Penser et agir pour l’entrepreneuriat en Afrique

Points de vue

Les articles “Points de vue” sont engagés et permettent d’ouvrir la discussion sur un sujet particulier!

Et si on osait les Informal Bonds ?

Cette tribune vise à présenter un mécanisme de financement qui se voudrait alternatif à l’attention des activités informelles et des très petites entreprises, afin qu’elles puissent bénéficier d’autres opportunités de…

Cette tribune vise à présenter un mécanisme de financement qui se voudrait alternatif à l’attention des activités informelles et des très petites entreprises, afin qu’elles puissent bénéficier d’autres opportunités de financements formels et surtout, dans de meilleures conditions que celles qui leur sont proposées aujourd’hui.

 

Quelques mécanismes de financements actuels

Encore aujourd’hui, la part prépondérante du financement de nos économies revient au secteur bancaire, avec l’inconvénient d’ériger le banquier en spécialiste multi-sectoriel, qui regroupe au sein d’un même portefeuille des entrepreneurs de l’agro-alimentaire, de l’énergie, du conseil ou encore des nouvelles technologies.

Nous avons aussi les acteurs du financement de haut bilan tels que les Capital-Investisseurs qui, pour des raisons d’efficacité dans le suivi de leurs investissements, se limitent généralement à des investissements de grandes tailles (sachant que quelques-uns d’entre eux ont – heureusement – orienté leurs stratégies d’investissement vers le secteur de la Petite et Moyenne Entreprise).

Il y a également les Institutions de Microfinance. Leur popularité révèle un modèle de financement adapté aux petites économies, mais ce secteur connait malheureusement certaines dérives, avec l’application de taux usuriers.

Nous aurions pu évoquer le financement par la méso-finance, encore récent, qui se présente comme un intermédiaire entre le financement bancaire et micro-bancaire. Ou encore les Nano-crédits, systèmes d’octrois de crédits généralement inférieurs à 100 000 FCFA proposés par certaines Fintech de la place, qui sont encore faiblement vulgarisés.

Enfin, il existe un système de financement informel et parallèle, appliquant des taux d’intérêts abusifs.

Un constat s’impose quand on survole ainsi les mécanismes de financement existants : l’oubli du secteur informel, secteur qui représente pourtant plus de 85% des emplois sur le continent africain selon l’Organisation Internationale du Travail. Il est donc nécessaire de définir un mécanisme de financement alternatif, adapté à cette catégorie de notre économie.

Un constat s’impose quand on survole les mécanismes de financement existants en Afrique : l’oubli du secteur informel, secteur qui représente pourtant plus de 85% des emplois sur le continent.

 

Le secteur informel, notre matelas de survie

Le secteur informel constitue pour la grande majorité des africains un matelas de survie. Pour prendre le cas de l’Europe, le matelas de survie y est défini par chaque état, sur la forme d’un modèle social. Ainsi, dans chaque pays a été fixé un Salaire Minimum, permettant à chaque travailleur de subvenir aux besoins primaires de sa famille.

En Afrique, ce matelas de survie se caractérise par nos activités informelles. L’agent contractuel d’une administration publique qui gagne 65 000 FCFA/mois (soit 100 €), et qui a 6 enfants à charge, aura besoin de développer une activité informelle en parallèle pour arrondir ses fins de mois, ne serait-ce que pour la survie alimentaire de sa famille.

Financer notre secteur informel reviendrait donc à financer notre protection sociale. L’informel ne peut rester le « Grand Oublié », ou le « Mal Outillé » de notre économie tel qu’il l’est aujourd’hui. Le marché financier africain devrait représenter l’espoir, l’alternative, en incluant en son sein cette catégorie informelle de notre entrepreneuriat. Chaque acteur de notre chaîne économique devrait pouvoir identifier une opportunité au travers de ce marché financier.

C’est pourquoi nous proposons la mise en place d’un nouveau produit que l’on pourrait qualifier d’Informal Bond, ou obligation informelle. [Une obligation est une valeur mobilière qui constitue une créance sur son émetteur. Elle est donc représentative d’une dette financière à moyen ou long terme.]

 

Informal Bond : Qu’est-ce que c’est ?

Selon un rapport du Fonds Monétaire International (2017), le secteur informel représenterait, selon les pays africains, entre 20% (Afrique du Sud) et 65% (Bénin, Nigéria) de leur Produit Intérieur Brut. Contrairement à l’idée qu’on s’en fait habituellement, il n’est pas pour autant toujours mal organisé. Certaines de ses activités sont organisées en « Corporations / Coopératives / Groupements » – des groupements de Planteurs ou des groupements de Motos-taxis par exemple.

L’idée est tout simplement de permettre aux groupements ayant fait preuve, historiquement, d’une bonne organisation et d’une bonne gouvernance de solliciter un financement pour leurs membres via le Marché Financier par l’émission de ce que l’on appellerait un ‘’Informal Bond’’, soit une obligation dédiée au financement d’activités informelles.

Cette émission serait directement initiée par les responsables du Groupement, qui auraient au préalable sélectionnés, grâce à leur connaissance du secteur et de leurs membres, les membres bénéficiaires ainsi que les montants des prêts octroyés pour chacun d’eux.

Partant du principe que le groupement aura préalablement fait preuve de probité morale, il serait envisageable que tout ou partie de cette émission soit garantie par une banque ou un fonds de garantie de l’état. Ce qui allègerait le coût de cette dette dont la maturité n’excèderait pas les 18 mois.

Pour des raisons de sécurité et de transparence, en cette ère du digital, les prêts et les remboursements se feraient directement par Mobile Money entre la Banque dépositaire de l’opération et ces entrepreneurs du secteur informel.

 

Ce concept aurait comme vertu d’inciter à la structuration et formalisation progressive des acteurs de l’informel, qui se verraient proposer un cadre organisationnel à suivre pour être éligibles à ce mécanisme de financement (Adhésion à un Groupement, Tenue de Livres de comptes, Ouverture d’un Compte Mobile-Money, …). De leur côté, les États bénéficieraient d’une assiette fiscale élargie.

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Au nom de l’inclusion financière : éduquons et sensibilisons !

Pour reprendre la définition proposée par la Banque Mondiale, l’inclusion financière fait référence à la possibilité pour les individus et les entreprises, de fait exclus des services financiers traditionnels, d’accéder…

Pour reprendre la définition proposée par la Banque Mondiale, l’inclusion financière fait référence à la possibilité pour les individus et les entreprises, de fait exclus des services financiers traditionnels, d’accéder à moindre coût à toute une gamme de produits et de services financiers utiles et adaptés à leurs besoins.

Chaque année, de nombreuses conférences organisées avec les Institutions de Bretton Woods réfléchissant aux stratégies à mettre en place pour améliorer l’inclusion financière et développer l’éducation financière des populations africaines. Depuis 2 ans, la Banque Centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a-t-elle ainsi initié un Programme pour la vulgarisation de l’Éducation Financière, et a créé une Direction Centrale consacrée essentiellement aux enjeux de l’inclusion financière. On voit aussi que plusieurs pays, comme le Cameroun, le Sénégal, ou le Togo planchent sur leur propre stratégie de finance inclusive.

Tout ceci prête donc à penser, à juste titre, qu’il y a un véritable problème d’inclusion financière dans la plupart des pays d’Afrique Subsaharienne. Problème qui se traduit notamment par un manque d’éducation financière des populations africaines, et dont la solution passerait par amener chaque individu ou ménage de la société civile à épargner par des canaux plus formels de notre économie.

