Penser et agir pour l’entrepreneuriat en Afrique

PME

Résilience et adaptation en période d’insécurité : le renouveau du Mali passera par le secteur privé (2/2)

Les récentes crises et les vulnérabilités structurelles qui en découlent ont considérablement diminué la capacité des pays du Sahel, déjà historiquement très faible, à attirer l’investissement. À titre d’exemple, après…

Les récentes crises et les vulnérabilités structurelles qui en découlent ont considérablement diminué la capacité des pays du Sahel, déjà historiquement très faible, à attirer l’investissement. À titre d’exemple, après un record historique de 860 millions USD en 2019 (5% du PIB), les investissements étrangers directs vers le Mali (entrées nettes)  ont drastiquement chuté pour n’atteindre que 252 millions en 2022 (1,3% du PIB). 

Peu priorisé dans un contexte sécuritaire fragile, le développement du secteur privé joue pourtant un rôle central pendant et après les situations conflictuelles. L’expérience a démontré que le secteur privé demeure actif même en période de conflit et qu’il est capable de s’adapter pour surmonter les chocs systémiques.

Dans cet entretien, Mohamed Keita, entrepreneur malien, Directeur et Co-fondateur de Zira Capital, entreprise créée en 2022 et dédiée au financement et à l’accompagnement des start-ups et PME au Mali, partage son expérience de levée de fonds et plaide pour la nécessité de continuer de soutenir le secteur privé malgré un contexte sécuritaire et socio-politique difficile.

 

Entreprenante Afrique : Pouvez-vous faire un état des lieux de la situation entrepreneuriale au Mali ?

Mohamed Keita : Depuis une dizaine d’années, l’économie malienne a été impactée par les effets combinés de la crise sécuritaire et les crises politico-institutionnelles. Nous restons très attentifs face à l’évolution de la situation et notre souhait en tant qu’entrepreneur est bien sûr de retrouver rapidement un environnement des affaires stable.

Malgré ce contexte difficile, malgré les défis, nous observons que les entrepreneurs arrivent toujours à créer des opportunités localement. Ils développent des projets et des biens qui satisfont les besoins locaux. Ils créent et maintiennent des emplois qui font vivre des milliers de ménages et qui stimulent par la même d’autres aspects de l’activité économique. 

Les entreprises maliennes font preuve d’une résilience exceptionnelle mais ont besoin de partenaires stratégiques pour les accompagner,  ce sur le plan financier et extra financier. C’est la raison pour laquelle, avec d’autres acteurs (la BNDA, Investisseurs & Partenaires et un certain nombre de particuliers), nous avons entrepris de lancer le fonds Zira Capital. L’objectif est d’accompagner ces petites entreprises locales à travers des mécanismes de financement et des outils adaptés à leur projet de développement.

 

Lever un fonds pour soutenir l’entrepreneuriat dans un pays qui présente autant de risques n’est pas une mission évidente… Quel a été votre discours envers les financeurs ? 

M. K.: Le modèle de Zira Capital, fonds co-créé par ou avec des acteurs locaux pour financer des entreprises locales en capital, est un modèle qui a déjà été mis en place et commence à faire ses preuves dans d’autres pays africains, dans d’autres pays de la zone Sahel, notamment au Burkina Faso et au Niger. Par contre, c’est un dispositif inédit dans l’écosystème entrepreneurial malien. 

L’initiative a été bien accueillie, et a suscité de l’enthousiasme auprès des entrepreneurs maliens. Avant même la création officielle de la société de gestion, nous avions pu constituer un pipeline de projets de qualité. Nous avons constitué une base de donnée d’entreprises à fort potentiel dans des secteurs variés, des secteurs en lien avec les besoins fondamentaux de l’économie malienne : l’agroalimentaire qui participe à hauteur de 45% à la formation du PIB et occupe 80% de la population, mais aussi dans l’énergie, les services essentiels, la santé et l’éducation. 

Notre principal argument pour convaincre sur la nécessité de créer notre dispositif de financement a d’ailleurs été ce pipeline constitué d’entrepreneurs de qualité, ancrés dans le pays et dont les besoins ont été clairement identifiés.

Investir dans un pays comme le Mali implique bien évidemment de prendre un certain degré de risque. Mais des mécanismes peuvent être mis en place pour les limiter. Durant la levée de fonds, qui a durée plusieurs années, nous avons fait face à de nombreux défis. Nous avions identifié énormément de partenaires potentiels notamment certaines filiales de multinationales avec qui les discussions étaient arrivés à un stade avancé, mais dont les enthousiasmes se sont peu à peu calmés eu égard de l’évolution de la situation politique. Ce qui est compréhensible à partir du moment où un certain degré de sécurité de l’investissement ne peut plus être garanti. 

Mais fort heureusement pour nous, la grande majorité des investisseurs identifiés dès le début du projet ont maintenu leur confiance en nous et notre projet et nous ont accompagnés dans notre premier closing en 2022. 

