-delà.

  • L’importance de structures sanitaires décentes et adaptées

En plus d’avoir des toilettes décentes, il s’agit également d’équipements adaptés à la physiologie féminine et disponibles dans les sanitaires.

Une fois poussées les portes de l’établissement, les étudiantes y passent une grande partie de leurs journées. En plus de la disponibilité d’infrastructures, il est important qu’elles s’y sentent à l’aise. A la fois privées et publiques, les toilettes sont des lieux qui doivent répondre aux exigences de sécurité, d’hygiène et d’intimité[5]. Mr Ndèye considère depuis son entrée dans le programme IP2E que des sanitaires décents sont des fondamentaux pour l’épanouissement des jeunes filles.  Pendant leurs règles, les filles ont davantage besoin d’avoir accès à des toilettes disposant d’eau, de savon et de poubelles où elles pourront disposer de leurs protections hygiéniques[6]. La mise à disposition de ces protections est également nécessaire. En plus d’avoir des toilettes décentes, il s’agit également d’équipements adaptés et disponibles dans ces espaces. Lorsqu’elles sont interrogées, les filles expriment un intérêt pour les toilettes séparées. Elles mettent souvent en avant les critères d’hygiène et la volonté d’intimité et de sécurité.

  • Assurer la protection et le bien-être des étudiants

Mettre en place un environnement d’apprentissage sûr va au-delà des infrastructures. Les violences sexistes et sexuelles touchent davantage les filles que les garçons. Elles sont présentes durant les études supérieures, mais non dénoncées. Il peut s’agir de cas de harcèlement entre étudiants, ou entre professeurs et étudiants, comme des cas d’échanges de bonnes notes ou d’offres d’emploi contre des faveurs sexuels[7]. Au sein du programme IP2E, toutes les entreprises soutenues élaborent une politique de « sauvegarde des étudiants ». Cette politique vise à prévenir et répondre à différents types d’incidents (violences sexuelles, sécurité physique, etc.) et renforcer la sensibilisation des étudiants et du personnel sur ces sujets. Les établissements développent des mécanismes de remontée et de traitement des plaintes. Ils permettent particulièrement d’installer un climat de confiance, et d’améliorer l’expérience d’apprentissage des jeunes filles.

Des rôles modèles pour inspirer

A l’Institut Ivoirien de Technologie (IIT), en même temps que les cours de business ou d’informatique, les étudiants reçoivent des cours de leadership et de développement personnel. Prisca et Grâce, deux étudiantes en deuxième année expliquent que ces cours aident « à se connaître soi-même, trouver ses forces pour vaincre leurs faiblesses ». Elles discutent souvent l’épanouissement des jeunes filles avec leurs camarades garçons. Pour Grâce, une des raisons de la non-poursuite des études supérieures est le manque de confiance des filles en elle. Ce manque de confiance naît de la « faible estime » que l’entourage accorde à l’éducation des jeunes femmes.

Les stéréotypes de genre se retrouvent aussi dans l’orientation. Les filières dites porteuses, telles que les filières scientifiques sont souvent attribuées aux garçons. Fabricia Devignes, experte genre à l’Institut international de planification de l’éducation de l’Unesco explique que « la représentation des femmes a un impact sur l‘éducation des filles et les résultats d’apprentissage ».

Dans les entreprises du programme I&P éducation et Emploi, un établissement fait la différence dans les sciences : l’Université des Sciences de la Santé de Dakar (USSD). Le Conseil d’Administration de l’USSD est présidé par une femme. Dans l’université, 60% des étudiants sont des jeunes femmes. Interrogées, les étudiantes expliquent qu’elles viennent pour la plupart des familles où les parents exercent déjà des métiers dans le secteur de la santé. Pour renforcer la détermination de ces futures docteures, l’USSD met aussi en place un programme de leadership féminin. Il s’agit de séances de mentorat durant lesquelles des femmes dans le secteur de la santé animeront des sessions d’échange avec les étudiantes. Pour le professeur Ndir, c’est en prenant l’exemple sur des rôles modèles féminins qu’il y aura « des femmes leaders » dans le domaine.