 

Ce que nous ont appris les récents scandales financiers

Nous sommes nombreux aujourd’hui à affirmer qu’il est difficile de capter l’épargne des ménages africains. Mais alors, comment comprendre le succès de ces financiers proposant des placements de stratégies Madoffiennes (système de Ponzi) tel que ce fût le cas dans  l’affaire MonHévéa en Côte d’Ivoire et en 2018, le phénomène MIDA au Cameroun ? Et probablement d’autres scandales non encore révélés ? Des organisations qui garantissent des gains de l’ordre de 300% à 400% sur un horizon d’investissement de quelques mois et qui se sont proliférées au fil des années, au su et au vu des officiels (et quelques fois même grâce à des spots publicitaires diffusés sur les antennes nationales).

Il y a au moins deux choses que nous pouvons retenir de ces arnaques financières.

Tout d’abord, au regard de la pléthore des victimes et de l’importance des montants engagés, on note qu’il y a de l’épargne sur le continent africain. Elle est principalement constituée de petites épargnes, ce que l’on appelle l’épargne des ménages – sur toutes les couches de la population.

Et par ailleurs, force est de constater que ces promoteurs d’infortune ont des arguments convaincants leur permettant de capter une épargne tant convoitée par nos nombreux programmes de développement internationaux et qui échappent aujourd’hui aux institutions financières locales et légales.

 

Mettre à profit les Administrations traditionnelles

Dans « éducation financière », il y a le terme « éducation ». Éduquer, c’est aussi sensibiliser.

Cette éducation financière est visiblement nécessaire pour nos responsables et officiels africains, qui dans certains pays se sont rendus complices des mauvaises pratiques énoncées plus haut, souvent par manque de connaissance sur ces sujets. Ne serait-ce que pour faire comprendre que des taux d’épargne au-delà de 20% ou 30%, ça n’existe pas (et encore moins des taux à plus de 200%, à moins que l’on épargne pour nos arrières arrières petits enfants !). Nous pouvons ainsi espérer que dans les stratégies d’éducation financière, plutôt bien pensées, il est prévu d’éduquer les administrateurs aussi bien que les administrés…

Cette sensibilisation des administrateurs ne doit pas seulement être faite au niveau civil (Sous-Préfets, Maires, etc.), mais elle doit aussi concerner les administrateurs traditionnels (Chefs traditionnels, Chefs de quartiers), qui seront les meilleurs relais pour la sensibilisation de leurs populations. Nos États pourraient même aller plus loin en créant des Agences bancaires postales au sein de certaines grandes chefferies exploitant ainsi les relations de proximités, de confiance et d’humilité qui subsistent entre les villageois et leurs autorités traditionnelles.

Nous pouvons espérer que dans les stratégies d’éducation financière, plutôt bien pensées, il est prévu d’éduquer les administrateurs aussi bien que les administrés…

Incorporer des solutions pragmatiques

Le but n’est pas ici d’émettre un doigt accusateur sur ces initiatives volontaristes, menées pour améliorer les conditions sociales de nos populations… mais plutôt d’insister sur la nécessité d’y incorporer les fondamentaux socio-économiques et culturels qui régissent nos sociétés.

Les grandes réflexions ne sont pas nécessairement les vecteurs de bonnes propositions. La réflexion est utile mais dans nos contextes, elle doit être la plus pragmatique possible. Alors qu’un Programme National d’Inclusion Financière se fixe un objectif d’amélioration sur 5, 10 ou 15 ans, une approche pragmatique se doit de fixer un objectif pour demain, tout en œuvrant dès maintenant pour améliorer l’éducation financière :

  • Pour que demain, ou après-demain, lorsqu’une nouvelle initiative malveillante verra le jour, elle n’aura absolument plus la même ampleur.
  • Pour que dès demain, la société civile, mais surtout le secteur informel, puissent se défaire de ce complexe d’infériorité qu’ils nourrissent vis-à-vis de la banque, à cause de diverses raisons: Faibles revenus, barrière de la langue (pour les analphabètes) …

Comment comprendre que ces mêmes personnes n’ont eu aucune difficulté à se rendre auprès des organisations aux pratiques illégales pour épargner/investir ? La raison principale était la promesse de ces dernières de multiplier leur argent.

Ainsi, il faudrait que le banquier africain communique davantage auprès de tous ces petits épargnants, dans un langage qui leur est approprié, leur promettant une bonification de leur épargne sur la base d’un taux d’intérêt.

Cette communication peut également être menée par les États, au travers des moyens de communication technologiques que se sont appropriés 90% des africains. En se servant de la Téléphonie Mobile non pas seulement dans le but d’offrir des services financiers tels que c’est le cas aujourd’hui (Mobile Banking), mais aussi dans l’optique d’en faire un vecteur d’éducation et de sensibilisation aux concepts bancaires et financiers. Une éducation qui se ferait de façon écrite par le biais de SMS réguliers et pour les analphabètes, de façon orale par le biais de messages vocaux en dialecte local.

Le banquier africain devrait communiquer davantage auprès des petits épargnants, dans un langage qui leur est approprié, au travers des moyens de communication technologiques que se sont appropriés 90% des africains.

 

L’éducation financière et de surcroît l’inclusion financière, ne pourrait que renforcer les capacités de développement et la rentabilité de l’entrepreneuriat local. Car ce dernier est dominé par un secteur informel dont les adeptes endurent de nombreuses difficultés de gestion financière et organisationnelle.

 

 

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L’Afrique face à la crise du covid-19 : les priorités pour l’économie africaine de demain

Note : La première partie de l’article est disponible ici. Pour aller plus loin, vous pouvez lire l’article “Affliction, questionnement, crainte et espoirs au temps du coronavirus africain” publié sur…

Note : La première partie de l’article est disponible ici. Pour aller plus loin, vous pouvez lire l’article “Affliction, questionnement, crainte et espoirs au temps du coronavirus africain” publié sur le site de la FERDI.

 

La crise macroéconomique africaine est en train de s’approfondir. Elle frappe les finances publiques, certes, mais elle aussi et surtout les entreprises, et en particulier les plus fragiles d’entre elles. Si le FMI prévoit en 2020 une contraction du PIB de 1.6%, c’est surtout en millions d’emplois perdus, en millions de faillites constatées, et en millions de morts qu’il va falloir faire le bilan, autant sanitaire qu’économique, d’une crise sans précédent.

En pratique, des plans d’ajustement structurels, négociés dans le cadre du FMI, vont se mettre en œuvre pour financer les tours de table nationaux et tenter de relever les économies. Ces plans auront, comme toujours, leurs conditions. La communauté internationale a beaucoup appris des plans des années 1980/90 et de la gestion de la conditionnalité. En même temps, l’Afrique et le monde ont changé depuis ce moment. L’espoir est que cet apprentissage comme ce changement soient bien intégrés dans les politiques publiques qui seront suivies par les pays bénéficiaires, et suggérés par les institutions internationales prescriptrices.

Pour s’en assurer, il faut commencer par parler de la situation stratégique de la planète et de sa répercussion sur l’Afrique en termes de politiques économiques, de la question du secteur privé africain, de la spécificité des pays pétroliers, et de l’enjeu environnemental. Il faudra aussi traiter de la question essentielle de l’adhésion.

 

Le monde d’hier n’est pas le monde de demain.