“Investir dans un pays comme le Mali implique de prendre un certain degré de risque, mais des mécanismes peuvent être mis en place pour les limiter.”

 

Les pays du Sahel ont reçu une aide publique significative de la communauté internationale ces dernières années, pour un bilan mitigé. Faut-il repenser l’aide publique au développement au Mali ? Et en quoi l’investissement dans les PME représente  une alternative plus efficace/impactante ?

M.K. :  En 2021, le Mali a reçu 1.42 Milliard USD d’aide publique au développement. Ce qui représente une ressource importante pour le pays de manière générale. Je ne dirais pas que l’aide est inopportune, mais que ce dispositif doit être davantage fléché sur des acteurs terrain, notamment les entreprises privées. Certaines approches historiques de l’aide publique ont montré leurs limites. Et il s’agirait de déployer des mécanismes innovants et des moyens plus conséquents pour permettre aux institutions publiques de financement du secteur privé (DFIs) d’être plus présentes, plus rapides et plus performantes. 

Je fais partie de ceux qui sont convaincus que le développement de nos États, notamment des États fragiles comme le Mali, passera forcément par le développement d’un tissu de petites et moyennes entreprises. Et un moyen efficace de le faire serait de faire le pari de mettre davantage de ressources à la disposition de ces entreprises-là, surtout des ressources qu’elles ont du mal à mobiliser localement. 

“Je fais partie de ceux qui sont convaincus que le développement de nos États, passera par le développement d’un tissu de petites et moyennes entreprises. Les dispositifs d’aide publique au développement devraient être davantage fléchés sur ces PME.”

Ce qu’il faut noter, c’est que le tissu entrepreneurial malien est très vivant. Il y a une forte effervescence, il y a de plus en plus de personnes qui se lancent. Des personnes plutôt jeunes, qui apportent des solutions nouvelles, qui  développent des services de qualité, qui arrivent à lancer des projets. Ceci fait naître une note d’espoir dans le tableau général du pays qui est quand même assez compliqué, avec une crise sécuritaire et une instabilité politique qui perdurent depuis une dizaine d’années. Pour ma part, je fais partie de ceux qui font le pari que le renouveau du Mali viendra en grande partie du secteur privé.

 

Aller plus loin : dans la série “Résilience et Adaptation”, découvrez l’article de Maïmouna Baillet,“Le combat des entrepreneures nigériennes”.

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Au Mali, une entreprise spécialisée dans le karité trace un exemple pour le continent

Jérémie Malbrancke et Simbala Sylla reviennent sur l’histoire de Mali Shi, entreprise malienne fondée en 2019 et premier transformateur industriel de karité dans le pays. L’histoire d’une entreprise engagée et…

Jérémie Malbrancke et Simbala Sylla reviennent sur l’histoire de Mali Shi, entreprise malienne fondée en 2019 et premier transformateur industriel de karité dans le pays. L’histoire d’une entreprise engagée et déterminée, qui permet de développer une filière créant des milliers d’emplois et valorisant des ressources locales.  

Le Mali reprend peu à peu sa place commerciale et financière en Afrique de l’Ouest depuis la levée des sanctions de la Cedeao en juillet. À la suite de la prise de pouvoir de la junte d’Assimi Goïta, l’organisation des États ouest africains avait imposé, avec ses membres, la fermeture des frontières, la suspension des échanges commerciaux et financiers et le gel des avoirs de la Banque centrale. 

Dans ce contexte redevenu favorable, l’usine Mali Shi, première unité industrielle de transformation de karité au Mali, peut reprendre sa trajectoire de développement. Avant l’installation de cette usine, le Mali, deuxième producteur mondial de noix de karité avec 250 000 tonnes par an, derrière le Nigeria, se trouvait dans une situation absurde où la totalité de la production était expédiée brute vers la Côte d’Ivoire, le Sénégal, et le Ghana, qui exportent eux-mêmes vers l’Europe des amandes et du beurre. 

Au total, le marché mondial draine entre 400 000 et 500 000 tonnes de beurre par an, représentant environ le double de noix brutes. Le beurre de karité est utilisé à plus de 85% dans l’agro-alimentaire, essentiellement pour remplacer une partie du beurre de cacao à moindre coût dans la fabrication de chocolat. Un marché en pleine croissance et une véritable aubaine pour le Mali pour un grand nombre de raisons. 

D’abord parce que cette activité repose avant tout sur les femmes. Dans le sud du Mali, ce sont elles qui récoltent les noix de karité à la fin de la saison des pluies. Après deux années d’activité, Mali Shi travaille avec une soixantaine de coopératives et déjà 26 000 femmes dans les régions de Kayes, Koulikoro, Ségou et Sikasso. L’objectif est de pouvoir travailler à terme avec 120 000 femmes, à pleine capacité. L’usine, qui emploie 97 personnes, a acheté 1 600 tonnes de noix en 2020, et 7 700 tonnes en 2021 et cible 30 000 tonnes d’ici deux ans. 