Faire évoluer les mentalités

A Tamale dans le nord du Ghana, l’entreprise éducative Openlabs rapproche les rôles modèles des communautés locales pour faire évoluer les mentalités. Afin de former les jeunes filles à l’informatique, Prince Charles, responsable du campus et son équipe mènent des actions de sensibilisation auprès des filles dès le primaire, des familles, des associations de femmes et des chefs religieux. Pour faciliter l’échange, certains membres de l’équipe proviennent des communautés ciblées.  Zeinab, étudiante issue de la communauté Choggu prend la parole. Elle explique qu’il est possible d’être une jeune femme, d’appartenir à la communauté et de poursuivre les études supérieures. Prince Charles poursuit en expliquant les avantages financiers que l’éducation des jeunes femmes aura sur ces communautés. Il précise également les bourses et réduction qu’Openlabs offrent aux jeunes filles.

Depuis quelques années, l’écart historique d’accès à l’éducation secondaire entre filles et garçons sur le continent africain s’est considérablement réduit jusqu’à s’inverser grâce aux efforts des gouvernements (Au Sénégal, en 2021 : 52% de filles contre 48% de garçons). Cette quasi-parité a mis en lumière une inégalité non-genrée, mais plutôt une forte disparité selon l’origine sociale et géographique des futurs étudiants, et explique en partie le faible taux de poursuite des études supérieures. Bien que peu de filles et de garçons poursuivent des études supérieures en Afrique subsaharienne, les jeunes filles défavorisées ou vivant en milieu rural se retrouvent au bas de la pyramide de l’accès à l’université.

Garantir un accès durable à l’éducation pour les jeunes filles vulnérables nécessite de fournir des mécanismes de financement de l’enseignement supérieur. Pour les jeunes filles en milieu rural, la multiplication des offres de formation supérieur de proximité représentent aussi un levier à mettre en œuvre. Les établissements doivent être des endroits sûrs, dans lesquels le bien-être, la sécurité et la santé des étudiants seront préservés. Enfin, il est nécessaire de faire évoluer les mentalités, notamment sur la place des filles dans les filières scientifiques pour faire participer pleinement les femmes au développement du continent.

« L’émancipation des femmes passe par l’éducation. Si on arrive à avoir plus de femmes éduquées, on aura des leaders femmes partout »

 D’après la docteure Priska Manga, « L’émancipation des femmes passe par l’éducation. Si on arrive à avoir plus de femmes éduquées, on aura des leaders femmes partout ». Les jeunes filles défavorisées ont besoin d’un accès continu à une éducation de qualité, afin de devenir autonomes, et d’être actrices du développement de leur région[8]. Des études supérieures de qualité développent et renforcent les compétences requises pour s’insérer dans un marché du travail très concurrentiel, et leur permet de prétendre à des revenus décents, suffisants et égalitaires pour améliorer leur qualité de vie.


[1] https://www.globalpartnership.org/fr/blog/leducation-des-filles-releve-du-bon-sens-economique

[2] Darvas, Peter, Shang Gao, Yijun Shen et Bilal Bawany. 2017. Enseignement supérieur et équité en Afrique subsaharienne : Élargir l’opportunité au-delà de l’élite. Directions du développement. Washington, DC : Banque mondiale. doi:10.1596/978-1-4648-1266-8.

[3]Darvas & all

[4] UNICEF. Projet Girl Power. 2020. https://team.unicef.fr/projects/unicef-projet-girl-power

[5] Marion Simon-Rainaud. 2021. Mélanger les filles et les garçons a facilité l’accès aux toilettes », 7 mars 2021 ? https://usbeketrica.com/fr/melanger-les-filles-et-les-garcons-a-facilite-l-acces-aux-toilettes

[6] GPE. 2018. Comment les toilettes peuvent-elles contribuer à promouvoir l’éducation.