Le monde de 2021 ne sera pas tout à fait le même que le précédent, même s’il est impossible d’en prévoir les contours. Mais on peut imaginer que les pays occidentaux vont vouloir raccourcir les chaines de valeur. Ils voudront créer ou maintenir des capacités stratégiques de production sur leur territoire, national ou élargi, comme l’Europe. Ce mouvement va renforcer les grandes tendances qui commençaient à émerger dans les premières années du vingt-et-unième siècle : robotisation d’un côté, déficit des balances des paiements américaine et européenne de l’autre se combinaient avec un renchérissement des coûts de productions en Chine et en Asie émergente pour rendre problématique des stratégies de développement « à l’asiatique », fondées sur les exportations manufacturières (Chine) voire de services (Inde). Nous allons sans doute assister à une accélération du rapatriement des capacités de production industrielle sur le sol des pays de l’OCDE et à un renforcement du « consommer local », qui va affecter notamment l’alimentaire.

Dans ce contexte, l’Afrique, surtout subsaharienne, doit davantage parier sur son marché domestique continental, régional ou national. C’est son meilleur atout dans ce monde si incertain. C’est aussi une place macro-économiquement logique. Ce marché est en effet en croissance massive et certaine. Il est propulsé par l’accélération de la transition démographique qui débouche sur un dividende démographique dont le continent doit capturer les bénéfices.

L’Afrique subsaharienne doit davantage parier sur son marché domestique continental, régional ou national. C’est son meilleur atout dans ce monde si incertain.

Bien entendu, certaines niches à l’exportation vont demeurer intéressantes. C’est le cas par exemple dans le domaine agricole, où le « consommer local » ne va pas épuiser tous les mouvements commerciaux lointains, notamment dans le domaine du végétal. Cela sera d’autant plus productif que le continent parvient à grimper dans l’échelle des valeurs et incorporer plus de valeur ajoutée dans ses exportations. D’autres sous-segments agricoles et certains produits industriels (textile…) fourniront des opportunités : l’Afrique peut occasionnellement prendre la place de la Chine et de certains pays asiatiques dans ces chaines de valeur destinées à ces derniers pays ou aux pays de l’OCD, comme l’Ethiopie le montre, malgré toutes limites qu’il faut accorder à cette dynamique.

Enfin, le domaine des services reste largement ouvert : l’évolution de la démographie européenne va la rendre structurellement demanderesse de main d’œuvre faiblement qualifiée, via l’immigration, mais aussi, de plus en plus, de services à distance, y compris qualifiés. Le rapatriement de capitaux de migrants et l’exportation de services ont également une part importante à jouer dans une économie africaine qui monterait progressivement en compétences grâce à son investissement dans l’éducation.

Les futurs programmes d’ajustement structurels doivent s’appuyer sur ces observations. Ils ne doivent pas demeurer prisonniers de la conception des politiques du XIXème siècle qui demeurent trop souvent les mantras des prescripteurs.

 

Changer les logiciels de politique publique, c’est maintenant.

Ces derniers font toujours trop de place à la pression sur les coûts de main d’œuvre ou les ajustements monétaires à la baisse, en présupposant l’efficacité supérieure d’un modèle d’industrialisation par l’export qui a fait le succès de l’Asie en un autre temps. Les priorités de l’économie africaine de demain sont dans la qualité de la main d’œuvre (santé, éducation…), qui aidera l’expansion des services domestiques comme internationaux. Mais c’est surtout dans le renforcement du marché domestique, continental, régional et national qu’il faut investir. L’alimentaire, le manufacturier léger, la techno, les services, la distribution, le bâtiment et les travaux publics… sont les secteurs clés de ce nouveau secteur productif.

Une des grandes caractéristiques des ajustements structurels des années 1980/90 avait été leur concentration sur la compétitivité extérieure. Cet accent avait abouti en pratique à une désindustrialisation des économies africaines, dont le secteur productif était inadapté et inefficace. La disparition de ce dernier est une des raisons pour lesquels les ajustements structurels ont été si longs : il n’y avait personne ou plus personne pour réagir aux améliorations des cadres macroéconomiques ou institutionnels… Les promoteurs des plans d’ajustement structurel de l’époque ont présupposé à tort que les structures industrielles mourantes seraient remplacées spontanément par un nouveau secteur privé du moment où l’environnement de ce dernier serait amélioré et sa compétitivité prix restaurée, via notamment les dévaluations. Il a en fait fallu tout le long chemin des deux premières décennies du XXIème siècle pour voir réapparaitre un secteur privé national sain, dynamique, inventif, aidé par une nouvelle dynamique de construction d’infrastructure et d’accroissement de la dépense publique. Ce secteur privé local, formel et informel, a été un des moteurs de croissance significatif du continent de ces dernières années, mais surtout un agent de transformation sociétal majeur.

C’est ce secteur privé national, surtout formel, car particulièrement fragile, qui est un enjeu essentiel des politiques publiques à mettre en place. Mais il est le grand absent des premières réflexions autour de la lutte contre la crise et de la relance économique. Celles-ci se concentrent sur la réponse aux défis de la pandémie, comme nous l’avons déjà signalé, et sur la macroéconomie, avec l’arrière-plan de la préservation des budgets sociaux. Or, le secteur privé africain souffre de manière considérable. Composé essentiellement du secteur informel, ainsi que de PME et de start-ups, il a subi de plein fouet l’arrêt de l’économie mondiale. Il va être frappé directement par la baisse de la demande domestique qui risque maintenant d’intervenir. Sa trésorerie est exsangue. Sa composante formelle est particulièrement à risque : contrainte par la réglementation fiscale et sociale, elle ne dispose pas des mêmes marges de manœuvre que le secteur informel. Or, c’est sur elle que repose le financement futur de la dépense publique nationale. C’est une affaire de mois, ou d’une année, avant que sa capacité de rebond soit largement anéantie. En peu de temps, vingt ans de progrès peuvent être mis à bas. La conséquence en sera une difficulté considérable à reprendre rapidement un cours de croissance économique acceptable.

C’est ce secteur privé national, surtout formel, car particulièrement fragile, qui est un enjeu essentiel des politiques publiques à mettre en place. Mais il est le grand absent des premières réflexions autour de la lutte contre la crise et de la relance économique.

Traiter les enjeux de ce secteur privé national est certes complexe dans le détail mais en fait simple dans les grandes orientations.

Il faut d’abord éviter qu’il ne devienne encore plus que ce n’est le cas traditionnellement le financeur des Etats via l’accumulation d’arriérés intérieurs vis-à-vis de lui. Historiquement, ce point a été l’objet de peu d’attention des décideurs publics et encore moins des institutions internationales. La priorité doit être renversée : les créanciers intérieurs doivent bénéficier d’une priorité sur les créanciers extérieurs, qui bénéficient d’autres possibilités pour gérer leur stabilité.

Il convient ensuite d’accorder une attention prioritaire à diriger le secteur bancaire commercial vers les PME. Cela peut se faire au travers du traitement conditionnel de leurs fonds propres, de leur refinancement, ou des garanties qui peuvent les soutenir. La microfinance a un rôle majeur à jouer dans ce moment, car elle est le soutien direct du secteur informel. Or sa santé financière est gravement menacée. C’est un compartiment du secteur bancaire qui mérite un traitement particulièrement dynamique.