Une aubaine également car les activités de Mali Shi ont permis un grand nombre de retombées sociales positives. L’usine a financé la mise en place d’unions, en partenariat avec la Banque Mondiale, l’ONU femmes ou la Global Shea Alliance. Ces instances ont permis d’organiser les assemblées constitutives des coopératives dans les villages, d’accompagner les organisations dans les procédures de formalisation légale auprès des autorités, de diffuser les bonnes pratiques de collecte, de production et de stockage … mais aussi de former des leaders en gestion comptable, en marketing et négociation commerciale. Dans certaines zones, cet accompagnement a permis de multiplier par sept les volumes de noix récoltés d’une année à l’autre. 

Pour Mali Shi, le défi consiste désormais à assurer la continuité de l’approvisionnement en quantité et en qualité, en étroite coopération avec les communautés. Mali Shi dispose d’une équipe dédiée à l’approvisionnement, constituée de chefs de zone et d’agents présents en permanence sur le terrain, qui travaillent en étroite collaboration avec les femmes et leurs organisations. Pour sécuriser la chaîne d’approvisionnement, des contrats sont signés avec toutes les organisations de production partenaires, en s’accordant sur des quantités et des prix fixés. Il s’agit souvent de l’unique source de revenu pérenne pour les femmes partenaires de l’usine. Enfin, Mali Shi maintient les liens avec ses fournisseurs même en en dehors des campagnes d’achat, par le biais de formations sur les bonnes pratiques de collecte et de conservation des noix par exemple, ou des actions de sensibilisation sur l’entretien du parc d’arbres à karité.

Les effets positifs découlent également de la revalorisation des déchets de production. Dans le processus de transformation, les noix sont chauffées et pressées. D’un côté, il sort de l’huile végétale -appelée communément beurre de karité car solide à température ambiante. De l’autre côté, on obtient les résidus des noix, les tourteaux. Ces “déchets” utiles sont eux-mêmes réutilisés dans la chaudière de l’usine et distribués aux femmes comme combustible pour le traitement post-collecte. Rien ne se perd, tout se transforme! 

L’histoire de Mali Shi démontre l’émergence d’une nouvelle réalité économique en Afrique : des entrepreneurs locaux, déterminés, peuvent faire face à d’immenses obstacles pour développer des filières qui contribuent à créer des milliers d’emplois en valorisant des ressources disponibles localement. Les financements nécessaires, de l’ordre de quelques millions d’euros – à comparer au budget de certains programmes portés par les institutions internationales de développement – prouvent que des petits montants bien investis peuvent générer un impact considérable sur le long terme. 

Ce ne sont pas les opportunités qui manquent en Afrique, y compris dans des pays enclavés et réputés instables comme le Mali. Comme partout ailleurs, il s’agit pour réussir d’être pragmatique dans l’approche et la vision des projets entrepris et de s’entourer des bonnes compétences. Espérons que Mali Shi inspire d’autres réussites entrepreneuriales ailleurs sur le continent !

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Les programmes d’accélération : solution miracle pour les très jeunes entreprises ? (2/2)

Depuis plusieurs années, les programmes d’accélération se multiplient sur le continent africain. Que se cache-t-il derrière ce concept en vogue ? Qu’apporte un programme d’accélération à une entreprise ? Après…

Depuis plusieurs années, les programmes d’accélération se multiplient sur le continent africain. Que se cache-t-il derrière ce concept en vogue ? Qu’apporte un programme d’accélération à une entreprise ?

Après avoir exploré les différentes facettes des programmes d’accélération actuellement déployés sur le continent africain dans un premier article (disponible ici), nous partons ici à la rencontre d’une entreprise bénéficiaire d’un programme d’accélération, avec une interview croisée de Mohamed Diaby et Ybrahim Traoré respectivement CEO et co-Directeur de Citrine Corporation.

Fondée en 2014, Citrine Corporation est une entreprise basée à Grand-Bassam, au sud de la Côte d’Ivoire, spécialisée dans la production et commercialisation de produits agricoles commercialisés sous la marque Zatwa dans la sous-région, en Europe et aux Etats-Unis. Comme nombre de petites entreprises africaines, souvent considérées trop jeunes et/ou trop risquées, Citrine Corporation a eu de grandes difficultés à accéder aux financements ‘’classiques’’ (prêts bancaires, investissement en capital, etc.). En revanche, depuis 2020, l’entreprise bénéficie du programme d’accélération I&P Accélération au Sahel[1], lui permettant d’avoir des ressources nécessaires pour bien démarrer (test de marché, phases pilotes, recherche & développement, équipements, renforcement des capacités) et passer au changement d’échelle.

 

En quoi consiste votre projet entrepreneurial ?

Mohamed Diaby : Depuis le départ, notre idée est de valoriser les mets et les cultures locales de la région du Sud de la Côte d’Ivoire, d’où nous sommes tous deux originaires.