[7] BBC News Africa. 2019. ‘Sex for geades’: Undercover in West African universities. https://www.bbc.com/news/av/world-africa-49907376

[8] C. Manse. 2020. Education des filles, émancipation des femmes. https://www.entreprenanteafrique.com/education-des-filles-emancipation-des-femmes/

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Emploi des jeunes : L’Afrique ne doit pas former plus, mais former mieux

Il suffit de quelques chiffres pour comprendre l’ampleur des enjeux liés à l’employabilité des jeunes sur le continent Africain. Aujourd’hui, les 15-24 ans représentent 20% de la population africaine, mais…

Il suffit de quelques chiffres pour comprendre l’ampleur des enjeux liés à l’employabilité des jeunes sur le continent Africain.

Aujourd’hui, les 15-24 ans représentent 20% de la population africaine, mais plus de 40% des chômeurs[1]. D’ici 2030, selon les estimations de l’UNESCO, environ cent millions de jeunes débarqueront sur le marché du travail en raison de la structure démographique du continent.

En parallèle, nombre d’entreprises et d’employeurs sont en quête de personnel qualifié[2], et de fait employable[3]. On constate dans de nombreux secteurs une inadéquation entre les programmes de formation disponibles et les spécificités du marché du travail, en constante restructuration.

On pourrait donc se demander si le grand défi aujourd’hui n’est pas de former plus, mais de former mieux ? Et ce notamment dans le cadre des parcours d’enseignement et de formation techniques et professionnels, qui ont évidemment un grand rôle à jouer pour favoriser l’insertion professionnelle des jeunes.

Nous allons creuser dans cet article trois pistes d’amélioration, en se basant sur l’expérience concrète d’une PME africaine ivoirienne spécialisée dans la formation professionnelle : l’Institut de Management, de Gestion et d’Hôtellerie (IMGH), fondée par Augustine Bro en 2009. Entre décembre 2020 et juillet 2021, les collaborateurs d’IMGH (managers, middle-managers, formateurs) ont en effet participé à formation destinée au renforcement des capacités, organisées par la GIZ Côte d’Ivoire.

 

Piste n°1 : bien négocier le virage vers la digitalisation

Tournés vers la pratique, l’apprentissage et l’acquisition des techniques de travail, les parcours de formation techniques et professionnels sont les premiers à devoir s’adapter à la mondialisation et aux changements technologiques qui en découlent. La transition vers le numérique, qui devait se faire de manière progressive, a été drastiquement accélérée par la crise de la Covid-19, qui a touché de plein fouet le secteur de la formation, et par la même redéfini les demandes du marché du travail.

Les prérequis pour bien négocier ce virage sont dans un premier temps d’ordre matériel. En Afrique de l’Ouest, la connectivité des foyers n’est pas assurée dans de larges zones rurales ou isolées. À ces enjeux de couverture internet, s’articulent ceux du coût des forfaits pour consulter les outils en ligne nécessaires à l’apprentissage[4]. Enfin, l’acquisition de matériels informatiques pour accéder aux contenus des formations en ligne s’avère être une charge supplémentaire pour les étudiants.

 

Focus IMGH :

Pour pallier ces difficultés matérielle, l’IMGH a mis en ligne des capsules de formation consultables via ordinateur et mobile. Une initiative qui a solutionné à la fois l’impossibilité de tenir des cours en présentiel au plus fort de la crise Covid, et celui de la connectivité des apprenants dans la mesure où la plupart avaient au moins accès à internet via leurs smartphones. Des efforts financiers seront encore à faire pour que la totalité des étudiants aient accès aux cours en ligne.