Enfin, les pays africains ne disposent pas des instruments publics d’intervention direct au bénéfice des PMEs, comme beaucoup de pays industriels, telle la KFW allemande ou la BPI française, pour ne citer que celles-ci. Il est pourtant nécessaire de mobiliser des fonds privés et publics directement vers les entreprises de qualité susceptibles de survivre à la crise, à travers des instruments capables de traiter finement le secteur industriel. Les fonds d’investissement opérant sur le continent peuvent être un tel instrument, comme certaines banques régionales efficaces, telles la BOAD en UEMOA.

Dans ce contexte global, les pays pétroliers méritent une approche spécifique. Nul ne sait certes ce que sera le cours du baril à long terme, mais nous sommes obligés aujourd’hui d’envisager le cas où il demeurerait très bas durant un long moment. C’est dramatique pour les pays producteurs, qui devront faire notamment face à un ajustement macroéconomique majeur. Les plus grandes économies du continent, comme le Nigéria ou l’Angola, sont concernées, mais aussi le plus gros de l’Afrique Centrale, par exemple.

C’est le moment de centrer totalement les plans d’ajustement structurel sur la mise en compétitivité durable de ces pays. En termes pratiques, le secteur productif national des pays pétroliers devrait être préservé de l’ajustement. Des mesures structurelles de compétitivité devraient être au premier rang des conditions des futurs plans d’ajustement structurel. Il est légitime que les futurs revenus pétroliers financent la charge de la dette contractée dans ces plans, stérilisant ainsi les impacts devise et focalisant les pays sur leur secteur productif national.

Le pétrole est un malheur déguisé. Il faut espérer que la plongée des cours dissuade les pays candidats à l’accès à ce statut de devenir des économies pétrolières. Rentrer dans cette économie pétrolière revient hélas à céder au mirage qui a tant fait pour réduire trop d’économies africaines au rang de sociétés rentières, pauvres et inégalitaires à la fois, corrompues et inefficaces simultanément. Le salut de l’Afrique n’est pas dans le pétrole, mais dans la compétitivité d’un secteur industriel, agricole et de services, capable de nourrir et faire prospérer des marchés domestiques à la progression unique dans l’histoire de l’humanité. C’est dans cette direction que les programmes des pays pétroliers doivent se réorienter, au travers d’une structuration rigoureuse de la conditionnalité des prêts qui leur seront octroyés.

La question environnementale, dans ses trois piliers que sont le carbone, la biodiversité et la santé (déchets, eau, air…) doit enfin avoir une place première dans les futurs programmes d’ajustement. Ce ne fut pas le cas dans ceux du XIXème siècle. Le point de départ est dans la reconnaissance que la qualité environnementale d’aujourd’hui est la compétitivité de demain. Ceci implique d’accepter beaucoup d’arbitrages de coûts intertemporels. Le coût de l’argent d’aujourd’hui autorise ces arbitrages. La crise du coronavirus ne change pas une réalité qui s’était imposée ces dernières années.

Le moment présent crée cependant une difficulté majeure : les prix du pétrole vont menacer le grand élan vers les énergies renouvelables, centralisées comme avec l’hydroélectrique, ou décentralisées comme avec le solaire. Le spectaculaire modèle énergétique autonome, vert et décentralisé que l’Afrique commençait de créer risque d’être mis à mal par du pétrole à 20 dollars le baril. C’est le moment de solutions audacieuses, comme, par exemple, l’imposition de taxes aux frontières sur le pétrole importé, ou de TVA sur les produits carbonés. Elles pourront financer une combinaison de désendettement public, de subvention de consommation aux plus pauvres, de soutien au secteur productif local ou aux services publics sociaux, ou enfin de l’énergie renouvelable, selon les préférences et la politique locales. C’est aussi le moment de prendre en compte les considérations environnementales dans les politiques macroéconomiques. Ainsi, les dévaluations ont des impacts sur la déforestation et la biodiversité. Comprendre, pour le FMI et la Banque Mondiale, que les politiques macroéconomiques doivent être évaluées dans un cadre plus large que le PIB et la balance des paiements est un effort qui doit être soutenu par tous les pays membres de ces institutions.

 

Pas de politique efficace sans appropriation.

Mais le sujet essentiel des programmes d’ajustement structurel est leur appropriation. Celle-ci est particulièrement sujette à caution dans un contexte où, d’ores et déjà, les opinions africaines pointent du doigt vers la Chine et l’Europe, considérées comme les auteurs des maux qui les affligent. Les conditions des programmes macroéconomiques courent un risque fort de ne pas être perçues comme légitimes. Elles pourraient être vues comme une seconde punition injustifiée. Ceci sera surtout le cas si, par leurs volets relatifs au secteur privé ou à la libéralisation commerciale, elles faisaient le jeu des entreprises et des banques privées internationales.

Il faut le dire avec force. La conditionnalité de l’ajustement structurel des années 2020 ne sera légitime et en pratique appliquée, dans le contexte géopolitique concret de la crise du coronavirus, que sous trois conditions : si elle joue au bénéfice du secteur productif national ; si elle est correctement financée ; si elle prend place dans une reconnaissance collective de la co-responsabilité générale des maux qui nous frappent.

A défaut, la conditionnalité nouvelle donnera lieu à une nouvelle crise de dialogue politique entre l’Afrique et le reste du monde, Chine et Europe au premier rang. Elle fera le jeu de tous les extrémistes, elle renforcera notamment les mouvements islamistes dans le Sahel, et elle nourrira sur le continent une nouvelle vague de populisme nationaliste. Elle aboutira, en fin de compte, à des échecs macroéconomiques, à un appauvrissement du continent, à l’annulation massive des encours de dette, et une alimentation accrue des mouvements migratoires comme de la conflictualité et de l’instabilité. Personne ne peut vouloir ce destin. C’est pourquoi, au-delà de la correcte alimentation financière des programmes, il est important de passer du temps sur le dialogue, tout particulièrement entre Chine, Europe et Afrique, les acteurs principaux de ce jeu. Il est nécessaire que la vision globale comme les mesures spécifiques des ajustements structurels soient partagées le plus possible, la conditionnalité acceptée et les politiques vues comme justes.

Recherche économique, sociale et politique, comme dialogue intergouvernemental et de société à société sont indispensables pour construire cette vision partagée, le plus possible, sachant que les conflits ne seront pas tous évités. Dans un monde encore confiné et où la distanciation sociale va encore régner un certain temps, il faut investir dans le rapprochement culturel et politique. Institutions publiques, fondations, personnes physiques, sociétés, nous sommes tous appelés à nous impliquer.

 


Pour aller plus loin

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L’Afrique face à la crise du covid-19 : l’urgence d’une réponse de la communauté internationale

Note : La seconde partie de l’article est disponible ici. Pour aller plus loin, vous pouvez lire l’article “Affliction, questionnement, crainte et espoirs au temps du coronavirus africain” publié sur…

Note : La seconde partie de l’article est disponible ici. Pour aller plus loin, vous pouvez lire l’article “Affliction, questionnement, crainte et espoirs au temps du coronavirus africain” publié sur le site de la FERDI.


En Afrique, la crise économique précède la crise sanitaire, voire la remplace.

Le nombre de cas que connait le continent est en effet modeste. En ce début du mois de juin 2020, on recense en effet environ 205000 cas, avec seulement environ 5600 décès. Même si les statistiques sous-estiment sans doute la situation, l’observation de terrain de parvient pas à contester le constat général. La vague reste peut-être à venir, certes, et relâcher la vigilance serait imprudent. Les mois qui viendront nous diront, si la situation perdure, quelles en sont les vraies causes : les politiques publiques ? La structure démographique du continent ? Des facteurs biologiques ?