Ybrahim Traoré : notre ambition était aussi de montrer aux jeunes africain(e)s que l’on n’a pas besoin de sortir du pays pour réussir. Démarrer une entreprise et créer des emplois, c’est une façon de répondre au problème de la migration clandestine, qui s’observe dans plusieurs pays d’Afrique. C’est pourquoi notre activité ne se limite pas à l’import-export : nous assurons la phase de commercialisation mais aussi la phase de production. Il s’agit de céréales, fruits et légumes produits dans la région de Grand-Bassam, fortement consommés par les Ivoiriens en Côte d’Ivoire et à l’étranger, comme le placali et l’attiéké. Nous avons aussi lancé notre propre marque, Zatwa Impex.

 

Comment vous est venu cette idée ?

M. D. : Nos chemins se sont croisés à l’université, lors de notre cycle de fin d’études. Pour valider notre diplôme, il fallait trouver une alternance mais nous avons préféré nous lancer directement dans l’entrepreneuriat. Nous avons donc commencé ce projet en nous basant sur le constat suivant : tout le circuit de distribution de produits africains et agro-alimentaire (attiéké, poisson fumé, etc.) est dirigé par des communautés non-africaines. En France par exemple, les épiceries sont détenues par la communauté asiatique. Nous trouvions cela dommage… et c’est comme cela qu’on a démarré l’aventure.

Y. T. : On ne voulait pas juste produire et vendre de l’attiéké, mais être aussi garant de la qualité des produits mis sur le marché. L’entreprise fonctionne bien. Au démarrage, nous avions une dizaine d’employés, dont 90% de femmes. Aujourd’hui, on compte environ 60 emplois permanents et nous employons jusqu’à 100 personnes en période de production.

 

Votre entreprise est accompagnée depuis 2020 par le programme I&P Accélération au Sahel ? Que vous apporte ce partenariat ?

M. D. : Je dirais beaucoup de choses ! Nous avions approché le fonds ivoirien Comoé Capital il y a quelques années, mais nous n’étions pas encore tout à fait prêts. L’occasion de partenariat s’est présentée grâce au lancement du programme I&P Accélération au Sahel, piloté par Investisseurs & Partenaires et financé par l’Union Européenne.

Aujourd’hui, on doit beaucoup à l’équipe qui assure le suivi et nous donne des conseils très utiles. I&P et Comoé Capital nous ont aidé à réaliser notre étude de marché sur la farine de manioc et les produits dérivés du manioc (comme l’attiéké et le placali mentionnés plus haut) qui nous a permis de confirmer le potentiel de vente, en Côte d’Ivoire mais aussi auprès de la diaspora africaine (du Congo, Niger, Ghana, Bénin…), qui consomme également beaucoup de manioc. Ensuite, le programme nous a permis d’augmenter la capacité de production à l’aide d’équipements de production (fours, machines, emballages, concasseur, matières premières).

Y. T. : L’accompagnement du programme nous permet aussi d’alléger la charge de travail de notre main d’œuvre. Nos employées travaillent à temps plein mais produisent beaucoup plus. Elles peuvent désormais produire deux conteneurs en l’espace d’un mois, contre un conteneur auparavant. La charge de travail est moins fatigante mais elles gagnent beaucoup plus car cela nous donne la possibilité d’augmenter leurs salaires. Elles comptent beaucoup sur nous et sur cet emploi pour pouvoir gérer leurs familles.

Grâce au programme d’accélération, nous avons pu déployer notre capacité de production, avec une charge de travail moins lourde et moins fatigante pour les employées, et un salaire plus élevé à la clé.

 

Quelles sont les prochaines étapes ?

Y. T. : L’appui du programme nous permet de nous attaquer aux questions environnementales. Nous bénéficions par exemple d’une mission d’assistance technique* pour mesurer l’efficacité de toute notre chaîne de production. Il s’agit d’un accompagnent qui va durer 18 mois. Des consultants travaillent avec nous, font des diagnostics sur nos rouleaux d’étranglement et émettent des recommandations et nous aident à mettre en place des bonnes pratiques pour que Citrine puisse obtenir la certification HACCP[2].

M. D. : A moyen-terme, nous souhaitons consolider le positionnement de Citrine sur le marché local. C’est important pour nous de renforcer la vente de nos produits dans les marchés et supermarchés et contribuer à la sécurité alimentaire en Côte d’Ivoire. Comoé Capital a déjà commencé le boulot, en nous mettant en relation avec des programmes internationaux qui faciliteront la commercialisation de nos produits sur le marché européen, et notre relation avec les petits producteurs.

L’appui du programme nous permet de nous attaquer aux questions environnementales. Nous bénéficions d’une mission d’assistance technique pour mesurer l’efficacité de toute notre chaîne de production.

 

 

Mots-clés

Accélération : Service de mentorat, de financement ou de mise en réseau mis en place par les acteurs privés (fonds d’investissement, incubateurs, etc.) et les bailleurs de fonds adressé aux petites entreprises pour les accompagner dans leur phase de démarrage.

Amorçage : Ensemble des ressources octroyées à une entreprise pour répondre aux dépenses liées à son démarrage (fonds de roulement, dépenses d’exploitation, recherche/développement, achat d’équipement et de technologies) et à sa préparation à la levée de fonds.