Depuis la crise Covid, l’IMGH a définitivement adopté une formule mixte, combinant présentiel et distanciel. Ce format offre plusieurs avantages : apprentissage à un rythme personnel, contenu personnalisable, économie de coûts… c’est aussi un modèle qui a fait ses preuves et qui saura s’adapter à de probables crises futures, qu’elles soient d’ordre sanitaire, économique ou politique

 

Au-delà des questions de matériel et de connectivité, le plus grand défi de cette transition vers le digital pourrait être celui de la compétence des formateurs et de la transmission du savoir (savoirs théoriques, mais aussi et surtout le savoir-faire – techniques, gestes professionnels, pratique – et le savoir-être comportements – qualités – valeurs).

Certains de ces éléments, déjà difficiles à transmettre dans le cadre d’un partage en présentiel, le sont encore plus dans le cas des enseignements à distance ou hybrides et nécessitent beaucoup plus d’implication et de pédagogie de la part des formateurs. D’où la nécessité de former au préalable les formateurs et tout autre personne impliquée dans le processus de transmission.

Piste n°2 : mettre à jour les compétences des formateurs

La qualité et la pertinence de toute formation professionnelle découlent directement de la compétence professionnelle des formatrices et formateurs.

Pour le cas particulier des formations professionnelles, les cours proposés sont pour la plupart assurés par des équipes pédagogiques issues du corps du métier. Cette situation répond à la logique de transmission des techniques propres à chaque métier, qu’il serait difficile de partager autrement. Il n’en reste que ces savoirs empiriques, acquis certes grâce à des années d’expérience dans le domaine, ont tendance à se figer dans le temps. Le risque étant qu’une fois transposés sur le marché de l’emploi, les compétences transmises aux étudiants se révèlent être obsolètes. En conséquence, il est capital de renouveler en permanence les compétences des formateurs.

La formation des managers et mid-managers est également un paramètre indispensable. À l’heure de la transformation numérique, le succès d’une nouvelle stratégie de développement repose sur la capacité de tous les collaborateurs à se l’approprier. Ceux-ci contribuent pleinement à la transformation interne de l’entreprise et participent de ce fait au processus de transfert des compétences.

 

Focus IMGH

La formation de la GIZ, suivie par l’équipe d’IMGH, se fonde sur la logique de l’alternance pratique/théorie/pratique qui permet d’actualiser et transporter directement sur le lieu de travail les connaissances acquises grâce à un point de vue et une expérience extérieure à sa propre organisation.

Selon Augustine Bro, fondatrice d’IMGH, cette formation a permis à l’ensemble de son équipe d’être plus au fait des changements qui s’opèrent sur le marché professionnel et d’adapter leurs offres de formation sur le long terme.

 

Piste n°3 : Renforcer les capacités par la méthode de codéveloppement

Enfin, on peut avoir une approche plus collective des nouvelles problématiques liées à la transformation des métiers. Remettre à jour les compétences et savoirs pour s’adapter au mieux à la demande du marché de l’emploi est une nécessité, et le fait d’être au contact d’autres professionnels serait un moyen efficace pour pallier ses propres lacunes et acquérir de nouvelles connaissances.

Le groupe de codéveloppement professionnel est une approche de développement pour des personnes qui croient pouvoir apprendre les unes des autres afin d’améliorer leur pratique. La réflexion effectuée, individuellement et en groupe, est favorisée par un exercice structuré de consultation qui porte sur des problématiques vécues actuellement par les participants[5].

La méthode de codéveloppement permet ainsi de directement attaquer le côté pratique d’un travail, d’une tâche à exécuter, de manière concertée. A l’inverse d’une approche normative qui n’offre finalement qu’un point de vue unique, le codéveloppement, par le biais de la pluralité des contributions, décuple les perspectives de développement. Cette approche invite chacun à considérer une situation d’un angle différent et complémentaire, à pousser la réflexion beaucoup plus loin et à adapter de nouvelles solutions plus productives.