Mais devons-nous pour autant sabler une victoire sur le destin ?

Non.

 

Ne pas être malade, ce n’est pas être bien portant.

En effet, si la crise sanitaire ne se manifeste pas à la hauteur attendue, au moins pour l’instant, la crise économique et financière est bien là. Le FMI prévoit un recul global de la croissance de 1.6%, une première dans ce continent. L’année 2021 sera également médiocre. Les meilleures économies du continent, celles qui sont le plus centrées sur leur marché intérieur, éviteront peut-être de justesse un recul des PIB par habitant. Les économies pétrolières verront le leur, une nouvelle fois, plonger. C’est de cette contre-performance économique, importée de l’extérieur, que des millions d’africains vont mourir, plus que de la pandémie. Mortalité et morbidité sont en effet principalement liées en Afrique à la croissance économique. C’est aussi de cette crise macroéconomique que nombre de petites entreprises risquent de mourir aussi, tuant, de leur côté, l’emploi.

C’est de la contre-performance économique, importée de l’extérieur, que des millions d’africains vont mourir, plus que de la pandémie.

Les raisons de ce cheminement sont puissantes.

Dans un premier temps, les chaines logistiques articulées avec la Chine se sont en effet brutalement interrompues. Elles ont mis à l’arrêt des milliers d’entreprises africaines dépendantes de pièces détachées ou d’intrants spécifiques. Les marchés chinois et européens se sont aussi fermés du jour au lendemain. Ils ont laissé sans activité un nombre considérable d’entreprises exportatrices. Le tourisme s’est interrompu brusquement. La fermeture des marchés de capitaux a interdit les levées de fond et jeté à fond de cale beaucoup de start-up techno, alors même que leur contribution à l’économie était particulièrement pertinente en ce moment précis. Cet arrêt a aussi touché nombre d’entreprises en croissance rapide et nécessitant l’accès à des capitaux pour alimenter une expansion forte. Enfin l’effondrement brutal des prix du pétrole et des produits miniers s’est immédiatement répercuté sur la dépense publique dans les pays qui vivent essentiellement de ces activités. Dans le cas du Nigéria, l’onde de choc s’étend à tout son environnement régional.

C’est donc un gigantesque choc de la demande externe, comme de l’offre, qui affecte d’abord l’Afrique entreprenante, la partie la plus dynamique du continent, celle qui demeure le moteur le plus robuste de sa transformation de long terme. La chute brutale des prix du pétrole secoue aussi tout le secteur des énergies renouvelables. Elle fait peser une ombre profonde sur l’espoir de développement d’une économie africaine décarbonée. Cette dernière était une des grandes lumières des deux premières décennies de ce siècle, grâce notamment au monde bouillonnant de l’énergie décentralisée solaire.

Au choc de l’offre et de la demande internationale commence à succéder un choc de demande domestique. Petit à petit, les chaines logistiques chinoises se réouvrent en effet. Quelques marchés d’exportation, timidement, redeviennent accessibles. Au rythme du redressement progressif des économies industrialisées, et de la Chine, ce processus va toutefois se faire avec une certaine lenteur. Le rythme de relance de la demande mondiale est rendu incertain par les paramètres mêmes de résolution de la crise sanitaire comme par l’efficacité des plans de relance chinois et occidentaux.

Pendant ce temps, les pays africains sont affectés par une chute massive de leurs recettes publiques, en provenance des droits de douane comme de la fiscalité des entreprises. Les sorties de capitaux et peut-être la baisse des retours de capital des migrants vont affecter la balance des paiements, affaiblie par l’interruption des exportations, de matières premières et de pétrole, comme de produits agricoles ou industriels. Contraction budgétaire comme des capitaux vont donc s’abattre sur les pays, avec leurs conséquences inéluctables : réduction des dépenses publiques, pénurie de devises, dévaluation (hors zone CFA/ECO), inflation.

Le choc va être profond. Il affectera non seulement les infrastructures mais aussi les services sociaux comme la santé et l’éducation. Il impactera également la capacité des pays confrontés au défi terroriste, comme au Sahel, à contrôler leur terrain et rétroagira donc directement sur le monde extérieur en termes de sécurité et de migrations.

Il existe en effet une différence massive entre les pays industrialisés, dont la Chine, et les pays africains, dans ce moment.

Les premiers ont fait le choix de reporter la continuité de leur dépense publique, de leur relance économique et de leur approvisionnement en devises sur deux acteurs : des marchés financiers d’un côté, qui demeurent avides de placer leurs liquidités à des taux très bas, et des banques centrales de l’autre, qui deviennent, directement ou indirectement, les premiers créanciers des gouvernements. Parions que ces dernières viseront à maintenir des taux bas, et à prévenir une crise financière. Les pays industrialisés vont, il faut aussi le parier, rejeter en fin de compte le coût financier de cette politique de stabilisation sur une très longue période, ou dans la création monétaire, dans un contexte où le retour de l’inflation est peu probable.

Ces options ne sont pas ouvertes, ou considérablement moins ouvertes, aux pays africains. L’inflation est un risque très important dans des économies africaines souvent fermées et qui connaissent pour beaucoup déjà des rythmes élevés de hausse des prix. Elle aussi particulièrement ravageuse pour les pauvres. Elle entretient un lien très direct sur le continent avec la dépréciation monétaire, liée à la création monétaire. Les banques centrales ne vont donc pas avoir les mêmes options en Afrique que dans l’OCDE. En ce qui concerne la dette, les pays africains n’ont pas non plus la possibilité de recourir aux marchés financiers, d’ores et déjà fermés pour eux, ou seulement de manière marginale. On parle déjà d’un nouveau « club de Londres », qui fermera à nouveau pour de nombreuses années l’apport de capitaux privés aux gouvernements. Les États africains n’ont nulle autre ressource que d’aller chercher le soutien de leurs partenaires publics de l’OCDE et de la Chine.

 

Être généreux, c’est rentable.

Ces derniers doivent ils accorder le soutien budgétaire et de balance des paiements massif dont le continent a besoin ? Ceci revient au fond à faire supporter le coût de ce soutien, via le déficit budgétaire de pays industrialisés, aux marchés de capitaux internationaux sur lesquels ils se refinancent, et à leurs propres banques centrales. Ceci se ferait à un moment où les déficits budgétaires des pays industrialisés explosent et où les opinions publiques, si elles soutiennent massivement les plans de relance nationaux, expriment une grande angoisse vis-à-vis de l’accroissement de la dette.

Malgré ces craintes des opinions publiques des pays industrialisés, la réponse doit être oui, pour trois raisons. Elle doit s’accompagner d’une condition, pour faire sens.

La première raison est que nous parlons de volumes raisonnables à l’échelle de la macroéconomie africaine. Si l’on aligne les besoins de ce soutien sur l’ampleur des paquets financiers décidés par les pays occidentaux pour leurs propres besoins, de l’ordre de 300 milliards de dollars en 2020/2021 seraient adaptés, soit six fois le montant annuel actuel de l’aide publique au développement accordée au continent.