Assistance technique : Ensemble des ressources non financières octroyées aux équipes managériales et/ou opérationnelles d’une entreprise pour renforcer leurs compétences dans plusieurs domaines (stratégie, gestion financière et/ou fiscale, commercialisation, production, etc.). Généralement, l’assistance technique se déroule sous forme de formation (individuelles ou collectives) ou de missions d’accompagnement exercées par un expert

 


[1] I&P Accélération au Sahel, lancé en 2020, est un programme déployé par le groupe Investisseurs & Partenaires et financé par l’Union Européenne. Le programme cible 13 pays de la sous-région sahélienne et donne aux jeunes pousses l’accès aux financements et aux compétences nécessaires pour permettre leur développement et ainsi favoriser la création d’emplois décents.

[2] L’HACCP (Hazard analysis Critical Control Point, ou Analyse des dangers et contrôle des points critiques) est la principale plateforme de législation internationale concernant la fabrication pour tous les acteurs de l’industrie alimentaire. L’HACCP a pour objectif de valider la mise en place du système de sécurité alimentaire.

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Les programmes d’accélération : solution miracle pour les très jeunes entreprises ? (1/2)

Capitalisant sur la révolution entrepreneuriale africaine actuellement en plein essor, les acteurs de l’aide publique au développement font de plus en plus le pari de soutenir les nouvelles générations d’entrepreneurs…

Capitalisant sur la révolution entrepreneuriale africaine actuellement en plein essor, les acteurs de l’aide publique au développement font de plus en plus le pari de soutenir les nouvelles générations d’entrepreneurs qui souhaitent contribuer à la création d’emplois et l’émergence d’une croissance plus inclusive sur le continent africain. C’est dans ce contexte que sont nés ces dernières années des programmes, initiatives ou structures se réclamant de « l’accélération » d’entreprises.

Note : La deuxième partie de l’article, s’intéressant au cas concret d’une entreprise ivoirienne accompagnée par un programme d’accélération, sera disponible d’ici une semaine.

L’accélération : un concept prometteur pour les jeunes pousses africaines

Dans le secteur de l’entrepreneuriat, l’accélération se définit comme une prestation de service qui s’adresse aux entreprises en croissance, au moyen de mentorat, de mise en réseau, et parfois de financement. L’emploi du terme accélération pour des programmes et dispositifs recouvre cependant des réalités bien différentes. On peut ainsi côtoyer des « accélérateurs » et start-up studios (à l’instar de GSMA Kenya, ou Flat6Labs Egypt), souvent des structures physiques ou virtuelles dont la majorité se concentre sur les startups de l’économie numérique(1) et est située dans des pays anglophones ; mais aussi des fonds d’investissement qui se définissent eux-mêmes comme des accélérateurs (à l’instar de Catalyst Fund ou Janngo) et/ou développent des gammes d’activités de programmes d’accélération pour diversifier leur portefeuille.

Ces programmes sont principalement financés par des bailleurs de fonds, des organisations internationales ou des donateurs privés (on peut notamment citer West African Trade Investment financé par USAID, ou encore les Orange Corners pilotés par l’Agence néerlandaise pour les entreprises).

À noter que les acteurs physiquement présents sur le continent africain ne sont plus les seuls à proposer ces programmes : dans un contexte mondialisé où l’accompagnement virtuel est largement favorisé, des accélérateurs internationaux, américains, latino-américains, européens, accueillent en leur sein des startups africaines de plus en plus nombreuses. Avant 2020, le célèbre Y Combinator nord-américain n’avait accompagné en présentiel que 12 startups africaines… un chiffre qui a triplé sur les deux dernières années.

Face aux besoins des entrepreneurs, une offre encore largement insuffisante

Cette apparente profusion des programmes d’accélération tend à donner l’impression que les besoins des jeunes pousses entrepreneuriales africaines sont désormais couverts. Une impression trompeuse souvent renforcée par les chiffres en croissance, et pourtant circonscrits à la tech, des levées de fonds venture capital dans une poignée de pays africains (Kenya, Nigeria, Afrique du Sud, Égypte).

Le nombre de jeunes entreprises à soutenir à l’échelle du continent, en phase d’accélération ou en amont lors de la phase d’incubation, est considérable ; alors que l’offre de financements en amorçage (pré-seed/seed) est quasi-inexistante si l’on rapporte le nombre de financements au nombre d’entrepreneurs. Le soutien financier et non financier à leur apporter doit couvrir des besoins pluriels, à la fois généraux et spécifiques, et demande donc du temps, des expertises ancrées localement et un calibrage chronophage et sur-mesure des diagnostics. Accélérer le développement d’une entreprise, ce n’est pas accélérer le temps d’accompagnement indispensable à sa croissance.