 

Focus IMGH

« L’adoption de la méthode de codéveloppement a amené un nouveau souffle au sein de notre organisation. Une nouvelle dynamique très positive s’est installée et chacun y met volontairement du sien aujourd’hui que cela soit sur des questions de formation, de management ou de gouvernance. Par exemple, ceux qui ont plus de facilité en informatique n’hésitent pas à donner un coup de pouce à leurs collègues en difficulté et ceux qui sont en peine sur d’autres sujets n’hésitent pas non plus à demander des conseils ou de l’aide. Que cela soit sur le plan comptable ou sur l’ambiance de travail, cette méthode ne présente jusqu’ici que des avantages » – Augustine Bro

 

En conclusion

L’inadéquation entre les programmes de formation existant et les besoins d’un marché du travail en constante évolution entravent le développement économique des pays africains. Les opportunités existent et se créent, mais le continent peine encore à fournir une main d’œuvre qualifiée et employable.

Les acteurs de la formation professionnelle, comme IMGH en Côte d’Ivoire, doivent proposer du contenu à jour et pertinent. Nous avons évoqué ici quelques pratiques mises en œuvre par IMGH depuis la crise Covid-19 et la formation de la GIZ (digitaliser son offre de formation, renforcer les compétences des formateurs et des équipes…), mais bien d’autres idées peuvent encore être formulées pour apporter une formation professionnelle pertinente et de qualité à la jeunesse africaine !


[1]  http://www.iiep.unesco.org/fr/en-afrique-la-transformation-de-la-formation-professionnelle-est-en-marche-13763

[2]  Jean-Michel SEVERINO, RFI 20/01/19 https://www.rfi.fr/fr/emission/20190121-afrique-manque-emplois-qualifies-investir-formation

[3] En se référant à la définition donnée par l’Organisation internationale du travail (OIT), l’employabilité est « l’aptitude de chacun à trouver et conserver un emploi, à progresser au travail et à s’adapter au changement tout au long de la vie professionnelle »

[4] https://www.entreprenanteafrique.com/les-ecoles-africaines-au-temps-du-covid-19/#_ftn6

[5] Adrien PAYETTE, Claude CHAMPAGNE, PUQ, 1997 ( https://www.puq.ca/catalogue/livres/groupe-codeveloppement-professionnel-573.html )

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Les programmes d’accélération : solution miracle pour les très jeunes entreprises ? (1/2)

Capitalisant sur la révolution entrepreneuriale africaine actuellement en plein essor, les acteurs de l’aide publique au développement font de plus en plus le pari de soutenir les nouvelles générations d’entrepreneurs…

Capitalisant sur la révolution entrepreneuriale africaine actuellement en plein essor, les acteurs de l’aide publique au développement font de plus en plus le pari de soutenir les nouvelles générations d’entrepreneurs qui souhaitent contribuer à la création d’emplois et l’émergence d’une croissance plus inclusive sur le continent africain. C’est dans ce contexte que sont nés ces dernières années des programmes, initiatives ou structures se réclamant de « l’accélération » d’entreprises.

Note : La deuxième partie de l’article, s’intéressant au cas concret d’une entreprise ivoirienne accompagnée par un programme d’accélération, sera disponible d’ici une semaine.

L’accélération : un concept prometteur pour les jeunes pousses africaines

Dans le secteur de l’entrepreneuriat, l’accélération se définit comme une prestation de service qui s’adresse aux entreprises en croissance, au moyen de mentorat, de mise en réseau, et parfois de financement. L’emploi du terme accélération pour des programmes et dispositifs recouvre cependant des réalités bien différentes. On peut ainsi côtoyer des « accélérateurs » et start-up studios (à l’instar de GSMA Kenya, ou Flat6Labs Egypt), souvent des structures physiques ou virtuelles dont la majorité se concentre sur les startups de l’économie numérique(1) et est située dans des pays anglophones ; mais aussi des fonds d’investissement qui se définissent eux-mêmes comme des accélérateurs (à l’instar de Catalyst Fund ou Janngo) et/ou développent des gammes d’activités de programmes d’accélération pour diversifier leur portefeuille.