Certes, une partie significative de cet argent devrait être allouée sous forme de prêts à la balance des paiements, et pas seulement au déficit budgétaire, augmentant l’endettement moyen du continent de l’ordre de 10% du PIB (beaucoup plus pour certains pays). Cette perspective n’est pas irraisonnable si une croissance vive succédait à cette période d’ajustement structurel, avec non seulement des taux supérieurs au coût de la dette, mais, encore mieux, des taux de croissance du PIB supérieurs à 6%. Ceci permettrait à la fois des gains significatifs de bien-être pour les populations les plus pauvres, mais aussi une alimentation budgétaire importante des Etats concernés. Cela rendrait la dette (si elle est accordée à taux faible) soutenable. Cette augmentation de l’endettement des Etats doit néanmoins être accompagnée d’un accroissement de l’aide au développement en subvention pour les pays les plus fragiles et les moins solvables.

La seconde raison est que le coût d’un plan de soutien à l’Afrique est très modeste au regard des efforts que les grands pays industrialisés sont en train de consentir pour leurs propres besoins. Il pèsera de manière dérisoire sur leur endettement.

Le PIB nominal cumulé de l’UE, de la Chine et des USA est en effet de l’ordre de 53000 milliards de dollars. Un vaste plan de soutien de l’ordre de deux années du PIB nominal de l’Afrique, soit environ 600 milliards, ne représenterait que 1.1% de ce PIB cumulé. Cet effort pourrait se répartir entre allègement de dette (à manier avec précaution) et nouveaux apports de dette et de dons. Il est impératif que la Chine soit partie prenante significative de cet effort, compte tenu de son rôle dans l’endettement africain. Non seulement ce pays doit être moteur dans la gestion de la dette, mais il est crucial qu’il participe aux apports nouveaux de capitaux. Dans les cas contraire, l’Europe, par exemple, contribuerait par ses apports, si elle était seule, à reconstituer la solvabilité de l’Afrique au bénéfice de la Chine, même si cette dernière faisait un effort en tant que créancier. En gros, l’effort de refinancement de l’économie africaine sera largement noyé dans la considérable augmentation de la dette des pays de l’OCDE et du bilan de leurs banques centrales.

Ajoutons que ce poids pourrait être encore réduit, si la communauté internationale acceptait de déverrouiller une augmentation significative de droits de tirage spéciaux au FMI au bénéfice de l’Afrique. Le DTS ne résolvent pas forcément les problèmes budgétaires. Mais ils ont en tous cas un impact immédiat sur les contraintes de balances de paiement, et ces dernières impactent directement les taux de change et l’inflation dont une évolution négative sera extraordinairement dommageable en termes de pauvreté.

La troisième raison est que cet effort est rentable. La croissance attendue pour l’Europe, même avec du rattrapage, ne pourra pas dépasser son potentiel de moyen terme, et ce dernier n’est sans doute pas supérieur à 2%. On peut attendre de la croissance africaine bien mieux. La croissance africaine moyenne, pays pétroliers et non pétroliers compris, peut-être de l’ordre de 4% si les prix des matières premières demeurent dépréciés. Elle peut s’apprécier notablement si ces derniers reviennent à de meilleurs niveaux, ce que certes personne ne peut prévoir, tant ils dépendent à la fois de l’état de l’économie mondiale, mais aussi des politiques de l’OPEP, des USA et des autres producteurs. Cette croissance percolera dans les importations adressées par l’Afrique au reste du monde (elles ont été particulièrement dynamiques ces dernières années), ce qui jouera un rôle contracyclique. En caricaturant quelque peu, on pourrait montrer que l’Europe, par exemple, a sans doute plus intérêt à investir dans la reprise africaine et des populations avides de consommer et d’investir et d’épargner, que dans sa propre reprise. L’argument a bien entendu ses limites et ses risques, mais ces derniers ne le réduisent pas à néant. Ceci est d’autant moins le cas que, comme il l’a déjà été indiqué, les bénéfices de ce soutien à une dépense publique de qualité en Afrique ne sont pas uniquement économiques. Ils tiennent aussi aux intérêts, particulièrement européens, en matière de sécurité et migration.

Une condition essentielle doit être mise à cette entreprise de refinancement des économies africaines. Elle doit se faire soit sur subventions, soit à des conditions d’endettement symétriques aux coûts d’endettement des pays industrialisés. Ces coûts sont très faibles actuellement, et le demeureront sans nul doute. Une des meilleures choses que les pays industrialisés puissent faire est de « passer » leurs conditions d’emprunt aux pays en développement les plus pauvres, avec en tête un argument économique (nous venons de le faire) mais aussi un argument moral : ce sont eux qui ont retransmis la pandémie à l’Afrique, c’est la Chine qui a dérobé les pangolins vecteurs de cette dernière au continent africain, même si ce dernier a joué son rôle dans cette exportation involontaire. Ils peuvent le faire bilatéralement, ou multilatéralement, en donnant les moyens aux grandes institutions financières comme la Banque Mondiale ou la Banque Africaine de Développement de déployer leurs moyens de manière dynamique.

 

Tout cela, le ferons-nous ?

Les premiers pas de réponse de la communauté internationale ont été mesurés. C’est donc l’anxiété qui demeure sur cette prise de conscience. Au niveau multilatéral comme au niveau bilatéral, beaucoup d’efforts ont été concentrés en un premier temps, de manière bien compréhensible et légitime, sur la dimension sanitaire de la situation. Il est certain que la capacité des pays africains à gérer la santé publique (masques, tests…) doit être renforcée, et que leur capacité de traitement des cas graves doit considérablement augmentée (lits de réanimation, respirateurs…), de même que leurs ressources humaines. Mais ceci ne représente qu’une face modeste et première de ce que doit être la réponse à la crise du coronavirus en territoire africain.

Même dans des scenarii sombres, comme nous l’avons évoqué, beaucoup plus de personnes tomberont malades et mourront du fait de l’effondrement de la croissance économique africaine que du coronavirus, surtout si les mesures de gestion de l’endémie sont efficaces. La réponse à la crise économique est essentielle pour réduire la vraie crise sanitaire, profonde et globale, qui risque de frapper le continent.

Les pays du G20 ont fait les premiers pas dans la bonne direction. Ils ont décidé en Avril 2020 un report d’échéances de la dette publique africaine. Ce geste doit être salué. Il ne fait toutefois qu’égratigner la surface du problème, tant en ce qui concerne les volumes concernés que l’impact macroéconomique de moyen terme. Cette dette reste due. Les institutions de financement du développement sont aussi dans l’expectative : doivent-elles, dans ce contexte, continuer à prêter ? Doivent elles embarquer un niveau de risque supérieur dans leurs bilans ? La réponse doit être aussi oui, sans hésitation, et, oui, les Etats ne doivent pas hésiter le cas échéant à garantir leurs banques de développement au cas où leurs bilans seraient affectés.

C’est donc à un renouveau de la période de l’ajustement structurel que nous nous devrions nous préparer, un ajustement structurel dont il faut espérer qu’il sera, quantitativement et qualitativement meilleur que celui qui s’est abattu sur l’Afrique dans les deux dernières décennies du siècle précédent.

 


Pour aller plus loin

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Comprendre les conséquences économiques du Coronavirus

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Dans un entretien du 6 février 2020, Jacky Mathonnat, professeur émérite, Cerdi-Université Clermont Auvergne et responsable du programme santé de la Ferdi, analyse les conséquences économiques du Coronavirus.