Malheureusement, la plupart des programmes financés par l’aide publique au développement ne sont pas suffisamment structurés pour dépasser la contradiction entre le temps nécessaire à allouer à chaque entrepreneur et le nombre de bénéficiaires à cibler. Bien souvent ces programmes ne veulent ou ne peuvent assumer le coût réel d’un accompagnement par entreprise, et prennent donc le risque d’agir uniquement en surface. Les moyens de mise en œuvre sont contraints, face à des réservoirs inépuisables de nouveaux entrepreneurs à appuyer, dont les problématiques de passage à l’échelle ne peuvent pas être résolues exclusivement par un accompagnement généraliste.

L’apparente profusion des programmes d’accélération peut donner une impression trompeuse : le nombre de jeunes entreprises à soutenir à l’échelle du continent est considérable et l’offre de financements en amorçage est encore largement insuffisante

S’inspirer et déployer les bonnes pratiques

Parce qu’il reste encore beaucoup à faire pour garantir le développement de l’entrepreneuriat africain, l’expérience accumulée ces dernières années par les acteurs qui mettent en œuvre des programmes d’accélération doit permettre d’identifier quelques « bonnes pratiques » qui gagneraient à être déployées sur de plus larges géographies :

(1) La segmentation des programmes est une valeur ajoutée

Tout dispositif d’accélération doit intégrer l’idée que coexistent au sein de la notion de ‘’jeunes pousses’’ des entreprises qui n’ont rien de comparable, tant dans leur activité que dans leur localisation ; et qu’à situations locales différentes, accompagnement différencié. La segmentation est donc un véritable atout sur le fond (car on comprend vite qu’une TPE/PME sahélienne dans le secteur agro par exemple, n’aura pas les mêmes besoins d’appui qu’une startup de e-commerce nigériane) et sur la forme (un gain de temps lors de la phase initiale de diagnostic). Elle est aussi une valeur ajoutée au sein des programmes qui privilégient une approche virtuelle et groupée, et qui seront en difficulté pour obtenir les résultats escomptés auprès de publics trop diversifiés.

Les programmes sectoriels, comme ceux dédiés aux entreprises du secteur agro (comme le PCESA financé par la coopération danoise au Burkina Faso), ou les initiatives focalisées sur le genre (comme la W Initiative de Access Bank Nigeria) sont plus à même de cerner les problématiques des entreprises, en plus de mieux appréhender les enjeux d’équité des territoires (urbains, ruraux…). Suivant cette même logique, les objectifs de résultats sont atteints quand le continuum d’accompagnement a été bien pensé. L’incubation en particulier n’est pas interchangeable avec l’accélération tant les besoins des entreprises peuvent différer d’une phase à l’autre(2).

(2) La multiplication de l’impact s’obtient en formant des acteurs intermédiaires locaux indispensables au développement des entrepreneurs

Les structures d’appui à l’entrepreneuriat (SAE) en particulier, mais aussi les experts et consultants indépendants qui doivent pouvoir trouver leur marché au-delà des aides ponctuelles des bailleurs de fonds(3). C’est en concourant à la montée en compétences locales de professionnels africains qu’un plus grand nombre d’entreprises pourront changer d’échelle. Outre Afric’innov, dont c’est la mission première dans les pays d’Afrique francophone, quelques acteurs financiers se sont récemment engagés à combler cet angle mort de l’offre de programmes. On peut notamment citer la collaboration d’Argidius et de Village Capital qui s’efforcent depuis 2020 de concourir à la structuration des SAE en Ouganda (Uganda Ecosystem Builders), et le travail de mentorat puis de financement de SAE effectué par Triple Jump et ses experts en Afrique subsaharienne.

(3) Les dispositifs d’accélération qui mettent à disposition des palettes d’outils complémentaires gagnent en efficience.

En premier lieu, des outils de financements d’amorçage adaptés, qui prennent spécifiquement en compte le manque d’habitude et d’aptitude à la gestion financière. Ces outils peuvent prendre la forme de l’avance remboursable, telle qu’actuellement pratiquée par exemple sur le programme I&P Accélération au Sahel. Elle pose les premiers jalons d’une relation avec un financeur, et permettra probablement de soutenir financièrement davantage de PME par effet de recyclage de l’argent(4).

En second lieu, des outils de renforcement de compétences alternant l’appui généraliste (pour viser la diffusion de compétences entrepreneuriales le plus largement possible) et l’appui ciblé (venture building, assistance technique). L’accompagnement technique de l’entreprise est en réalité tout aussi déterminant que l’appui financier. Les entreprises alumni de Y Combinator ne démentiraient pas que leur croissance doit davantage à l’accompagnement qualifié qu’à un financement initial, même si c’est bien ce dernier qui donne plus de crédit aux conseils prodigués.

Bien que la rareté du financement en amorçage soit un frein non négligeable, l’accompagnement, via le renforcement de compétences et l’assistance technique, est tout aussi déterminant.