Ces programmes sont principalement financés par des bailleurs de fonds, des organisations internationales ou des donateurs privés (on peut notamment citer West African Trade Investment financé par USAID, ou encore les Orange Corners pilotés par l’Agence néerlandaise pour les entreprises).

À noter que les acteurs physiquement présents sur le continent africain ne sont plus les seuls à proposer ces programmes : dans un contexte mondialisé où l’accompagnement virtuel est largement favorisé, des accélérateurs internationaux, américains, latino-américains, européens, accueillent en leur sein des startups africaines de plus en plus nombreuses. Avant 2020, le célèbre Y Combinator nord-américain n’avait accompagné en présentiel que 12 startups africaines… un chiffre qui a triplé sur les deux dernières années.

Face aux besoins des entrepreneurs, une offre encore largement insuffisante

Cette apparente profusion des programmes d’accélération tend à donner l’impression que les besoins des jeunes pousses entrepreneuriales africaines sont désormais couverts. Une impression trompeuse souvent renforcée par les chiffres en croissance, et pourtant circonscrits à la tech, des levées de fonds venture capital dans une poignée de pays africains (Kenya, Nigeria, Afrique du Sud, Égypte).

Le nombre de jeunes entreprises à soutenir à l’échelle du continent, en phase d’accélération ou en amont lors de la phase d’incubation, est considérable ; alors que l’offre de financements en amorçage (pré-seed/seed) est quasi-inexistante si l’on rapporte le nombre de financements au nombre d’entrepreneurs. Le soutien financier et non financier à leur apporter doit couvrir des besoins pluriels, à la fois généraux et spécifiques, et demande donc du temps, des expertises ancrées localement et un calibrage chronophage et sur-mesure des diagnostics. Accélérer le développement d’une entreprise, ce n’est pas accélérer le temps d’accompagnement indispensable à sa croissance.

Malheureusement, la plupart des programmes financés par l’aide publique au développement ne sont pas suffisamment structurés pour dépasser la contradiction entre le temps nécessaire à allouer à chaque entrepreneur et le nombre de bénéficiaires à cibler. Bien souvent ces programmes ne veulent ou ne peuvent assumer le coût réel d’un accompagnement par entreprise, et prennent donc le risque d’agir uniquement en surface. Les moyens de mise en œuvre sont contraints, face à des réservoirs inépuisables de nouveaux entrepreneurs à appuyer, dont les problématiques de passage à l’échelle ne peuvent pas être résolues exclusivement par un accompagnement généraliste.

L’apparente profusion des programmes d’accélération peut donner une impression trompeuse : le nombre de jeunes entreprises à soutenir à l’échelle du continent est considérable et l’offre de financements en amorçage est encore largement insuffisante

S’inspirer et déployer les bonnes pratiques

Parce qu’il reste encore beaucoup à faire pour garantir le développement de l’entrepreneuriat africain, l’expérience accumulée ces dernières années par les acteurs qui mettent en œuvre des programmes d’accélération doit permettre d’identifier quelques « bonnes pratiques » qui gagneraient à être déployées sur de plus larges géographies :

(1) La segmentation des programmes est une valeur ajoutée

Tout dispositif d’accélération doit intégrer l’idée que coexistent au sein de la notion de ‘’jeunes pousses’’ des entreprises qui n’ont rien de comparable, tant dans leur activité que dans leur localisation ; et qu’à situations locales différentes, accompagnement différencié. La segmentation est donc un véritable atout sur le fond (car on comprend vite qu’une TPE/PME sahélienne dans le secteur agro par exemple, n’aura pas les mêmes besoins d’appui qu’une startup de e-commerce nigériane) et sur la forme (un gain de temps lors de la phase initiale de diagnostic). Elle est aussi une valeur ajoutée au sein des programmes qui privilégient une approche virtuelle et groupée, et qui seront en difficulté pour obtenir les résultats escomptés auprès de publics trop diversifiés.