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Promouvoir l’éducation en Afrique : pour une nouvelle approche partenariale

Face aux nombreux défis de l’éducation en Afrique, une dynamique entrepreneuriale bouillonnante et porteuse de solutions innovantes est en train d’émerger. Les investisseurs d’impact, caractérisés par leur intention de générer…

Face aux nombreux défis de l’éducation en Afrique, une dynamique entrepreneuriale bouillonnante et porteuse de solutions innovantes est en train d’émerger. Les investisseurs d’impact, caractérisés par leur intention de générer un impact social et/ou environnemental positif, peuvent apporter un appui décisif à cette dynamique. Mais il apparaît nécessaire de développer des outils spécifiques et une véritable approche partenariale avec les autres parties prenantes du secteur afin de faire émerger une nouvelle génération d’écoles privées responsables et pleinement tournées vers les enjeux de développement du continent.

 

De l’éducation à l’emploi : de nombreux enjeux à relever en Afrique

Malgré d’immenses progrès réalisés depuis le début des années 2000, les systèmes éducatifs africains connaissent une situation critique et peinent à garantir un apprentissage et une insertion réussis aux jeunes africain.e.s. La scolarisation primaire atteint progressivement son objectif d’universalité en Afrique grâce à l’effort massif fourni par les gouvernements africains et leurs partenaires dans le cadre des Objectifs de Développement Durable, mais 34 millions d’enfants ne sont toujours pas sur les bancs de l’école primaire[i], notamment dans les pays fragiles ou en situation de conflit[ii]. De plus, de nombreuses évaluations nationales et internationales ont montré que les élèves africains, dans leur majorité, n’acquièrent pas les savoirs et compétences fondamentaux à l’issue de la scolarisation obligatoire[iii]. Les écoles sont confrontées à de nombreux déficits en ressources humaines, matérielles et pédagogiques et les effectifs toujours nombreux dans beaucoup d’écoles publiques génèrent plus de frustration que d’apprentissage[iv].

Alors qu’une minorité des effectifs accède à l’enseignement supérieur et à la formation professionnelle, ces formations sont bien souvent jugées trop théoriques et déconnectées des besoins des employeurs locaux ou internationaux[v]. Si les taux de chômage de jeunes en Afrique ne sont pas plus hauts que dans les autres régions du globe, les taux d’emploi informel et de travailleurs pauvres demeurent eux critiques et constituent un risque croissant de déstabilisation sociale et politique[vi].

 

L’essor du privé dans le secteur éducatif africain

Le secteur privé de l’éducation, dans toute sa diversité, apparait progressivement comme un acteur important pour faire face à ces enjeux. On estime aujourd’hui qu’environ un élève sur cinq en Afrique est scolarisé dans un établissement privé[vii]. Mais derrière ce chiffre se cache un secteur très varié, composé d’écoles confessionnelles, d’établissements lucratifs, de structures informelles ou bien d’écoles directement gérées par des acteurs philanthropiques.

Pourtant une dynamique semble commune à de nombreux pays africains : les opérateurs privés gagnent du terrain et accroissent l’offre de formation disponible dans la plupart des cycles éducatifs, dans des contextes institutionnels pourtant très différenciés.

Cette expansion progressive du secteur privé de l’éducation constitue à la fois une opportunité et un défi considérable pour tous les acteurs de la chaine éducative. Les États et leurs partenaires doivent notamment agir pour renforcer leur capacité de régulation de ces opérateurs privés et s’assurer qu’aucun établissement éducatif, qu’il soit public ou privé, ne puisse rompre la confiance nécessaire entre l’école, l’apprenant et la société.

Un incroyable dynamisme entrepreneurial tourné vers l’éducation émerge aux quatre coins du continent, soulevant autant de promesses que de nouveaux enjeux à affronter. Des solutions de e-learning aux plateformes de cours par SMS en passant par des séances de coaching pour enseignants, les entrepreneurs ne sont pas à court d’idées pour expérimenter de nouveaux modèles pédagogiques et pour s’affranchir des contraintes matérielles qui entravent depuis longtemps des systèmes éducatifs entiers. Dans cet essor de solutions prometteuses pour bâtir l’école africaine de demain, le rôle de la recherche et de l’évaluation d’impact sera majeur pour sélectionner les modèles les plus pertinents et capables de renforcer l’apprentissage puis l’insertion de tous les apprenants. Le rôle des technologies et de l’éducation par voie dématérialisée dans les systèmes éducatifs africains devient aussi un élément de débat incontournable pour toutes les parties prenantes du système éducatif (gouvernements, entrepreneurs, professeurs, parents d’élèves et apprenants).

Un incroyable dynamisme entrepreneurial tourné vers l’éducation émerge aux quatre coins du continent, soulevant autant de promesses que de nouveaux enjeux à affronter

Le dynamisme entrepreneurial n’est par ailleurs pas le seul fait des stars de l’ed-tech, bien au contraire. Des centaines d’entrepreneurs ingénieux font face à des défis logistiques et institutionnels complexes pour fournir aux écoles des manuels scolaires, du mobilier et des équipements tout aussi indispensables à l’apprentissage des élèves que des tablettes numériques dernier cri. Ainsi, au Niger, l’entreprise Éditions Afrique Lecture[viii] propose une offre d’anales de baccalauréat qui était jusqu’alors inexistante et qui s’avère fondamentale pour la réussite des élèves du secondaire. Dans ce type d’aventures entrepreneuriales, la relation stratégique avec les pouvoirs publics et les autres parties prenantes du système éducatif est au moins aussi importante que l’utilisation des technologies pour proposer des services véritablement utiles aux écoles et apprenants locaux.

 

Quel rôle pour les investisseurs d’impact ?

Les investisseurs d’impact doivent accompagner ce dynamisme entrepreneurial à tous les stades de maturité des projets, avec des attentes de rendement adaptés. Les études de marché du secteur éducatif africain montrent qu’aujourd’hui la plupart des investisseurs n’accompagnent que des écoles et universités déjà très bien structurées, et dans de nombreux cas, destinées à offrir des services éducatifs qu’aux classes les plus aisées de la population. Dans une moindre mesure, ces investisseurs ont aussi soutenu des projets éducatifs innovants et plus accessibles, mais contraints de grandir à une vitesse démesurée pour satisfaire leurs propres exigences de rentabilité. L’exemple bien connu de Bridge Academies[ix] en Afrique de l’Est a rappelé combien il était difficile pour un réseau d’écoles à bas prix de passer à l’échelle sans détériorer la qualité des enseignements… et les relations de l’enseigne avec les autorités publiques. En dehors de ces configurations, des pans entiers de la finance d’impact dédiée à l’éducation restent à bâtir, en particulier en Afrique francophone et lusophone. Les fonds d’impact doivent trouver les moyens de soutenir des projets moins matures, par exemple dans les cycles de l’enseignement technique et professionnel où l’État et ses partenaires restent en retrait. Il est ainsi impératif pour ces investisseurs de définir des instruments d’accompagnement ainsi que des exigences de rentabilité et d’impact qui soient adaptées à un secteur social au temps long et devant intégrer tous les groupes sociaux, notamment les jeunes femmes et les apprenants les plus vulnérables.