Le renforcement de compétences généraliste (formations collectives, bootcamps et ateliers, webinaires etc.) est souvent connu et prisé des bailleurs de fonds, mais l’assistance technique est la grande absente de bon nombre de programmes d’accélération. L’assistance technique, c’est-à-dire la contractualisation avec des experts locaux sectoriels (juridique, commercial, technologique, managérial etc.) est pourtant critique pour l’amélioration des performances des entreprises pendant l’absorption de financements d’amorçage et le développement de leur traction. L’assistance technique est un outil éminemment pertinent quand elle est mise en œuvre par un investisseur, qui souhaitera renforcer l’entreprise là où il perçoit des risques qui ne seraient pas décelés par d’autres types d’acteurs. La plupart des programmes d’accélération incluant le déploiement d’assistance technique affichent des résultats nets : c’est le cas par exemple du Boost Digital de GreenTec Capital, qui propose de l’assistance technique en stratégie commerciale & digitale, et permet une augmentation significative du chiffre d’affaires des startups bénéficiaires.

Quelques écueils à éviter

De nombreux chantiers attendent encore les financeurs de programmes pour intensifier l’impact de leurs dispositifs. Il faudra inévitablement sortir du discours tout-startup pour soutenir aussi les TPMEs « brick and mortar », et repenser l’ancrage de l’accompagnement dans le temps en prenant en compte les phases de montée en compétences incompressibles, coûteuses mais nécessaires pour répondre à des indicateurs de résultats exigeants. Admettre aussi que des taux d’échecs élevés au départ sont normaux, tant les risques initiaux sont importants alors que l’entreprise doit justement déployer son offre, faire ses preuves et trouver son marché. Si l’entreprise survit, grâce entre autres à l’accélération, alors les risques, les besoins de liquidité, de compétence (…) décroissent simultanément.

Il faut également fuir le modèle de concours et de challenges éphémères, sauf à être clair sur leurs finalités (de test de la marque, de visibilité etc.), et favoriser dans les processus de sélection des entreprises hors des circuits connus de « serial pitcheurs », un travail de recherche de « pépites » difficile et convoquant patience et relais locaux. La mise en œuvre de programmes pensés depuis le continent, impliquant des parties prenantes publiques et privées africaines, privilégiant la prise de risque financière locale (les business angels, les entrepreneurs africains notamment alumni des programmes d’accélération souhaitant investir par exemple), deviendra incontournable.

En conclusion, on peut espérer que l’engouement des DFI, bailleurs internationaux, acteurs privés africains pour l’accélération se poursuive et concrétise des aspirations ambitieuses : solidifier les jeunes entreprises puis créer les passerelles intermédiaires avant des investissements en capitaux pour celles qui ont des projets de développement manifestes. Une dynamique indissociable d’une réflexion plus large sur les programmes qui existent plus en amont de l’accélération (programmes d’idéation ou d’incubation). Un effort collectif doit être mené pour continuer d’interroger la qualité de nos outils, les perfectionner au plus près des problématiques des entreprises africaines en croissance.


Notes :

(1) Un aperçu des structures dites accélérateurs est disponible sur les sites Afrikan Heroes et CrunchBase https://afrikanheroes.com/2021/05/29/a-list-of-startup-accelerators-in-africa/ https://www.crunchbase.com/hub/africa-accelerators ainsi que dans les rapports de Briter Bridges 2020 & 2021

(2) Cf étude AFD-Roland Berger « Innovation en Afrique et dans les pays émergents » https://www.afd.fr/sites/afd/files/2018-05-05-57-55/etude-innovation-numerique-afrique-pays-emergents.pdf

(3) Sur ce sujet, voir les études et expériences actuellement menées au Cameroun, au Congo-Brazzaville et au Tchad par des acteurs comme R.M.D.A ou l’Agro-PME Fondation pour mettre en place l’emploi du chèque services, un outil utile pour la formation et l’accréditation des consultants etc. https://www.rmda-group.com/project/tchad-appui-a-la-maitrise-douvrage-du-projet-dappui-a-la-petite-entreprise-phase-2 https://www.adiac-congo.com/content/pme-le-guichet-cheque-services-bientot-operationnel-32125

(4) L’avance remboursable et ses effets feront l’objet d’un article dans ce dossier Accélération.

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Et si on osait les Informal Bonds ?

Cette tribune vise à présenter un mécanisme de financement qui se voudrait alternatif à l’attention des activités informelles et des très petites entreprises, afin qu’elles puissent bénéficier d’autres opportunités de…

Cette tribune vise à présenter un mécanisme de financement qui se voudrait alternatif à l’attention des activités informelles et des très petites entreprises, afin qu’elles puissent bénéficier d’autres opportunités de financements formels et surtout, dans de meilleures conditions que celles qui leur sont proposées aujourd’hui.

 

Quelques mécanismes de financements actuels

Encore aujourd’hui, la part prépondérante du financement de nos économies revient au secteur bancaire, avec l’inconvénient d’ériger le banquier en spécialiste multi-sectoriel, qui regroupe au sein d’un même portefeuille des entrepreneurs de l’agro-alimentaire, de l’énergie, du conseil ou encore des nouvelles technologies.