Les programmes sectoriels, comme ceux dédiés aux entreprises du secteur agro (comme le PCESA financé par la coopération danoise au Burkina Faso), ou les initiatives focalisées sur le genre (comme la W Initiative de Access Bank Nigeria) sont plus à même de cerner les problématiques des entreprises, en plus de mieux appréhender les enjeux d’équité des territoires (urbains, ruraux…). Suivant cette même logique, les objectifs de résultats sont atteints quand le continuum d’accompagnement a été bien pensé. L’incubation en particulier n’est pas interchangeable avec l’accélération tant les besoins des entreprises peuvent différer d’une phase à l’autre(2).

(2) La multiplication de l’impact s’obtient en formant des acteurs intermédiaires locaux indispensables au développement des entrepreneurs

Les structures d’appui à l’entrepreneuriat (SAE) en particulier, mais aussi les experts et consultants indépendants qui doivent pouvoir trouver leur marché au-delà des aides ponctuelles des bailleurs de fonds(3). C’est en concourant à la montée en compétences locales de professionnels africains qu’un plus grand nombre d’entreprises pourront changer d’échelle. Outre Afric’innov, dont c’est la mission première dans les pays d’Afrique francophone, quelques acteurs financiers se sont récemment engagés à combler cet angle mort de l’offre de programmes. On peut notamment citer la collaboration d’Argidius et de Village Capital qui s’efforcent depuis 2020 de concourir à la structuration des SAE en Ouganda (Uganda Ecosystem Builders), et le travail de mentorat puis de financement de SAE effectué par Triple Jump et ses experts en Afrique subsaharienne.

(3) Les dispositifs d’accélération qui mettent à disposition des palettes d’outils complémentaires gagnent en efficience.

En premier lieu, des outils de financements d’amorçage adaptés, qui prennent spécifiquement en compte le manque d’habitude et d’aptitude à la gestion financière. Ces outils peuvent prendre la forme de l’avance remboursable, telle qu’actuellement pratiquée par exemple sur le programme I&P Accélération au Sahel. Elle pose les premiers jalons d’une relation avec un financeur, et permettra probablement de soutenir financièrement davantage de PME par effet de recyclage de l’argent(4).

En second lieu, des outils de renforcement de compétences alternant l’appui généraliste (pour viser la diffusion de compétences entrepreneuriales le plus largement possible) et l’appui ciblé (venture building, assistance technique). L’accompagnement technique de l’entreprise est en réalité tout aussi déterminant que l’appui financier. Les entreprises alumni de Y Combinator ne démentiraient pas que leur croissance doit davantage à l’accompagnement qualifié qu’à un financement initial, même si c’est bien ce dernier qui donne plus de crédit aux conseils prodigués.

Bien que la rareté du financement en amorçage soit un frein non négligeable, l’accompagnement, via le renforcement de compétences et l’assistance technique, est tout aussi déterminant.

Le renforcement de compétences généraliste (formations collectives, bootcamps et ateliers, webinaires etc.) est souvent connu et prisé des bailleurs de fonds, mais l’assistance technique est la grande absente de bon nombre de programmes d’accélération. L’assistance technique, c’est-à-dire la contractualisation avec des experts locaux sectoriels (juridique, commercial, technologique, managérial etc.) est pourtant critique pour l’amélioration des performances des entreprises pendant l’absorption de financements d’amorçage et le développement de leur traction. L’assistance technique est un outil éminemment pertinent quand elle est mise en œuvre par un investisseur, qui souhaitera renforcer l’entreprise là où il perçoit des risques qui ne seraient pas décelés par d’autres types d’acteurs. La plupart des programmes d’accélération incluant le déploiement d’assistance technique affichent des résultats nets : c’est le cas par exemple du Boost Digital de GreenTec Capital, qui propose de l’assistance technique en stratégie commerciale & digitale, et permet une augmentation significative du chiffre d’affaires des startups bénéficiaires.