Des pans entiers de la finance d’impact dédiée à l’éducation restent à bâtir, en particulier en Afrique francophone et lusophone

Afin de soutenir l’émergence d’offre éducatives accessibles et de qualité, les investisseurs devront faire preuve d’ingéniosité pour bâtir des partenariats inédits avec d’autres parties prenantes du secteur. Des partenariats avec des fondations et autres bailleurs philanthropiques permettront aux investisseurs d’impact d’élargir l’accès aux établissements de leur portefeuille aux jeunes issus de milieux défavorisés. Des dispositifs de bourses ou de prêts étudiant financés par ces fondations pourraient démocratiser l’accès à des établissements privés de qualité dont les engagements en matière d’impact seront garantis par la présence au capital d’un investisseur éthique. De plus, ces associations entre équipes d’investissement d’impact et acteurs philanthropiques pourraient viser à soutenir des jeunes pousses et autres projets peu matures. L’exemple pionnier de l’Education Impact Fund en Côte d’Ivoire[x], fruit d’un partenariat entre la Fondation Jacobs et le fonds d’impact Comoé Capital, est à ce titre un parfait exemple. Ce programme a bénéficié à 6 jeunes pousses particulièrement prometteuses du secteur éducatif ivoirien parmi lesquelles on trouve un centre de formation des métiers de l’hôtellerie[xi] en pleine cœur du quartier populaire de Yopougon ou la start-up Etudesk[xii], récemment sélectionnée parmi les 10 Ed-Tech les plus en vue sur le continent[xiii]. Le succès de ce programme d’investissement repose d’une part sur l’utilisation ciblée d’un capital risque fourni par un bailleur philanthropique et d’autre part sur une équipe d’investissement particulièrement engagée au côté des entrepreneurs. Mais bien d’autres schémas d’intervention sont imaginables. Des partenariats avec des institutions de recherche seraient aussi pertinents pour mesurer et évaluer les effets de long terme en matière d’apprentissage et d’insertion des modèles soutenus par les investisseurs. Ainsi, l’essor d’instruments de financement mixtes[xiv] au service de l’éducation sera clé pour apporter des solutions d’accompagnement adaptées à l’émergence d’opérateurs privés responsables et engagés.

 

En conclusion

Pour répondre aux enjeux de qualité, d’accès et de pertinence de l’éducation en Afrique, les investisseurs d’impact devront concevoir et mobiliser des stratégies et des modes d’interventions innovants et adaptés aux réalités d’un secteur social en crise et d’un écosystème entrepreneurial bouillonnant. Du soutien actif des organisations bilatérales et multilatérales de développement dépendra la crédibilité et la viabilité de ces nouveaux modèles de financement mixte et de partenariats inédits. Par leur gouvernance et leurs pratiques, les fonds d’impact ne pourront s’affranchir d’un dialogue continu avec les autorités publiques sectorielles pour s’assurer de leur bonne insertion dans les écosystèmes éducatifs locaux. Associées à des acteurs philanthropiques experts du secteur, ces nouvelles initiatives devront soutenir les écoles et les activités auxiliaires au sein des cycles et des filières de formation prioritaires pour le développement local. C’est avec cet esprit d’innovation, de coopération et de partenariat que les investisseurs d’impact se donneront les moyens de contribuer de façon pertinente aux enjeux de l’éducation en Afrique.

 

Pour aller plus loin…

La FERDI a publié en septembre 2019 l’étude “Promouvoir l’éducation en Afrique : défis et opportunités pour l’investisseur d’impact'”, conduite par Tom Dilly, chargé de projet éducation chez I&P, et Francesca Marchetta, Professeure au CERDI. L’étude présente notamment une cartographie des investisseurs privés dans l’éducation, une revue de littérature approfondie mettant en évidence les pratiques à fort impact, ainsi qu’une nouvelle typologie des acteurs privés opérant dans le secteur éducatif.

Cliquez ici pour télécharger l’étude

 

 

 


Références

[i] Voir les données complètes de l’UNESCO (2018):  http://uis.unesco.org/sites/default/files/documents/fs48-one-five-children-adolescents-youth-out-school-2018-en.pdf

[ii] Voir la page 10 (figure 6) du document cite précédemment: la plupart des pays durement touchés par la non-scolarisation des enfants à l’école primaire sont situés au Sahel ou en Afrique Centrale.

[iii] Le rapport mondial sur le développement 2018  publié par la Banque Mondiale analyse en profondeur cette crise de l’apprentissage: http://www.worldbank.org/en/publication/wdr2018

En Afrique francophone, les performances des élèves au début et à la fin du cycle primaire sont évaluées par le PASEC tous les 3-5 ans environ. http://www.pasec.confemen.org/

[iv] De nombreux rapports ont mis en exergue ces déficits de matériel et d’équipement dans les écoles, ainsi que la taille des classes pouvant atteindre en moyenne 50 enfants au Burkina ou Mali et jusqu’à 90 au Malawi et en Centrafrique. http://uis.unesco.org/sites/default/files/school-resources-and-learning-environment-in-africa-2016-en/school-resources-and-learning-environment-in-africa-2016-en.pdf

[v] Sur l’enjeu de la pertinence de l’éducation et de l’adéquation nécessaire entre formations et emploi, voir le rapport de la Banque Mondiale (2014) : http://www.worldbank.org/en/programs/africa-regional-studies/publication/youth-employment-in-sub-saharan-africa Ce phénomène se traduit parfois aussi par un taux de chômage plus élevé des élèves diplômés que des non diplômés dans plusieurs africains, montrant qu’avec formations diplômantes sont peu adaptées au marché du travail, les étudiants sortant ont du mal à se faire embaucher dans des postes qualifiés.

[vi] Le taux moyen de chômage des jeunes en Afrique Sub-Saharienne est de 6%, la moyenne mondiale étant de 5%. Mais ce taux cache des réalités bien plus précaires, avec des taux d’auto-emploi qui peuvent atteindre 70% en RDC ou au Ghana, et le taux de travailleurs pauvres pourrait atteindre 80% selon le BIT. https://www.un.org/africarenewal/magazine/may-2013/africa%E2%80%99s-youth-%E2%80%9Cticking-time-bomb%E2%80%9D-or-opportunity

[vii] Ce chiffre est calculé par l’équipe du Rapport “Business of Education in Africa” (2017)  https://edafricareport.caeruscapital.co/thebusinessofeducationinafrica.pdf

[viii] http://afriquelecture.com/index.html

[ix] Voir notamment l’article de RFI (2018) à a ce sujet: http://www.rfi.fr/afrique/20180301-ecole-privees-bas-prix-bridge-international-academies-lettre-fermeture-ong

[x] Voir le site du partenariat : http://www.edimpactfund.com/ mais aussi l’annonce des premiers investissements en 2018 : http://www.ietp.com/fr/content/investissement-editions-vallesse . Le portefeuille complet des six investissements sera publié prochainement.

[xi] https://www.facebook.com/roijuvenal/

[xii] https://www.etudesk.com/

[xiii] Voir les startups sélectionnées à la célèbre conférence sur l’éducation globale de Dubai (22 au 24 mars 2019) https://www.forbes.com/sites/mfonobongnsehe/2019/02/25/meet-the-10-african-startups-competing-for-the-next-billion-edtech-prize-in-dubai/#46d350f03e1b

[xiv] ou aussi appelés blended finance et qui font référence à l’utilisation de « capitaux catalytiques » provenant de sources publiques ou philanthropiques pour accroître l’investissement du secteur privé dans les pays en développement ». https://www.convergence.finance/blended-finance

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Matthieu Lougarre “Plus que la vanilline synthétique, c’est la législation sur l’étiquetage des produits qui est problématique”

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ENTRETIEN. Matthieu Lougarre, Directeur général d’Agri Resources Madagascar croit en l’avenir de la vanille et en sa région d’origine, la SAVA. A condition que la qualité de la vanille malgache soit reconnue et protégée.

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