Nous avons aussi les acteurs du financement de haut bilan tels que les Capital-Investisseurs qui, pour des raisons d’efficacité dans le suivi de leurs investissements, se limitent généralement à des investissements de grandes tailles (sachant que quelques-uns d’entre eux ont – heureusement – orienté leurs stratégies d’investissement vers le secteur de la Petite et Moyenne Entreprise).

Il y a également les Institutions de Microfinance. Leur popularité révèle un modèle de financement adapté aux petites économies, mais ce secteur connait malheureusement certaines dérives, avec l’application de taux usuriers.

Nous aurions pu évoquer le financement par la méso-finance, encore récent, qui se présente comme un intermédiaire entre le financement bancaire et micro-bancaire. Ou encore les Nano-crédits, systèmes d’octrois de crédits généralement inférieurs à 100 000 FCFA proposés par certaines Fintech de la place, qui sont encore faiblement vulgarisés.

Enfin, il existe un système de financement informel et parallèle, appliquant des taux d’intérêts abusifs.

Un constat s’impose quand on survole ainsi les mécanismes de financement existants : l’oubli du secteur informel, secteur qui représente pourtant plus de 85% des emplois sur le continent africain selon l’Organisation Internationale du Travail. Il est donc nécessaire de définir un mécanisme de financement alternatif, adapté à cette catégorie de notre économie.

Un constat s’impose quand on survole les mécanismes de financement existants en Afrique : l’oubli du secteur informel, secteur qui représente pourtant plus de 85% des emplois sur le continent.

 

Le secteur informel, notre matelas de survie

Le secteur informel constitue pour la grande majorité des africains un matelas de survie. Pour prendre le cas de l’Europe, le matelas de survie y est défini par chaque état, sur la forme d’un modèle social. Ainsi, dans chaque pays a été fixé un Salaire Minimum, permettant à chaque travailleur de subvenir aux besoins primaires de sa famille.

En Afrique, ce matelas de survie se caractérise par nos activités informelles. L’agent contractuel d’une administration publique qui gagne 65 000 FCFA/mois (soit 100 €), et qui a 6 enfants à charge, aura besoin de développer une activité informelle en parallèle pour arrondir ses fins de mois, ne serait-ce que pour la survie alimentaire de sa famille.

Financer notre secteur informel reviendrait donc à financer notre protection sociale. L’informel ne peut rester le « Grand Oublié », ou le « Mal Outillé » de notre économie tel qu’il l’est aujourd’hui. Le marché financier africain devrait représenter l’espoir, l’alternative, en incluant en son sein cette catégorie informelle de notre entrepreneuriat. Chaque acteur de notre chaîne économique devrait pouvoir identifier une opportunité au travers de ce marché financier.

C’est pourquoi nous proposons la mise en place d’un nouveau produit que l’on pourrait qualifier d’Informal Bond, ou obligation informelle. [Une obligation est une valeur mobilière qui constitue une créance sur son émetteur. Elle est donc représentative d’une dette financière à moyen ou long terme.]

 

Informal Bond : Qu’est-ce que c’est ?

Selon un rapport du Fonds Monétaire International (2017), le secteur informel représenterait, selon les pays africains, entre 20% (Afrique du Sud) et 65% (Bénin, Nigéria) de leur Produit Intérieur Brut. Contrairement à l’idée qu’on s’en fait habituellement, il n’est pas pour autant toujours mal organisé. Certaines de ses activités sont organisées en « Corporations / Coopératives / Groupements » – des groupements de Planteurs ou des groupements de Motos-taxis par exemple.

L’idée est tout simplement de permettre aux groupements ayant fait preuve, historiquement, d’une bonne organisation et d’une bonne gouvernance de solliciter un financement pour leurs membres via le Marché Financier par l’émission de ce que l’on appellerait un ‘’Informal Bond’’, soit une obligation dédiée au financement d’activités informelles.

Cette émission serait directement initiée par les responsables du Groupement, qui auraient au préalable sélectionnés, grâce à leur connaissance du secteur et de leurs membres, les membres bénéficiaires ainsi que les montants des prêts octroyés pour chacun d’eux.

Partant du principe que le groupement aura préalablement fait preuve de probité morale, il serait envisageable que tout ou partie de cette émission soit garantie par une banque ou un fonds de garantie de l’état. Ce qui allègerait le coût de cette dette dont la maturité n’excèderait pas les 18 mois.

Pour des raisons de sécurité et de transparence, en cette ère du digital, les prêts et les remboursements se feraient directement par Mobile Money entre la Banque dépositaire de l’opération et ces entrepreneurs du secteur informel.

 

Ce concept aurait comme vertu d’inciter à la structuration et formalisation progressive des acteurs de l’informel, qui se verraient proposer un cadre organisationnel à suivre pour être éligibles à ce mécanisme de financement (Adhésion à un Groupement, Tenue de Livres de comptes, Ouverture d’un Compte Mobile-Money, …). De leur côté, les États bénéficieraient d’une assiette fiscale élargie.

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