Quelques écueils à éviter

De nombreux chantiers attendent encore les financeurs de programmes pour intensifier l’impact de leurs dispositifs. Il faudra inévitablement sortir du discours tout-startup pour soutenir aussi les TPMEs « brick and mortar », et repenser l’ancrage de l’accompagnement dans le temps en prenant en compte les phases de montée en compétences incompressibles, coûteuses mais nécessaires pour répondre à des indicateurs de résultats exigeants. Admettre aussi que des taux d’échecs élevés au départ sont normaux, tant les risques initiaux sont importants alors que l’entreprise doit justement déployer son offre, faire ses preuves et trouver son marché. Si l’entreprise survit, grâce entre autres à l’accélération, alors les risques, les besoins de liquidité, de compétence (…) décroissent simultanément.

Il faut également fuir le modèle de concours et de challenges éphémères, sauf à être clair sur leurs finalités (de test de la marque, de visibilité etc.), et favoriser dans les processus de sélection des entreprises hors des circuits connus de « serial pitcheurs », un travail de recherche de « pépites » difficile et convoquant patience et relais locaux. La mise en œuvre de programmes pensés depuis le continent, impliquant des parties prenantes publiques et privées africaines, privilégiant la prise de risque financière locale (les business angels, les entrepreneurs africains notamment alumni des programmes d’accélération souhaitant investir par exemple), deviendra incontournable.

En conclusion, on peut espérer que l’engouement des DFI, bailleurs internationaux, acteurs privés africains pour l’accélération se poursuive et concrétise des aspirations ambitieuses : solidifier les jeunes entreprises puis créer les passerelles intermédiaires avant des investissements en capitaux pour celles qui ont des projets de développement manifestes. Une dynamique indissociable d’une réflexion plus large sur les programmes qui existent plus en amont de l’accélération (programmes d’idéation ou d’incubation). Un effort collectif doit être mené pour continuer d’interroger la qualité de nos outils, les perfectionner au plus près des problématiques des entreprises africaines en croissance.


Notes :

(1) Un aperçu des structures dites accélérateurs est disponible sur les sites Afrikan Heroes et CrunchBase https://afrikanheroes.com/2021/05/29/a-list-of-startup-accelerators-in-africa/ https://www.crunchbase.com/hub/africa-accelerators ainsi que dans les rapports de Briter Bridges 2020 & 2021

(2) Cf étude AFD-Roland Berger « Innovation en Afrique et dans les pays émergents » https://www.afd.fr/sites/afd/files/2018-05-05-57-55/etude-innovation-numerique-afrique-pays-emergents.pdf

(3) Sur ce sujet, voir les études et expériences actuellement menées au Cameroun, au Congo-Brazzaville et au Tchad par des acteurs comme R.M.D.A ou l’Agro-PME Fondation pour mettre en place l’emploi du chèque services, un outil utile pour la formation et l’accréditation des consultants etc. https://www.rmda-group.com/project/tchad-appui-a-la-maitrise-douvrage-du-projet-dappui-a-la-petite-entreprise-phase-2 https://www.adiac-congo.com/content/pme-le-guichet-cheque-services-bientot-operationnel-32125

(4) L’avance remboursable et ses effets feront l’objet d’un article dans ce dossier Accélération.

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Entreprendre pour des lendemains meilleurs en Guinée

Kouramoudou Magassouba nous parle de l’ONG Horizons d’Afrique, qui intervient en milieu scolaire et universitaire pour former la jeunesse guinéenne à l’entrepreneuriat social. 

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